TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 1 mars 2011

Le président candidat

Quand le président de la République sortant est candidat à sa réélection, quelque chose change forcément dans la conduite de l’exécutif. Sans l’affaire Alliot-Marie et sans les révolutions arabes, cela se serait produit après les élections cantonales, mais Nicolas Sarkozy a dû accélérer en raison des conséquences désastreuses de la paralysie de notre politique étrangère et de l’absence de la voix de la France.

A partir de maintenant, le dispositif politique sera dual, avec d’un côté la préparation de la campagne électorale et de l’autre la politique gouvernementale.

– Côté Elysée, Nicolas Sarkozy prépare ses thèmes de bataille et ses arguments électoraux, car sa campagne de premier tour sera celle d’un président réformateur qui proposera un nouveau train de réformes pour moderniser le pays, et d’un président protecteur des Français face aux menaces extérieures et aux conséquences de la crise sur les plus fragiles.

– Côté gouvernement, il compte sur son quatuor de poids lourds pour faire avancer les choses sans avoir à traîner de nouveaux boulets. François Fillon, un peu égratigné, a perdu son statut de super-Premier ministre, Alain Juppé bénéficie de sa stature et de son indépendance d’esprit, Gérard Longuet connaît parfaitement son job et Claude Guéant connaît son terrain comme sa poche. Nicolas Sarkozy peut compter sur la loyauté des quatre pour rassurer sa majorité, mais en contrepartie il devra laisser à cette « dream team » une certaine autonomie d’action, car il n’est plus, comme en 2007, l’« hyperprésident ».

Libye – Kadhafi : « Mon peuple m'adore »

Mouammar Kadhafi est à présent isolé à l'intérieur et à l'extérieur de la Libye, pris dans l'étau des territoires acquis à l'opposition et des pressions internationales, notamment américaines.
 Kadhafi encerclé. Le « Frère guide » est désormais retranché à Tripoli, mardi. Tel un puzzle recomposé, la carte libyenne se recompose au gré des villes contrôlées par l'opposition. Opposants qui, malgré les raids aériens des forces loyales sur les dépôts de munitions, prépareraient une marche pour « libérer Tripoli ». Dans les villes « libérées », les contestataires ont mis en place des « comités révolutionnaires » pour gérer la transition. Le colonel Kadhafi, lui, semblait ignorer la pression de la rue. « Mon peuple m'adore. Il mourrait pour me protéger », a t-il déclaré lundi dans une intervew à la BBC. Et le leader d'accuser l'Occident de l'avoir abandonné dans la lutte contre le terrorisme : « Je suis surpris, alors que nous sommes alliés à l'Occident pour combattre al-Qaida, qu'il nous abandonne maintenant que nous combattons les terroristes ».
Sur YouTube, une vidéo israélienne de Mouammar Kadhafi fait un tabac. Sur une musique d'un chanteur d'origine tunisienne et célèbre en Israël, le dirigeant libyen y est présenté s'agitant à côté d'une danseuse très peu vêtue sur des images d'un de ses discours enflammés de la semaine passée.
Ce spot est israélien. Il détourne des images de Mouammar Kadhafi en plein discours véhément la semaine dernière, alors qu'il était confronté à une rébellion sans précédent en Libye. Intitulée Zenga, Zenga, la parodie reprend les mots du colonel lorsqu'il a menacé de purger son pays « allée par allée ». Lundi, le clip était déjà à presqu'un million de vues sur YouTube. Une version sans la danseuse a également été proposée, mais celle-ci plaît beaucoup moins aux internautes bizarrement!

L'auteur de ce nouveau buzz, un musicien israélien d'origine tunisienne, a déclaré avoir reçu « énormément de soutien de gens du monde arabe qui ignoraient (son) identité et (qui lui) ont affirmé que ce mixage était devenu une sorte d'hymne de ralliement des contestaires ». Noy Aloshe et son groupe Hovevei Tzion est, en effet, déjà célèbre en Israël, notamment pour son tube très parlant : Rotsé Banot, (Je veux des filles).
Les manifestants libyens danseront-ils sur son clip dans les rues de Tripoli lorsque Kadhafi tombera ? C'est ce que lui aurait en tous cas affirmé un internaute.

Par le fond


On pourrait décider de laisser tomber, ne pas être otage de toutes les vulgarités. Mais quand un électeur sur cinq regarde vers ça, a-t-on le choix? Donc Marine Le Pen veut envoyer la flotte repousser les migrants clandestins hors de nos eaux territoriales. Elle l’a dit au Salon de l’agriculture, avec l’aplomb qui accompagne chacune de ses agressions. La Tunisie s’ébroue, la Libye brûle, des Africains ont faim, ils nous menacent! Gare à l’envahisseur loqueteux, qu’on l’arraisonne, qu’on l’envoie par le fond!
Au-delà du ridicule, ce sont des mots politiques et ils font sens. L’extrême droite a une histoire de traîtrise et de veulerie. Capitularde en 1940, sabordant la Royale en 1942 faute de l’avoir laissée combattre, putschiste en 1961, flattant Saddam Hussein en 1990… Mais revendiquant les valeurs militaires et navales pour couler ces Arabes ou ces Africains crève-la-misère, dont ne voulons pas. Il y a trente ans, Michel Rocard avait fait rire en proposant d’envoyer la flotte repêcher, dans la Baltique, les Polonais qui fuiraient le coup d’Etat de Jaruzeslki. Au moins Rocard avait la naïveté généreuse, quand Marine Le Pen invite au cynisme des brutes.


C’est un sentiment qui monte, ces temps-ci, sondage après sondage. Le FN n’invente rien et sa patronne manque d’imagination, se contentant de libérer le pire. L’héritière Le Pen abolit la décence et érode les scrupules. Elle transmute la laïcité en invite au racisme, malaxe la peur des autres, le dégoût de l’islam, et désormais l’illusion minable d’échapper aux brûlures du monde. Au moins nous sort-elle de l’hypocrisie : tout cela est en nous, dans nos conforts et nos oublis. La bataille navale lepéniste fait écho aux glapissements de l’Italie sur les migrants qui la submergent ; elle rappelle que la brute Kadhafi était le garde-chiourme de l’Europe, auxiliaire stipendié de la lutte contre l’immigration…


Cela existe. Notre logique. Le FN n’est pas hors la vie. On parle ces jours-ci d’un responsable CGT de Moselle suspendu par sa centrale pour cause de militantisme au FN. Le jeune homme, passé du NPA de Besancenot au frontisme au prétexte de la laïcité, intente un procès et se targue du soutien de sa base. Dans le même temps, les ultralibéraux de l’UMP font d’Eric Zemmour, condamné pour incitation à la discrimination, un parangon de la liberté d’expression, et la vedette d’un colloque, caractères gras sur l’invitation, vu à la télé… Zemmour fait de son verbe un pont entre l’UMP et le FN; il est politique et populaire, soutenu et suivi mais moins pour son intelligence que pour ses démagogies. Le fronto-cégétiste Fabien Engelmann n’est qu’un fils du peuple dévoyé parmi tant d’autres, et on imagine le désarroi de la CGT sur ce que révèle ce méchant camarade… Rien n’est idéal, ni l’épuration politique dans un syndicat, ni les procès qu’on intente aux journalistes. Mais il faut bien rappeler les principes, et qu’une vilenie reste, même amplement partagée ; et si les paroles sont libres, toutes ne se valent pas.

Elle explore le plaisir féminin

Échographies du clitoris, cartographie du point G.,... Odile Buisson, gynécologue, veut dévoiler les mécanismes de l'orgasme. Et plaide pour une véritable médecine sexuelle féminine. 

On ne naît pas femme libérée, on le devient. Ou comment la quinquagénaire décomplexée qui dévoile les mystères de la sexualité féminine en appelant une "chatte" une "chatte" venge l’ex-gamine mal dans sa peau. "Dans mon milieu populaire, les filles valaient moins que les garçons. Ce n’est pas idéal pour l’estime de soi mais ça incite à se battre. En médecine, j’ai choisi la gynécologie parce que je n’étais pas à l’aise avec la féminité, la séduction. J’ai voulu aller voir ce qui me terrorisait."
Médecin depuis trente ans, Odile Buisson a réalisé en 2009 les premières échographies du clitoris et montré que le "bouton est en fait un vaste organe constitué d’une double arche, dont le sommet enserre le vagin". L’année suivante, nouvelle prouesse publiée dans la revue de référence de sa discipline : elle échographie un couple (des copains soignants) en plein coït. "La pénétration et les mouvements de va-et-vient stimulent le clitoris interne. Quand les femmes assurent avoir des sensations particulières sur la partie antérieure du vagin, qu’on appelle le point G, elles ne rêvent pas."

"La recherche est tellement androcentrée"

Ces jours-ci, Odile Buisson délaisse ses explorations anatomiques pour faire la promotion de son essai, Qui a peur du point G? Le plaisir féminin, une angoisse masculine (Ed. Jean-Claude Gawsewitch). Au cœur de cet ouvrage, un triste constat: "Contrairement aux Etats-Unis, à la Grande-Bretagne ou à l’Italie, la médecine sexuelle féminine n’existe pas en France." L’auteure, elle-même, s’est ouverte à la discipline sur le tard et par hasard. Dans son cabinet, en région parisienne, la gynécologue obstétricienne pratique des examens de routine: échographies fœtales et gynécologiques. "Je voyais des utérus, des ovaires, mais je ne faisais pas attention aux clitoris. J’étais victime d’une sorte d’excision psychique." Jusqu’au jour où l’urologue Pierre Foldès, pionnier de la chirurgie réparatrice des mutilations sexuelles, coauteur des publications scientifiques d’Odile Buisson et de son livre, lui suggère de se lancer dans l’échographie du clitoris. Un tandem professionnel d’explorateurs en marge de l’institution est né. "On passe pour des révolutionnaires alors qu’on essaie de comprendre le plaisir féminin! La recherche est tellement androcentrée…", se désole Pierre Foldès.
La récente controverse sur l’existence du point G, niée par une étude britannique, a déclenché l’écriture du bouquin. « J’ai réalisé qu’il était urgent de batailler pour que le plaisir féminin soit considéré comme un objet de recherche." Odile Buisson relate les moqueries de certains de ses collègues qui doutent de l’utilité de son travail. "Arrête avec ton point gogo, s’est-elle entendu dire récemment. Je peux te donner un orgasme en mettant ma langue dans ton oreille!" L’orgasme féminin, ultime tabou? "La sexualité est lestée de tous les préjugés et ce n’est pas un champ médical très exploré. Mais on connaît mieux les mécanismes de l’érection que celui de la jouissance féminine parce qu’on s’y intéresse plus", confirme Emmanuele Jannini, chercheur italien renommé. L’urologue lillois Jacques Buvat, président de la Société francophone de médecine sexuelle, rappelle que la discipline a longtemps été considérée comme "une médecine de rigolos": "L’arrivée du Viagra a stimulé la recherche. Le retard féminin s’explique aussi par le fait que les problèmes d’érection sont liés à la fonction de reproduction alors que les dysfonctions féminines ne l’affectent pas."

"Un enjeu de santé publique"

Tout au long du livre, Odile Buisson plaide pour que la sexualité humaine soit envisagée dans sa globalité, au sein d’unités hospitalières et de recherche mixtes: "Il faut que les médecins (gynécos, urologues, neurologues, psychiatres) et les sexologues (plus souvent psychologues que médecins) travaillent main dans la main." D’abord sceptique sur l’existence du point G, le professeur de gynécologie Israël Nisand confesse aujourd’hui son ignorance de l’anatomie et du plaisir féminins, ce "continent noir de la médecine". Le praticien féministe, qui a œuvré pour la reconnaissance du déni de grossesse et fait de l’éducation sexuelle auprès des lycéens, voit dans le développement de la médecine sexuelle féminine "un enjeu de santé publique": "En étudiant la fonction du clitoris pendant l’orgasme, on pourrait mieux comprendre la dysfonction orgastique qui ruine la vie de nombreux couples et de nombreuses femmes."
Des femmes déprimées quand leur libido flanche à l’âge de la ménopause, Odile Buisson en croise chaque semaine en consultation. Elle leur donne quelques conseils de médecin féministe pour booster leur ego en rêvant du jour où une petite pilule rose les aidera à traverser un cap parfois difficile. "Le Viagra féminin, ce n’est pas forcément le Graal. Mais il n’y a pas de raison a priori d’en priver les femmes."

Rocard soulagé par la sortie d'Hortefeux du gouvernement

Sur le plateau de l'émission Ça vous regarde sur LCP, en partenariat avec leJDD.fr, l'ancien Premier ministre Michel Rocard s'en est pris à Brice Hortefeux, qui avait, selon lui, "l'insulte facile". Pour le socialiste, le départ de l'ex-ministre de l'Intérieur est l'élément le plus "important" du remaniement. 

 La critique est acerbe. Lundi soir, le socialiste Michel Rocard a taclé l'ancien ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, estimant que son départ du gouvernement était sans aucun doute la meilleure nouvelle du remaniement du week-end. Et ce, au nom de "la dignité collective du gouvernement". L'ancien Premier ministre – de 1988 à 1991 sous la présidence de François Mitterrand – a en effet pointé du doigt l'attitude de "l'ami" de Nicolas Sarkozy, qui va devenir conseiller politique du chef de l'Etat en vue de 2012. "Nous avions quand même au gouvernement un ministre qui avait l'insulte facile, qui venait d'être condamné pour diffamation par un tribunal (…) et qui accumulait des bourdes racistes à mettre la France dans une atmosphère de guerre civile permanente. Insupportable!", s'est insurgé Michel Rocard.
Sur le plateau de l'émission Ça vous regarde sur LCP, présentée par Arnaud Ardoin en partenariat avec leJDD.fr, l'ancien Premier ministre s'est donc félicité de l'arrivée de Claude Guéant place Beauvau. "Un choix correct" au moins sur la forme. "Claude Guéant fera une politique probablement pas très différente sur le fond, mais le vocabulaire ça compte", a poursuivi Michel Rocard. Avant d'ajouter: "C'est par le vocabulaire que l'on insulte", faisant référence à la communauté d'origine musulmane vivant en France "qui n'aspire qu'à vivre tranquillement". Pour le socialiste, ce qui se passait jusqu'à présent sur le plan du discours public était "parfaitement injustifié".

Recherche Premier ministre

Tétanisé. François Fillon a bâti sa carrière sur une prudence poussée à l’extrême dans ses comportements personnels. Le voilà pris à revers par d’imprudentes vacances égyptiennes dues à un ex-allié devenu compromettant. Rien à voir avec les imprudences –et les impudences– qui vont coûter son poste à l’inoxydable Michèle Alliot-Marie. Mais, pour le moins, un manque de flair.
Depuis, silence absolu : aucune grande interview, pas d’émission de télévision. Pourtant, la baisse du chômage, les pistes de réforme fiscale, les dérives du débat sur la laïcité ou les piques de Dominique Strauss-Kahn justifient une parole éclairée. Même en Sarkozie, le Premier ministre ne peut se cantonner aux arbitrages feutrés ou aux compagnonnages parlementaires. A fortiori quand un ancien Premier ministre devient, par sa liberté de ton, un Premier ministre bis. On n’existe qu’en s’exposant.


Comment Palomares a survécu à la bombe

Victime de la chute accidentelle d'un engin atomique américain en 1966, la commune tente de tourner la page et de redevenir fréquentable en ouvrant un musée. Reste une question : que faire de la terre irradiée ? 

S’il est une chose qui fait consensus à Palomares (province d’Almería), c’est la lassitude. Après plus de 45 ans à porter le fardeau des bombes thermonucléaires [bombe H, à hydrogène] américaines tombées sur leur commune, les habitants en ont assez des politiques (exception faite de leurs édiles locaux) et de leurs promesses. Ils n’en peuvent plus des techniciens qui aujourd’hui seulement commencent à sortir de leur obscurantisme.
ls fuient aussi la presse, à cause de l’image terrible qu’elle a donnée de leur ville. Quant à la délégation américaine venue en visite le 21 février pour mesurer l’innocuité de la zone, ils ne lui ont demandé qu’une chose : qu’elle emporte une fois pour toutes la terre contaminée. Rien d’autre ne les intéresse. Quand ce sera fait, la municipalité entend construire un parc à thème sur l’histoire des technologies, de l’âge de bronze à l’ère atomique.

Une bombe lâchée lors d'une collision entre deux avions

"Palomares est stigmatisée, socialement et économiquement", déplorait le maire du village, Juan José Pérez, lors de la présentation du projet de Parc des civilisations et des technologies méditerranéennes. Le complexe, entre musée et parc de loisirs, s’élèvera à l’endroit où, le 17 janvier 1966, est tombée l’une des quatre bombes lâchées lors de la collision en plein vol, dans le ciel de Palomares, entre un énorme bombardier B-52 et un ravitailleur sur le point de l’approvisionner en combustible.
Bordés par des champs au nord et au sud, un lotissement à l’ouest et le cimetière du village à l’est, ces quelque 40 hectares entourés de clôtures sont fermés au public, comme le signalent plusieurs panneaux du Centre de recherches sur l’énergie, l’environnement et la technologie (Ciemat). "En dehors de la zone, le compteur Geiger ne signale aucune radiation, explique Igor Parra, représentant local de l’organisation Ecologistas en Acción. A l’intérieur en revanche, il crachote à certains endroits," poursuit-il, accompagné du maire de Palomares et du paléontologue Eudald Carbonell, lauréat du prix Prince des Asturies [Príncipe de Asturias] pour la recherche.
Ce dernier, co-directeur de la fondation Atapuerca [du nom de l’important site préhistorique de la province de Burgos], pourrait être le premier président du parc à venir. "Le projet n’en est encore qu’au stade de l’idée, précise-t-il. Je suis spécialiste des technologies préhistoriques, mais l’évolution des civilisations à travers les technologies m’intéresse beaucoup."

Une réputation tombée plus bas que terre

La région de Palomares se trouve au beau milieu du territoire de la culture d’El Argar qui était, il y a 4 000 ans, la civilisation urbaine la plus avancée d’Europe. La période couverte par le parc commencerait avec cette civilisation, pour aller jusqu’à l’ère nucléaire. Le hic, c’est qu’avant de construire quoi que ce soit, il faut décontaminer. Les Américains souhaitent dépolluer la terre, et les Espagnols qu’ils les en débarrassent. "L’évacuation des matériaux est de la responsabilité du gouvernement des Etats-Unis, mais aussi de l’Espagne", estime Eudald Carbonell, pour qui c’est là le seul moyen de compenser les dommages infligés à ce territoire. Une alternative est à l’étude : soit la dépollution sur place, avec l’important déploiement logistique que cela implique, soit l’envoi de la terre aux Etats-Unis pour décontamination.
"La venue de la délégation est une bonne nouvelle, mais les Américains vont-ils bien emporter tout ce qu’ils doivent emporter ?, s’interroge Igor Parra. L'heure des réparations a sonné." Après la chute des quatre bombes, les Américains n’avaient emporté qu’"un sixième du problème, environ 1 500 mètres cubes de terre", précise le militant écologiste résident de la commune; aujourd’hui, c’est plus de 6 000 mètres cubes qui doivent être transportés. "La solution pour Palomares n’est pas une question de budget, c’est un exercice de justice historique, et cela n’a pas de prix", insiste-t-il.
Chez les villageois, la méfiance règne. Dans un bar, plusieurs habitants regardent au journal télévisé un reportage sur la construction du parc et la visite de la délégation américaine. "Qu’ils viennent donc chercher cette terre, elle a fait suffisamment de mal", s’agace Andrés, le fils du propriétaire de la cafétéria 102 Tapas. Le mal dont il parle, ce n’est pas l’irradiation au plutonium. Non, Andrés parle de la réputation de la région, tombée plus bas que terre. "Je suis d’ici, comme toute ma famille, et nous sommes tous en bonne santé. Mes grands-parents sont morts à 90 ans, de vieillesse", raconte-t-il. Ce sont les anciens qui sont le plus excédés. Le maire Juan José Pérez l’avait dit, le matin : "On a les médias ici tous les jours, venus de tous les pays. Les habitants en ont ras-le-bol."

Irlande et Grèce, destins parallèles

Révolution par les urnes à Dublin, grèves à Athènes : les deux pays les plus fragiles en Europe réagissent différemment aux mesures drastiques prises dans le cadre des plans de sauvetage. Mais leur avenir est lié s'ils veulent trouver une issue à la crise et avoir une influence dans la zone euro, écrit un économiste. 

La semaine dernière, les citoyens grecs et irlandais, dont les pays sont les premières victimes de la crise de la dette publique qui agite la zone euro depuis maintenant un an, ont exprimé leur frustration de deux manières très différentes.
Tandis que les électeurs irlandais votaient à Dublin, Cork et Limerick, les citoyens grecs épanchaient leur colère à Athènes, Thessalonique et Patras, dans le cadre d'un mouvement social d'une semaine dont le point d'orgue a été une grève générale de 24 heures mercredi [23 février]. Tandis que les gens exerçaient leur droit de vote dans un pays, les citoyens exerçaient leur droit de manifester dans un autre.
À Dublin, un nouveau gouvernement s'apprête à prendre ses fonctions. Les résultats des élections législatives de vendredi n'auraient pas pu être plus tranchés. Plus de 70% du corps électoral a voté et le résultat de ce vote a été l'éviction de la coalition en place. C'est la première défaite d'un gouvernement de la zone euro depuis le début de la crise de la dette publique. Ce changement de pouvoir au Dáil, le parlement de Dublin, est un bouleversement comme la politique irlandaise n'en avait pas connu depuis 1932. Ce n'est rien moins qu'une révolution par les urnes.

Des populations dans des rouages économiques qui les dépassent

En Grèce, en revanche, la plupart des citoyens ont vaqué à leurs occupations, essayant de rejoindre leur lieu de travail malgré les perturbations provoquées par les nombreuses grèves qui ont frappé les services publics et les transports.
Ces derniers mois, le nombre de participants aux manifestations n'a cessé de reculer dans les rues d'Athènes. En revanche, on observe toujours les mêmes violences, perpétrées par une minorité qui cherche à détourner ces grands rassemblements.
En Grèce comme en Irlande, les manifestations traduisent chez la plupart des citoyens l'exaspération liée aux importantes coupes dans les salaires, les allocations et les retraites – en particulier dans le secteur public.
Cette colère légitime se base sur deux sentiments auxquels le gouvernement de Georges Papandréou à Athènes et la nouvelle coalition à Dublin sont confrontés. Dans les deux pays, une grande partie de la population a l'impression grandissante d'être prise dans les rouages de forces économiques et financières qui la dépasse.
Aucun des deux pays ne veut donner l'impression d'attendre sans bouger les ordres de l'Union européenne et du FMI. Dans ces circonstances, il ne faudrait pas sous-estimer la culture de résistance au changement, bien vivace dans les deux pays.
En Grèce, la libéralisation par le biais de réformes législatives des "métiers protégés" (qui comprennent une myriade de professions, dont les pharmaciens, les routiers et les avocats) rencontre toujours une forte opposition, y compris de la part de députés de toutes tendances politiques, parmi lesquels de nombreux avocats, notaires et autres représentants de ces professions libérales.

Deux pays, un même cheval de bataille

En Irlande, la seule question qui mette d'accord les membres du gouvernement sortant et les partis d'opposition victorieux est la défense du taux d'imposition des sociétés, favorable aux entreprises. La grande coalition de Dublin luttera "bec et ongles" pour préserver le taux de 12,5%, sans négociation possible, face aux vautours de Berlin, Paris et Bruxelles, qui aimeraient un relèvement de cet impôt inférieur de moitié à la moyenne de l'Union européenne.
Dans le cas de la Grèce, la résistance au changement et l'édulcoration des tentatives législatives de libéralisation des "métiers protégés" sont des moyens de soustraire ces secteurs à la concurrence, d'empêcher l'innovation de gagner du terrain et de préserver les intérêts particuliers de minorités organisées.
En revanche, aussi controversé soit-il aux yeux des autres pays européens, le régime d'imposition des sociétés irlandais a permis au, cours de la dernière décennie, d'attirer les investissements d'entreprises telles que Google, Microsoft, Dell, le groupe pharmaceutique Pfizer et des sociétés du secteur financier venues d'aussi loin que Hong Kong.
Les deux pays tentent désormais de relever les défis titanesques que sont la relance de la consommation et la mise en œuvre de mesures d'austérité en axant la reprise économique sur les exportations.
Dans ce contexte, il n'est pas forcément indispensable pour l'Irlande de sauver son taux actuel d'imposition des entreprises. La controverse déclenchée par ses concurrents au sein de l'UE a révélé que ce n'est pas le taux irlandais qui pose problème, mais plutôt l'absence d'assiette fiscale commune et convergente sur le continent européen. En réalité, le débat sur le taux irlandais a fourni l'occasion de discuter plus largement du type de régime fiscal que souhaitent à l'avenir l'UE à 27 et les 17 membres de la zone euro.
Le gouvernement Papandreou à Athènes et le gouvernement de coalition élu à Dublin vont devoir se battre pour faire accepter des programmes d'austérité sévères. Ils doivent également veiller à leur légitimité à long terme, alors même que ces mesures sont perçues comme injustes par une bonne partie de l'opinion en Irlande comme en Grèce.

L'aide financière de l'UE : une pomme de discorde majeure

Mais l'Irlande a peut-être aujourd'hui un avantage qui sera surveillé de près par la Grèce. Lorsque le nouveau gouvernement prendra ses fonctions et tentera de renégocier les modalités du plan de sauvetage de l'UE et du FMI, il découvrira l'influence dont il dispose et la souplesse dont les deux institutions de financement sont prêtes à faire preuve.
L'aide financière fournie par l'Union européenne, en particulier, est une pomme de discorde majeure à Dublin. Les prêts sont assortis d'un taux d'intérêt de 5,83% nettement supérieur à celui que la Grèce, qui se trouve dans la même situation, doit actuellement payer.
À cet égard, les deux pays ont le même cheval de bataille. Tous deux veulent un assouplissement de l'accord financier proposé, que beaucoup considèrent davantage comme un fardeau que comme un plan de sauvetage. Les risques sont élevés, y compris l'insolvabilité pour l'un ou le défaut de paiement pour les deux.
Il est difficile de prédire comment la situation va évoluer à Dublin et à Athènes. Les deux pays seront au centre de l'attention lorsqu'ils échafauderont leurs programmes de réformes et chercheront des solutions globales à la crise actuelle de la zone euro. La grande différence entre la Grèce et l'Irlande d'un côté et les autres membres de la zone euro de l'autre est que les Grecs et les Irlandais ressentent les effets de ce qui leur arrive. Leurs semblables au Portugal, en Italie, en Espagne et ailleurs en Europe pourraient découvrir ce sentiment plus tôt que prévu.

Le Premier ministre et le vice-président

Depuis le début du quinquennat, il cherche sa case sur un échiquier sans cesse bousculé. Fallait-il donc qu’il expie ? Dans l’imprévisible jeu du pouvoir où il n’est, depuis 2007, qu’un pion subalterne, le Premier ministre doit régulièrement réinventer une fonction, la sienne, dont il avait imprudemment prophétisé la disparition, avant de la ressusciter.

Après l’effacement consenti des années de l’hyperprésidence puis la revanche combative de l’automne 2010 pour rester à Matignon, voilà à nouveau François Fillon relégué dans un second rôle. Cette fois, en effet, c’est presque en spectateur qu’il a assisté à l’épisode de ce remaniement alors qu’il avait été un acteur prépondérant du précédent. En faisant cohabiter un Premier ministre avec un vice-président virtuel intronisé par les médias, la V e République sarkozienne, décidément, n’en finit plus de se contorsionner pour trouver son équilibre.

Hier matin, sur RTL, c’est avec une distance déférente, à la fois déliée et prudente, que le chef du gouvernement a commenté la constitution de «sa» nouvelle équipe. Encadré par trois poids lourds sur quatre, placés aux postes régaliens, le voilà paré pour une rocardisation annoncée. Que lui reste-t-il comme espace politique entre un chef de l’État qui pratique une gestion très personnelle de la présidence, un chef de la diplomatie qui ne souffre aucune tutelle, et un ancien n° 2 du régime, installé place Beauvau, qui ne sera pas du genre à rendre des comptes sur son action au ministère de l’Intérieur ? Hier soir, M. Fillon a bien sifflé la fin de la récréation, à la mode barriste, en moquant l’agitation du bocal microcosmique mais cette posture sera-t-elle suffisante pour masquer son affaiblissement, voire une certaine relégation qui ne fait pas pleurer le Président ? Les sondages qui vont decrescendo et le double handicap de ses vacances égyptiennes et de ses vols en avion pour ses week-ends sarthois ont, semble-t-il, fait leur œuvre sur sa popularité, dont il ne s’est pas servi à temps pour marquer un avantage définitif.

On verra aujourd’hui, à l’occasion de la rentrée parlementaire et de la séance des questions au gouvernement, comment le Premier ministre tentera de reprendre la main sur son terrain, l’hémicycle du Palais Bourbon, où il joue à domicile devant le public acquis des députés UMP. Mais avant que le coq chante, il a déjà subtilement renié toute vassalité. Trois fois. En défendant l’honneur de Michèle Alliot-Marie, en refusant un débat sur l’islam qui stigmatiserait les musulmans et en souhaitant que la peur des flux migratoires ne soit pas l’alpha et l’omega de la nouvelle politique méditerranéenne de Nicolas Sarkozy. A l’oreille, ce sont plus que des nuances. Des bémols qui donnent à la musique de l’exécutif un son original moins accordé que sur les partitions officielles.

Internet est-il de gauche ?

Le média Internet a-t-il une couleur politique ? Si l'on se penche sur la floraison, ces dernières années, des "pure players" de l'information générale en ligne en France, la réponse ne fait aucun doute. De Mediapart à Rue89 ou Bakchich, le positionnement est clairement de gauche. Le lancement cette semaine d'Atlantico, site marqué à droite, serait ainsi une simple exception confirmant une règle immuable.

Aux Etats-Unis, le puissant Huffington Post, racheté le mois dernier à grand bruit et grands frais par AOL, et dont Atlantico dit lui-même vouloir s'inspirer, n'est-il pas classé dans le camp démocrate ? Si l'on regarde au-delà, la réalité du média Internet est plus complexe. Notamment à la lumière des révolutions de ce début 2011 dans les pays arabes. Internet y est avant tout un outil d'information anticonservateur, anticonformiste, anti-ordre établi. Les vieux médias imprimés, et les déjà vieilles radios ou télévisions, ne sont pas par nature conservateurs, conformistes et serviles. Mais la censure peut aisément les contrôler !
Si dans les pays de dictature le cyberespace ouvre une fenêtre sur la liberté, qu'apporte-t-il dans les pays où la liberté d'expression existe déjà ? Un nouveau vecteur d'information, dont les deux atouts principaux sont la réactivité et l'interactivité. Des atouts qui ne sont ni de gauche ni de droite. Mais qui donnent la parole à monsieur et madame Tout-le-monde et qui permettent, parfois, de contourner des formes d'autocensure. Mais la démocratie directe n'est pas nécessairement anticonservatrice. Elle peut aussi bien être poujadiste, comme victime de l'aveuglement collectif propre à la psychologie des foules. Bref, Internet est ce qu'on en fait. 

LES GAUCHOS AYANT PLUS DE TEMPS LIBRE, IL EST NORMAL QU'ILS "S'EXPRIMENT" SUR LE NET.
C'EST LEUR DÉFOULOIR !!

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Il n’est pas si facile d’être populaire, et cela se paie parfois bien cher. Annie Girardot, aujourd’hui couverte d’hommages posthumes, l’avait éprouvé douloureusement. Nous avons tous revu hier cet instant où elle pleurait de bonheur sur son César, et de détresse sur des années et des années d’oubli. C’est qu’elle avait eu l’audace ou l’inconscience de prétendre jouer à la fois chez Visconti et Zidi, avec Carné et Audiard. C’était trop pour beaucoup, qui aiment les catégories simples - surtout en France, pays de castes, où l’on est supposé être de l’élite ou du peuple, contre l’un ou contre l’autre, mais jamais des deux à la fois. Annie Girardot était ainsi, exigeante sans exclusive, généreuse sans mépris. Les gens l’appelaient Annie et la respectaient, elle était unique et faisait ses courses comme tout le monde. Populaire, tout simplement populaire.

Obama renoue avec l'esprit du Caire


Le 11 février, au soir de la chute d'Hosni Moubarak, le président américain saluait « la force morale de la non-violence qui a, une fois de plus, incliné l'arc de l'Histoire vers la justice ». Ce discours renvoyait à un autre, celui du 4 juin 2009 où, au Caire, Barack Obama s'était adressé au monde islamique. Il promettait « un nouveau commencement » des relations qui ne se limiteraient plus à la simple « lutte contre le terrorisme ». Cette promesse a commencé à être réalisée, grâce aux Tunisiens et Égyptiens qui ont refusé les atteintes dictatoriales à leur dignité.


Comment comprendre cette amorce d'une nouvelle politique étrangère américaine ?


Le jeune président qui avait pris la parole au Caire, quatre mois après son installation, n'avait guère d'expérience en politique étrangère. Pourtant, il en savait des choses importantes, dont il avait parlé dans son autobiographie, Les rêves de mon père (1995), et auxquelles il est revenu dans L'audace d'espérer (2006). Il évoque sa jeunesse en Indonésie pour critiquer le cynisme qui se servait de la Guerre froide pour justifier le soutien aux tyrans corrompus et la naïveté de ceux qui, après la chute du Mur, en 1989, ignoraient le ressentiment suscité par la culture américaine. Et refusaient de voir que la démocratisation pouvait faire place aux conflits ethniques et religieux.


Si Barack Obama a été élu, c'est en partie en raison d'un fort rejet de la politique étrangère messianique du gouvernement Bush. Dès lors, on s'est rabattu sur la realpolitik. Celle-ci fut conduite par des experts qui avaient fait leurs preuves du temps de la présidence de Bill Clinton, dont Hillary Clinton, nommée secrétaire d'État. Prirent part aussi aux décisions plusieurs généraux et « tsars » responsables par régions : Israël-Palestine, Afghanistan-Pakistan, etc.


Entre 2009 et 2011, la politique étrangère d'Obama a été en proie à de longues hésitations. Ensuite, ce fut l'augmentation des forces en Afghanistan, puis l'échec des négociations au Proche-Orient, dû au refus israélien d'arrêter la colonisation des territoires occupés.


Arrivent la Tunisie, puis l'Égypte. Après une brève interrogation, le Président s'affirme ; des décisions sont prises. Hillary Clinton a martelé hier : « Il est temps pour Kadhafi de partir, maintenant, sans autre violence ou retard. » Est-ce vraiment une nouvelle donne ?


Il ne faut pas oublier que l'expérience la plus importante d'Obama a été celle d'un militant, d'un organisateur qui cherche à réunir des gens pour agir ensemble pour effectuer un changement qui vient de la base. Une telle orientation ne se conjugue pas très bien avec la politique étrangère, qui passe par le sommet.


Il n'est pas surprenant que le réveil d'un sentiment de dignité bafouée au Maghreb ait fait vibrer une corde chez Barack Obama. Bien sûr, il reste prudent, il sait que les choses peuvent mal tourner en Libye, où Khadafi se battra jusqu'à la fin, violente. Il sait aussi que la démocratie n'est jamais acquise une fois pour toutes. Néanmoins, un tournant est pris.


La traduction française du deuxième livre d'Obama éclaire peut-être la nouvelle attitude à la Maison-Blanche, en transformant le substantif « espoir » en un verbe : « espérer ». C'est-à-dire mettre enfin en pratique son désir d'une vie digne... Celle dont rêvaient son père et ses amis de jeunesse indonésiens.


Dick Howard est professeur émérite à Stony Brook University, New York, auteur d'Aux origines de la pensée politique américaine (Pluriel).

L’adieu à Hortefeux

Cet énième remaniement, décidé dans l’urgence, laisse un arrière-goût d’improvisation. Nicolas Sarkozy l’a justifié par “la dimension des événements historiques que nous vivons.” Puisque le monde arabe bouge, le gouvernement doit bouger aussi. Le raisonnement vaut peut-être pour Michèle Alliot-Marie, chargée des Affaires étrangères. Elle a beau n’avoir commis “aucune faute sur le plan moral”, selon François Fillon, le contexte international commande son départ. Bon.

Mais pourquoi changer le ministre de l’Intérieur ? Son champ de compétences, jusqu’à preuve du contraire, ne couvre pas la vaste Égypte, ni les faubourgs de Tunis. Si Brice Hortefeux a commis des erreurs, c’est dans l’Hexagone que nous devons les chercher. En matière de sécurité ou d’immigration — deux thèmes déjà en course pour 2012 — son bilan paraît plutôt faiblard. Surtout, il trouva le moyen de se faire condamner pour “injures raciales”, puis “atteinte à la présomption d’innocence” en exerçant ses hautes fonctions. Depuis, bien au-delà de la cuisine électorale, un bruit de casseroles s’attache à ses pas. À la veille d’entrer en campagne présidentielle, la quincaillerie risque de gêner un peu. Voici pourquoi l’Auvergnat, faute de bien prendre la lumière, redevient conseiller de l’ombre. Claude Guéant, qui le remplace, effectue exactement le parcours inverse. Puisse-t-il, quittant son rôle d’éminence grise, ne pas se griller trop vite sous les spots de la notoriété…

Le commentaire politique de Christophe Barbier



Sarkozy-Juppé : de l'agacement aux intérêts mutuels

Si les mariages de raison tiennent mieux que les mariages de passion, l'alliance entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé a de beaux jours devant elle. Et sera peut-être l'un des outils d'un rebond présidentiel. Conclue en novembre, renforcée dimanche, elle révèle un intérêt réciproque qui a fini par l'emporter au terme d'une histoire aussi longue que compliquée. Où l'agacement mutuel semblait être le seul indice de leurs relations.

Le président de la République avait besoin de la solidité du maire de Bordeaux pour retrouver une crédibilité noyée dans le maelström des mauvais sondages. L'ancien Premier ministre avait besoin de l'offre ministérielle de son cadet pour échapper au désoeuvrement d'une retraite paisible mais mortifère. Juppé a été payé comptant : voilà bien longtemps qu'il n'avait pas entendu autant d'éloges ; Sarkozy a un an pour engranger les bénéfices politiques de sa main tendue. Finalement, les deux frères ennemis en chiraquisme - le fils préféré et le fils rebelle -se servent l'un à l'autre de bouée de sauvetage.

Dans cet attelage inattendu il y a quelques mois encore, la lucidité est gage de solidité. Les deux hommes ont beau être de grands affectifs, chacun à sa manière, ils ont tous les deux appris de Jacques Chirac que la survie politique primait sur l'amour-propre.

Au moins n'ont-ils jamais fait semblant. Au mois d'août, sollicité pour revenir au gouvernement, Alain Juppé feint d'hésiter devant Nicolas Sarkozy à « monter sur le "Titanic" ». Comment lui dire avec plus d'insolence : « Cette fois, c'est toi qui as besoin de moi » ? Fier de son bon mot, il le répète à des journalistes, devant qui il ne cache pas son opposition au tournant sécuritaire que le président a pris une nouvelle fois avec son discours de Grenoble.

Autrement dit, il fait avec Sarkozy ce qui l'avait tant agacé chez lui : rapporter à l'extérieur ses entretiens privés. C'est peu dire que ces « conditions » publiquement énoncées par son prédécesseur à la tête de l'UMP ont énervé le chef de l'Etat. « Juppé, c'est bien lui qui avait réussi à la fois à reculer sur les réformes et à mettre 2 millions de personnes dans la rue », maugréait-il, fort de son succès sur les retraites. « Il incarne cette droite que les Français détestent. » Une confidence faite moins de quinze jours avant d'en faire le numéro 2 de son gouvernement. « Evidemment, il raconte n'importe quoi », rétorqua Juppé avec un même agacement qui ne l'a, malgré tout, pas dissuadé de monter sur le « Titanic »...

Après tout, ce mode de relation n'est pas nouveau entre eux. Mars 2002, en pleine campagne pour la réélection de Jacques Chirac, les deux hommes pensent à leur avenir. Ils déjeunent en tête à tête. Le lendemain, « Le Figaro » rapporte un deal : Juppé soutiendra la candidature de Sarkozy à Matignon ; le second aidera le premier à prendre la présidence de l'UMP qui se prépare. Stupeur en Chiraquie, où la mise en orbite de Jean-Pierre Raffarin est déjà programmée. Le maire de Bordeaux enrage : « Ce type est vraiment impossible. On ne peut rien lui dire sans que ça se retrouve dans la presse. » Sarkozy accuse Juppé de lui avoir menti. Juppé reproche à Sarkozy de l'avoir trahi.

30 janvier 2004. Le ministre de l'Intérieur est en déplacement en Corse quand il apprend la condamnation de l'ancien secrétaire général du RPR à dix-huit mois de prison avec sursis et dix ans d'inéligibilité dans l'affaire des emplois fictifs du parti de Jacques Chirac. On s'attendait au soulagement cynique de celui qui voyait s'exiler un rival dangereux sur le chemin de l'Elysée. On assiste au contraire à la colère froide d'un Nicolas Sarkozy privé d'un combat qu'il se disait sûr de remporter : « Le problème de Juppé, c'est pas la justice, c'est lui. Jamais les Français ne l'éliront à l'Elysée. » Lui ravir l'UMP, il en rêvait. Mais grâce aux militants. Pas aux juges.

Des anecdotes qui appartiennent au passé ? Certes, mais cette histoire les a rendus suffisamment lucides l'un sur l'autre pour ne pas construire leur relation nouvelle sur des illusions. Chacun, désormais, entend profiter de l'autre, dans un accord « gagnant gagnant ».

Sonné par sa défaite aux législatives de 2007, lentement rattrapé par l'état civil - il a fêté ses soixante-cinq ans le 15 août 2010 -, Alain Juppé a, de son propre aveu, saisi le remaniement de novembre dernier comme le « dernier train » pouvant le conduire au premier rang de la vie politique. Quelques jours ont suffi pour que les élus qui lui en voulaient après les grèves de 1995 et la défaite de 1997, et la presse qui l'avait délaissé, lui tressent à nouveau des lauriers, comme au temps de ses premières années heureuses au Quai d'Orsay. Le sage de Bordeaux, respecté mais tenu à distance de Paris, est redevenu la coqueluche d'un système médiatico-politique toujours en quête d'une « valeur » à porter aux nues. Merci Sarkozy ? Juppé est trop orgueilleux pour croire que ce retour en grâce tient à autre chose qu'à ses propres mérites.

Nicolas Sarkozy voit de son côté, et pour la première fois depuis longtemps, un choix mis à son crédit. Y compris à gauche. S'il parvient à sauver sa politique étrangère, ce sera en partie grâce à l'image du nouveau locataire du Quai d'Orsay. Merci Juppé ? Le chef de l'Etat est trop orgueilleux pour croire qu'un rebond possible tienne à autre chose qu'à ses propres mérites.

Le triomphe de Juppé a pour autre vertu de relativiser celui de François Fillon, il y a trois mois. Au lendemain du remaniement, la rivalité entre le Premier ministre et le nouveau chef de l'UMP, Jean-François Copé, est apparue au grand jour. Que cette bataille-là se joue désormais à trois, un « quadra », un « quinqua », un « sexa », n'est pas pour déplaire au président de la République. La pluralité des alternatives est sa meilleure protection pour 2012.

Stuart Gulliver

Le patron de HSBC porte un patronyme célèbre dans la littérature, mais force est de reconnaître qu'il lui va à merveille. Le parcours professionnel de cet Anglais de Plymouth ferait en effet bonne figure dans les « Voyages de Gulliver » tant, de Tokyo à Hong Kong en passant par Kuala Lumpur et l'émirat de Charjah, il a traversé de contrées lointaines. Le diplômé en droit d'Oxford a fait en revanche preuve d'une fidélité intangible à la banque où il fit ses débuts il y a trente et un ans. Ce fils d'un juriste et d'une secrétaire y est pourtant entré par hasard, sur les conseils d'un ancien salarié rencontré dans un cocktail, après avoir renoncé à poursuivre des études d'avocat. C'est dans les opérations de banque d'investissement qu'il a bâti sa réputation, limitant notamment la casse lors de la crise de 2008. Sa nomination en septembre dernier au poste de directeur général, pour succéder à Michael Geoghegan, parti dans des conditions tumultueuses, a dès lors fait grincer quelques dents de la part de ceux qui voyaient d'un mauvais oeil le sacre d'un « banquier casino ». Cet homme à l'abord simple, capable de calculer de tête les ratios les plus complexes, entend toutefois prouver qu'il n'est pas arrivé là sur un coup de dés. Le père de trois enfants, marié à une Australienne, n'a en tout cas pas à s'inquiéter pour la pérennité de son métier de banquier s'il doit en croire la maxime de Swift, selon laquelle « personne n'accepte de conseils, mais tout le monde accepte de l'argent ».

A rire et à pleurer

Une chose qu’elle ne savait pas faire : tricher. On trouve rarement, chez une actrice, pareille incapacité à la dissimulation. Son franc-parler, à la scène comme à la ville, balayait les hypocrisies. Comment peut-on ne pas être snob à ce point-là ? Dans les milieux prétendument sophistiqués du 7 e Art, son trop-plein de naturel lui valut le mépris des cuistres. Et l’admiration du public, qui la sacra très vite “vedette populaire”.

On l’a vue chez Visconti, au début, dans “Rocco et ses frères”. Puis du côté de Michel Audiard, “Elle boit pas, elle drague, elle fume pas… mais elle cause”. Par le drame ou la gaudriole, de chefs-d’œuvre en aimables “nanars”, partout, ce petit bout de femme imposait sa lumineuse présence. Une boule d’énergie qui roule, l’émotion à fleur de peau et débordante d’humanité…

Aux fastes de la Comédie française, dont elle fut un temps pensionnaire, l’intuitive comédienne préfère bientôt la vérité des rues. Ça se passait au cinoche du dimanche après-midi, dans les années 60 -70… Elle fut l’amante, la mère, le docteur Françoise Gailland, Gabrielle Russier, la sœur complice et la bonne copine. Dans ses grands yeux dorés, alors, défilaient tous les sentiments du monde. Elle a donné à rire, à rire et à pleurer, avant une longue traversée du désert. La Nouvelle Vague, tyrannie des modes, tenait son talent pour quantité négligeable. Quel gâchis !

Son joli minois de jadis a pris les rides du chagrin. Le César qu’elle reçoit en 1996, pour une fameuse “mère Thénardier”, la remet dans la lumière. Gouaille vaincue, la voix brisée par les sanglots : “Votre témoignage et votre amour me font penser que peut-être, je dis bien peut-être, je ne suis pas encore tout à fait morte.”

Bouleversante jusqu’au bout, passion et tourments mêlés, elle reste authentique héroïne. Maladie d’Alzheimer ou pas, la France gardera longtemps la mémoire d’Annie Girardot.

Libye: Kadhafi sourd aux pressions, les Occidentaux étudient toutes les options

L'opposition contrôlait lundi de vastes territoires en Libye, y compris les principaux champs de pétrole, le colonel Kadhafi restant sourd à la pression croissante de la communauté internationale qui étudiait toutes les options y compris militaires.
Au 14e jour d'un soulèvement sans précédent, Mouammar Kadhafi et ses forces ne contrôlent plus que Tripoli et sa région. Selon le commissaire européen à l'Energie Gunther Oettinger, les principaux champs de pétrole libyens sont désormais "sous le contrôle de tribus et de forces provisoires qui ont repris le pouvoir".
L'opposition a annoncé la reprise imminente des exportations de pétrole à partir de l'est du pays qu'elle contrôle.

La communauté internationale s'interrogeait sur les moyens de mettre fin à l'instabilité dans le pays et réfléchissait notamment à une interdiction de l'espace aérien. L'armée américaine positionne des forces navales et aériennes autour de la Libye, a indiqué le Pentagone, précisant que ses planificateurs étudiaient diverses solutions. La chef de la diplomatie Hillary Clinton a précisé qu'aucune action militaire impliquant des navires américains n'était prévue dans le pays.
A l'issue d'une visite au musée de l'Holocauste de Washington, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a jugé que la communauté internationale était à nouveau "mise à l'épreuve" 70 ans après les atrocités nazies, dénonçant l'attitude du pouvoir en Libye et en Côte d'Ivoire. M. Ban avait rencontré plus tôt dans la journée le président américain Barack Obama à la Maison Blanche.
En France, le Premier ministre François Fillon a indiqué que toutes les options étaient à l'étude, dont celle de l'interdiction du survol du territoire libyen qui nécessiterait toutefois l'implication de l'Otan et l'approbation de l'ONU. L'Italie s'est déclarée favorable à une interdiction du survol de la Libye. Mais le chef de la diplomatie canadienne Lawrence Cannon a déclaré qu'il "ne semble pas y avoir de consensus" entre les alliés occidentaux sur l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne en Libye.
Après l'ONU et les Etats-Unis, l'Union européenne a adopté lundi un embargo sur les armes contre la Libye ainsi qu'un gel des avoirs et des interdictions de visa contre le colonel Kadhafi et 25 de ses proches. Les Etats-Unis ont bloqué 30 milliards de dollars d'actifs libyens depuis les sanctions annoncées vendredi par la Maison Blanche, a indiqué un haut responsable du Trésor.

La communauté internationale s'interrogeait sur les moyens de mettre fin à l'instabilité dans le pays et réfléchissait notamment à une interdiction de l'espace aérien. L'armée américaine positionne des forces navales et aériennes autour de la Libye, a indiqué le Pentagone, précisant que ses planificateurs étudiaient diverses solutions. La chef de la diplomatie Hillary Clinton a précisé qu'aucune action militaire impliquant des navires américains n'était prévue dans le pays.
A l'issue d'une visite au musée de l'Holocauste de Washington, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a jugé que la communauté internationale était à nouveau "mise à l'épreuve" 70 ans après les atrocités nazies, dénonçant l'attitude du pouvoir en Libye et en Côte d'Ivoire. M. Ban avait rencontré plus tôt dans la journée le président américain Barack Obama à la Maison Blanche.
En France, le Premier ministre François Fillon a indiqué que toutes les options étaient à l'étude, dont celle de l'interdiction du survol du territoire libyen qui nécessiterait toutefois l'implication de l'Otan et l'approbation de l'ONU. L'Italie s'est déclarée favorable à une interdiction du survol de la Libye. Mais le chef de la diplomatie canadienne Lawrence Cannon a déclaré qu'il "ne semble pas y avoir de consensus" entre les alliés occidentaux sur l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne en Libye.
Après l'ONU et les Etats-Unis, l'Union européenne a adopté lundi un embargo sur les armes contre la Libye ainsi qu'un gel des avoirs et des interdictions de visa contre le colonel Kadhafi et 25 de ses proches. Les Etats-Unis ont bloqué 30 milliards de dollars d'actifs libyens depuis les sanctions annoncées vendredi par la Maison Blanche, a indiqué un haut responsable du Trésor.
 Des informations, obtenues auprès de témoins, sur des raids aériens des forces loyales à Kadhafi ont été démenties par les autorités libyennes.
Ces derniers jours, des vols soupçonnés d'être liés à un trafic d'armes entre le Bélarus et la Libye ont été repérés par l'Institut international de recherche pour la paix de Stockholm.
Face à la pression croissante de la communauté internationale, M. Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans, est resté inflexible. "Mon peuple m'adore. Ils mourraient pour me protéger", a-t-il affirmé dans un entretien avec la chaîne de télévision ABC. Des déclarations qualifiées de "délirantes" par l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU Susan Rice.
Les Etats-Unis ont accusé lundi le gouvernement libyen de brouiller la retransmission des programmes des chaînes d'information étrangères, soulignant que cette initiative démentait les propos du colonel Kadhafi selon lesquels tout est calme dans le pays.

L'Occident se prépare à aider les opposants, qui ont créé un "Conseil national indépendant" chargé de représenter "les villes libérées". Cet organe sera "le visage de la Libye pendant la période de transition", a déclaré son porte-parole Abdelhafez Ghoqa.
En dehors de l'Est, l'opposition revendique le contrôle de plusieurs villes autour de la capitale et dans l'Ouest, dont Nalout (230 km à l'ouest de Tripoli) et Zawiyah (60 km à l'ouest de la capitale).
Les villes stratégiques de Misrata, à l'Est, et Gherien, au Sud, semblent aussi sous contrôle de l'opposition. Mais lundi soir à Misrata, des forces fidèles à Mouammar Kadhafi ont tiré sur des passants faisant au moins deux morts et un blessé grave, a indiqué à l'AFP un témoin joint par téléphone.
A Tripoli, des postes de contrôle ont été mis en place dans et autour de la capitale par les militants pro-Kadhafi et le pain et l'essence y étaient rationnés, selon un habitant.

Au-delà des sanctions, Hillary Clinton a réclamé lundi que soient préparées "des mesures supplémentaires pour que le gouvernement Kadhafi rende des comptes, pour fournir une aide humanitaire et pour soutenir le peuple libyen dans sa quête d'une transition vers la démocratie".
Les Etats-Unis vont envoyer deux équipes humanitaires aux frontières de la Libye avec la Tunisie et l'Egypte, a-t-elle annoncé, alors que la Croix Rouge internationale a exigé un accès immédiat à l'ouest de la Libye.
La France a envoyé dans la nuit un avion à Benghazi, via Le Caire, transportant cinq tonnes de matériel médical et des médicaments, et le Programme alimentaire mondial a annoncé l'expédition de 80 tonnes de biscuits énergétiques.
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, mène un examen préliminaire sur les violences en Libye, préalable à une éventuelle enquête pour crimes contre l'humanité.
Les prix du pétrole ont reculé lundi à New York, l'engagement de l'Arabie saoudite à assurer la stabilité d'un marché inquiet pour la production de brut en Libye ayant apaisé certaines tensions.





Citoyen 2.0

Après avoir bouleversé la vie du consommateur, le basculement dans l'ère du numérique révolutionne la vie du citoyen. Au-delà de l'incroyable essor de la téléphonie mobile, de l'Internet, de la TNT ou de la télévision par satellite, qui ont transformé nos loisirs ou notre cadre de travail, le boom du digital impacte maintenant en profondeur l'acteur public que nous sommes tous. Sans Facebook, Twitter, Al-Jazira, l'onde de choc qui fragilise le monde arabe ne se serait sans doute pas répandue aussi rapidement. Mais une autre révolution numérique, moins visible, moins brutale, mais dont les conséquences s'annoncent également lourdes est en marche : celle de l'« open data ».

A l'image d'une poignée de collectivités locales françaises qui viennent de décider de franchir le pas, de plus en plus de pays ou de villes, en Amérique comme en Europe, acceptent de faciliter l'accès à des tonnes de données. Avec le mariage du PC et du Net, il n'a en effet jamais été aussi facile pour les administrations de collecter, de stocker et de classer des montagnes de statistiques. Taux de pollution, de criminalité, de chômage, d'imposition par quartiers, pics de trafic par routes, maladies nosocomiales par hôpitaux... L'information qui était autrefois inaccessible, réservée aux actuaires ou aux greffiers, est désormais à portée de main. Elle peut être partagée entre fonctionnaires, mais aussi avec les administrés.

L'utilisation abusive et sans discernement de ce torrent d'informations pourrait avoir des retombées négatives. Les lycées dont on publie dans la presse les résultats au bac ont déjà tendance à se débarrasser des élèves les plus faibles pour ne pas nuire à leur performance, qui ne consiste du coup parfois qu'à accompagner les meilleurs. Mais de rares effets pervers ne doivent pas freiner l'essor d'un mouvement qui sera globalement positif.

Pour peu qu'il soit un minimum encadré - pour éviter, par exemple, la diffusion d'informations personnelles nominatives -ce mouvement pourrait déjà stimuler l'imagination de nombre d'entrepreneurs et faire naître de nouveaux business. Le flot de « data » pourrait aussi contribuer à redonner du pouvoir aux citoyens face à leur administration. Car, de tout temps, la transparence a stimulé l'exigence.

Des charges si peu sociales

seules les autruches relèveront la tête, rassérénées par les toutes nouvelles données de l'Insee sur le coût du travail en France. Bien sûr, c'est un soulagement de constater que, dans notre industrie de main-d'oeuvre, où elle surestimait à tort le coût horaire du travail - jusqu'à le voir 4 euros plus cher en France qu'en Allemagne -, la statistique officielle conclut désormais à une quasi-parité. Les deux rives du Rhin seraient donc de même niveau, elles que l'on croyait dénivelées. Mais, pour trois raisons au moins, nul ne saurait se contenter de ce constat.

A coûts unitaires du travail identiques, d'abord, l'industrie germanique demeure plus compétitive que la nôtre. L'explication de ce phénomène est dans l'écrasante supériorité du made in Germany. En vingt ans, la manufacture française a perdu son atout maître, qui était celui de la qualité. Sauf rares exceptions, alors que nos exportateurs et les leurs se battent sur les mêmes créneaux, comme la mécanique ou l'équipement, les acheteurs étrangers préfèrent, lorsqu'ils le peuvent, payer plus cher la fiabilité, la technicité, la modernité allemandes. C'est la conséquence d'une décennie perdue pour l'innovation et la recherche, qui commence seulement à être regagnée depuis trois ans à force de puissantes incitations fiscales.

Ensuite, si l'on mesure le coût du travail non pas dans la seule industrie manufacturière mais dans l'ensemble de l'économie marchande, l'heure de main-d'oeuvre française apparaît bel et bien plus chère non seulement que l'allemande (de près de 3 euros) mais que la moyenne des 17 pays de la zone euro (de 6 euros). Or cet écart-là, qui ne cesse de se creuser, est au moins aussi préoccupant que l'autre car il reflète la perte de compétitivité de deux de nos points forts à l'export, l'agriculture et les services, lesquels mériteraient que les pouvoirs publics accordent à leurs PME un dixième des attentions et subventions qu'ils prodiguent aux PMI.

Les chiffres publiés hier par l'Insee décrivent, enfin, une inquiétante singularité française, dans la structure du coût du travail : le poids des charges payées par rapport au salaire perçu. C'est la cruelle traduction des trajectoires opposées choisies depuis dix ans par une Allemagne qui, à force de réduire son Etat providence, a diminué le poids des cotisations et par une France qui a continué de l'augmenter. Or, loin de favoriser les salariés, cette fuite en avant vers le social est devenue antisociale : le coût total des augmentations devenant excessif pour l'employeur, cela les freine avec une redoutable efficacité. La hausse du coût du travail en France ne finit même pas dans la poche des salariés.

Moyen-Orient : 5000 ans en 90 secondes






Le tyran ne peut jamais être un allié

En Libye, la « révolution arabe » continue, mais à un rythme différent. A Tunis et au Caire, hier, l'influence des Etats-Unis sur les armées tunisienne et égyptienne s'est révélée être décisive. A Tripoli, aujourd'hui, l'Amérique n'a pas de vraies cartes à jouer et ce sont les Nations unies, et non les Etats-Unis, qui cherchent à peser de tout leur poids sur le régime libyen pour qu'il cesse de massacrer son peuple. Et la différence est sensible. Les résolutions des Nations unies ne font pas le même effet que les « conseils avisés » des Etats-Unis.

Il n'en reste pas moins que les conditions de départ du « chien fou » - la formule est de Ronald Reagan -nous obligent à nous reposer une question fondamentale qui va bien au-delà de la Libye. Selon quels critères choisissons-nous nos alliés ? Et le « nous » concerne tout aussi bien les Etats-Unis de George W. Bush, l'Angleterre de Tony Blair et de Gordon Brown, que la France de François Mitterrand à Nicolas Sarkozy, sans mentionner la palme, qui revient sur ce plan, à l'Italie de Silvio Berlusconi.

Bien sûr, ce petit pays de plus de 6 millions d'habitants a du pétrole et du gaz en quantité significative et nous avons voulu nous convaincre que son leader avait changé, qu'il était certes toujours un peu « original », mais que, fondamentalement, c'était un homme modéré et réaliste, et qu'en plus de quarante et un ans de pouvoir il avait eu le temps de mûrir. Il est aisé aujourd'hui de mesurer les limites de cette méthode Coué diplomatique. Un despote ne devient pas respectable du seul fait que nos intérêts coïncident avec les siens. Il ne s'agit pas de faire preuve d'idéalisme irresponsable et de succomber ici à la dictature des « bonnes émotions ». C'est tout le contraire. Il est en réalité naïf de faire preuve de trop de cynisme et, au nom d'une vision stratégique à long terme, il est essentiel, pour ne pas « insulter l'avenir », de garder ses distances avec des régimes qui ont donné d'amples preuves de leur hystérie sanguinaire. Au nom de quelle étrange logique peut-on vouloir un jour renverser par la force des armes le régime de Saddam Hussein en Irak, parce qu'il serait devenu une menace pour son peuple, et, quelques années plus tard, fermer les yeux sur les crimes du régime du colonel Kadhafi en Libye ?

Le général de Gaulle, pour justifier, en pleine guerre froide, ses rapprochements avec la Russie des soviets ou avec la Chine de Mao, avait coutume de dire que, derrière les régimes, il voyait les peuples, ce qu'il appelait la Russie ou la Chine « éternelles ».

Mais la Libye, en dépit de sa taille géographique et de ses ressources énergétiques significatives, n'est ni la Russie ni la Chine. Elle n'est pas, n'a jamais été et ne sera jamais un acteur incontournable du système international. Depuis plus de quarante ans, elle n'est, sous la férule d'un clown rusé et sanguinaire, qu'une aberration tragique qui a surfé pour survivre sur nos petits calculs et notre grande lâcheté. Maintenant que Kadhafi est en train d'être chassé par son peuple et abandonné progressivement par ses fidèles, ce que les Libyens retiendront de notre comportement ne sera pas nécessairement en notre faveur. Ils se seront libérés difficilement dans le sang, et - sauf au dernier moment -plutôt en dépit de nos peurs que grâce à nos encouragements.

Bien sûr, si le soulèvement en Libye confirme bien le caractère révolutionnaire du « printemps des peuples arabes », il introduit aussi des éléments nouveaux avec l'entrée en oeuvre du facteur énergétique. Il ne se trouve pas plus de classe moyenne en Libye, contrairement à la Tunisie, qu'il ne s'y trouve un grand héritage historique, contrairement à l'Egypte. Mais il y a du pétrole et du gaz. Et on ne peut s'empêcher de poser la question suivante ; à quand le tour de l'Arabie saoudite ?

Il existe sans doute en Libye, et surtout à l'extérieur du pays, des jeunes élites prêtes à prendre la relève, mais les risques de chaos sinon de fragmentation du pays sont bien réels. Des risques à la mesure de notre aveuglement d'hier.

Printemps arabe et maladie hollandaise

Les dictatures sont des constructions étranges. Vues de l'extérieur, elles paraissent indestructibles. Entre lâcheté, lassitude et nécessité, leurs voisins, leurs clients, leurs fournisseurs en viennent à composer avec ces blockhaus de béton armé. Et pourtant... elles pourrissent toujours de l'intérieur, comme le poisson pourrit toujours par la tête. Un beau jour de printemps ou d'hiver, elles s'effondrent, dans un effet domino plus ou moins étalé dans le temps. La chute provoque alors la stupeur. Prend les partenaires à contre-pied. Provoque des doutes sémantiques - tel chef d'Etat semble alors découvrir des régimes « autoritaires », tel journaliste parle de « villes libérées » alors qu'il n'avait jamais évoqué auparavant de villes « emprisonnées » ou « occupées ». Et surtout, la chute ouvre une gigantesque période d'incertitude. C'est ce qui pourrait s'amorcer aujourd'hui sur tout l'arc musulman centré sur le Proche-Orient.

Ce n'est pas la première fois que chutent des dictatures vermoulues. Il s'est passé la même chose en Amérique latine dans les années 1980 avec l'Argentine (1983), l'Uruguay (1984), le Brésil (1985) puis le Chili (1989). Puis dans l'est de l'Europe avec la chute du mur de Berlin en 1989 et l'implosion de l'URSS en 1991. Chacun de ces événements a été mal évalué au départ, d'autant plus qu'il est arrivé par surprise. Il avait été jugé impossible par les experts occidentaux des régions concernées. Rares sont ceux qui eurent la pertinence et l'impertinence d'un Emmanuel Todd, prédisant la dislocation de l'Union soviétique dès 1976 à partir de courbes démographiques inquiétantes sur l'espérance de vie (une démographie aussi présente sous les événements actuels : le nombre de jeunes âgés de vingt à trente ans a ainsi augmenté de 140 % en Egypte en trente ans contre 100 % pour la population totale). Les dirigeants du PS accusant aujourd'hui Nicolas Sarkozy de n'avoir rien vu venir en Afrique du Nord devraient se souvenir de l'entêtement de François Mitterrand début 1990, demandant à l'Allemagne l'engagement solennel de respecter la frontière avec la Pologne (la ligne Oder-Neisse). Lui aussi avait regardé un événement du présent avec les lunettes du passé.

La chute des dictatures qui s'enclenche au Proche-Orient, avec la Tunisie et l'Egypte hier, la Libye aujourd'hui et des frémissements du Maroc au Yémen, se joue cependant dans un monde trois fois différent - ce sont les trois « i » du printemps arabe. Les deux premiers ont été largement commentés. C'est le « i » d'Internet, qui a joué un rôle d'accélérateur et d'amplificateur. Et le « i » d'islam, point commun des pays touchés. Point d'interrogation aussi, tant le champ des possibles semble large entre la laïcité turque et la théocratie iranienne.

La troisième spécificité, le troisième « i », ce sont les institutions. Car à l'inverse des pays de l'Est de l'Europe ou de l'Amérique latine, les pays musulmans du Proche-Orient n'ont pas ou peu de tradition démocratique. Les colonisateurs avaient préféré s'appuyer sur des rois de pacotille plutôt que se risquer à organiser des élections. Leurs héritiers ont continué, comme le montraient les excellentes relations de Paris avec le régime Ben Ali en Tunisie ou celles de Rome avec Kadhafi en Libye. Les peuples qui ont renversé ces régimes avec un incroyable courage vont devoir créer leurs modèles, leurs institutions. Beaucoup d'entre eux ont ici un atout... qui est aussi un boulet : leur sol regorge de gaz ou de pétrole.

Les économistes ont analysé depuis un demi-siècle la « maladie hollandaise » qui frappe les pays riches en ressources naturelles. L'accroissement de leurs exportations provoque une réévaluation de leurs devises qui freine leur développement industriel. Cette maladie n'est pas seulement économique, elle est aussi politique. Au Proche-Orient comme ailleurs, les pays bourrés de pétrole ont géré les problèmes par l'argent - ce que tente à nouveau Mouammar Kadhafi en Libye ou le roi Abdallah en Arabie saoudite. Ils n'ont pas constitué de cadre politique. Ils ont tous des institutions fragiles, de l'Arabie saoudite (20 % des réserves mondiales, selon BP) à la Libye (3 %) en passant par le Venezuela (13 %), l'Irak (9 %), le Koweït (8 %), les Emirats (7 %) et la Russie (6 %). L'un des plus grands défis du printemps arabe sera de trouver un vaccin contre le « dutch disease ».

Islam : le débat passionnel

Brice Hortefeux a participé mercredi à Rome à une réunion de ministres de l’Intérieur sur le risque d’une nouvelle immigration en provenance des pays du Maghreb. Y a-t-il un lien entre ce qui se passe en ce moment en Tunisie ou en Libye et le débat annoncé en France sur la place de l’islam ?

Il y a un lien évident car on sait que le débat sur l’islam, et donc sur l’immigration est déjà passionnel. Et ce n’est pas la crainte de voir arriver en Europe des dizaines de milliers de ressortissants de pays du Maghreb qui va contribuer à apaiser et à faciliter ce débat.

Soulignons que cette crainte ne relève pas du fantasme. Elle repose sur des faits réels. D’abord ces images de Tunisiens arrivant en masse sur l’île italienne de Lampédusa, à 167 km de leurs côtes. Et puis selon les autorités romaines c’est entre 200 et 300.000 libyens qui pourraient franchir la Méditerranée. Et, espace de Schengen oblige, ils ne resteraient pas tous dans la péninsule.

C’est pour ça que les ministres de l’Intérieur des six pays de l’Union baignés par la Méditerranée se sont retrouvés à Rome hier avant, ce matin, une réunion à Bruxelles des 27 ministres de l’Intérieur de l’Union européenne. C’est vrai que depuis la présidence française de l’Union, les politiques d’immigration sont en principe mieux coordonnées. Mais pour l’instant, on est encore dans la déclaration d’intention, chacun s’adressant avant tout à sa propre opinion nationale.

Ainsi, Brice Hortefeux avait un message simple à faire passer : l’Europe a plus que jamais le devoir de protéger ses frontières et de combattre l’immigration clandestine.

Et s’agissant principalement de la Tunisie voici ce qu’il dit : « lorsqu’un pays se démocratise, lorsque les libertés progressent, il ne peut y avoir de mouvement massif de demande d’asile. L’asile c’est quand on est persécuté, pas lorsqu’on est citoyen libre d’une démocratie naissance ».

Pour revenir au débat annoncé en France sur l’islam, en quoi la situation internationale le complique-t-elle ?

Parce qu’un tel débat ne peut prospérer utilement et aboutir à des propositions ou des solutions concrètes que dans un contexte apaisé, pas dans un contexte de peur. Or les turbulences au Maghreb font inévitablement monter la crainte d’un nouvel afflux d’immigration incontrôlée et d’une population principalement musulmane.

Politiquement, la question est déjà piégée. Et ressemble à celle de la poule et de l’œuf. Si on l’occulte, on laisse le Front national seul à traiter une question qui, qu’on le veuille ou non inquiète les Français. Si on s’en empare, certains disent que cela fait le jeu du Front national. Et c’est comme ça depuis trois décennies.

Mais pendant que l’on se pose la question faut-il parler de l’immigration et de l’islam, les événements, sans attendre que l’on trouve la réponse, se chargent de la mettre eux-mêmes sur la table. Donc on n’y échappera pas. Le tout est de le faire de manière précise, rigoureuse, sans tabous mais sans dogmatisme, sans fantasmes mais sans angélisme. C’est peut être cela qui sera le plus difficile.

Le décès de l’actrice Annie Girardot

L’actrice Annie Girardot, figure du cinéma français des années 1970-80, est décédée lundi à l’hôpital Lariboisière à Paris, à l’âge de 79 ans, a annoncé à l’AFP sa petite-fille Lola Vogel.
«Elle est partie paisiblement. Maman et moi étions à ses côtés», a déclaré Lola Vogel.
L’actrice souffrait depuis plusieurs années de la maladie d’Alzheimer, révélée au public par sa famille en 2006. Elle était devenue un symbole du difficile combat contre cette maladie, après avoir accepté de se faire filmer pour le documentaire Ainsi va la vie, de Nicolas Baulieu.
Née le 25 octobre 1931 à Paris, elle avait fait ses débuts au cinéma avec Treize à table de André Hunebelle, en 1955.
Après quelques films commerciaux, Rocco et ses frères de Visconti (1960) avait lancé véritablement sa carrière au cinéma. Jouant beaucoup, alternant grands rôles et films médiocres, elle s’illustre notamment dans Le mari de la femme à barbe (1963), Dillinger est mort (1969) de Marco Ferreri, Vivre pour vivre de Claude Lelouch (1967) ou encore Mourir d’aimer d’André Cayatte (1971).
Elle avait épousé avant de s’en séparer l’acteur italien Renato Salvatori (décédé en mars 1988), le père de sa fille Giulia.

Filmographie
Christian
«Merci la vie»
Il y a des jours... et des lunes
Faccia di lepre
Comédie d'amour
Cinq jours en juin
Ruf
The Legendary Life of Ernest Hemingway
Adieu blaireau
Souvenirs souvenirs
Liste noire
La revanche
La vie continue
All Night Long
Le cavaleur
L'ingorgo - Una storia impossibile
Le dernier baiser
L'affaire
Cours après moi que je t'attrape
D'amour et d'eau fraîche
Docteur Françoise Gailland
Il pleut sur Santiago
Le gitan
Il faut vivre dangereusement
Il sospetto
La gifle
La bande à Bonnot
Juliette et Juliette
Ursule et Grelu
Il n'y a pas de fumée sans feu
Traitement de choc
Elle cause plus, elle flingue
Les feux de la chandeleur
La mandarine
La vieille fille
Mourir d'aimer
Le clair de terre
Les novices
Il seme dell'uomo
Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause!
Storia di una donna
Un homme qui me plaît
Erotissimo
Les gauloises bleues
Metti, una sera a cena
La vie, l'amour, la mort
Dillinger è morto
Bice skoro propast sveta
Vivre pour vivre
Zhurnalist
Le streghe
Trois chambres à Manhattan
The Dirty Game
Una voglia da morire
Déclic et des claques
Le belle famiglie
Un monsieur de compagnie
La ragazza in prestito
La donna scimmia
L'autre femme
La bonne soupe
I fuorilegge del matrimonio
I compagni
Le vice et la vertu
Il giorno più corto
Smog
Le crime ne paie pas
Le bateau d'Émile
Pourquoi Paris?
Amours célèbres
Le rendez-vous
La proie pour l'ombre
21 rue Blanche à Paris
La française et l'amour
Rocco e i suoi fratelli
Recours en grâce
La corde raide
Bobosse
Le désert de Pigalle
Maigret tend un piège
L'amour est en jeu
Le rouge est mis
Reproduction interdite
L'homme aux clefs d'or
Le pays, d'où je viens
Treize à table