TOUT EST DIT

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vendredi 21 janvier 2011

Visite à Gennevilliers

Les journaux suivent leurs lecteurs dans le métro : après Hachette à Levallois et Bayard à Montrouge, Prisma s'installe à Gennevilliers. Rue Henri-Barbusse, anciennement rue du Moulin-de-la-Tour, où se trouvait jusqu'en 1958 la SPA (Société protectrice des animaux), au numéro 124. L'immeuble est noir, bien qu'il soit neuf. On dirait la Conciergerie avant Malraux, moins les mâchicoulis. A l'accueil, une ravissante jeune femme. Noire, elle aussi. Je monte visiter les nouveaux locaux de VSD. Salue Philippe Bourbeillon, le rédacteur en chef de l'hebdomadaire. On a eu la même petite amie à la fin des années 80. L'un après l'autre, je précise. C'était une de ces brunes torrides dont on se souvient avec un mélange doucereux de nostalgie et de soulagement. Vue, du bureau de Philippe, sur des terrains vagues. Etait-ce l'emplacement des ateliers Chenard et Walcker où, au début du siècle, on fabriquait des cycles, des motocycles, des tricycles, des quadricycles, des voiturettes et des moteurs ? La ville entière vibre des usines disparues. C'est un bruit de fond de l'histoire industrielle.

Gennevilliers est une presqu'île, comme Ré. Ou Sveti Stefan (Monténégro). La Seine lui passe un bras autour du cou. Il arrive qu'elle serre : l'inondation de 1910. Mille maisons touchées, 150 évacuées, 13 écroulées. Il y a un port où il y a un restaurant : Le Van Gogh. Regardé le menu : pas de pommes de terre au lard. Dommage. Van Gogh peignit à Gennevilliers, comme Cézanne, Monet, Morisot, Renoir, Sisley. LaSeine leur avait fait bon impressionnisme.

La première du " Mariage de Figaro " eut lieu au château de Gennevilliers. La banlieue rouge commença par être talon rouge. Tous ces hôtels particuliers du XVIIIe siècle devenus mairies communistes. La dernière reine Margot à avoir habité Gennevilliers est Isabelle Adjani. Autres Gennevillois célèbres : Roschdy Zem, Ramzy Bédia (d'Ericet Ramzy), Pierre Perret, Fernand Raynaud. Précisions destinées à situer la ville dans l'esprit des journalistes de Voici. On peut voir Gennevilliers,notamment le quartier du Luth, dans le film de Mehdi Charef " Le thé au harem d'Archimède "(l'un des meilleurs titres que je connaisse), produit en 1985 par Costa Gavras et son épouse Michèle Ray.

En face de l'immeuble Prisma, un restaurant japonais s'est ouvert, mais Patrick Talhouarn et moi, on a préféré prendre le métro jusqu'à la place de Clichy pour déjeuner au Wepler. Ce n'était pas une journée à poisson cru. Dans le menu de la brasserie, il y a une page consacrée à la dernière lauréate du prix Wepler : Linda Lê (" Cronos ", chez Bourgois). J'ai demandé au serveur comment elle était, s'il me la conseillait. Ça ne l'a pas fait rire. Ou alors il s'est caché. Il ressemblait au comédien belge décédé Ronny Coutteure. Depuis combien de temps n'avais-je pas mangé une choucroute en buvant de la bière ? A deux heures et quart, presque tous les clients étaient retournés au bureau. C'est à cela qu'on reconnaît un quartier où les gens ne travaillent pas dans la presse.

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