TOUT EST DIT

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mercredi 15 juin 2011

Le commentaire politique de Christophe Barbier




Comment la Grèce peut-elle éviter la faillite ?

Pour un Etat, faire faillite ne signifie pas, comme pour une entreprise, se retrouver en liquidation judiciaire. Aucun risque, donc, de voir les colonnes du Parthénon s'en aller orner les halls d'entrée des banques allemandes et françaises – les principales créancières de la Grèce. Mais, à en croire Wolfgang Schäuble, le ministre des finances allemand, une faillite d'Athènes – une incapacité à honorer le remboursement de sa dette – pourrait avoir "des conséquences encore plus dramatiques que l'effondrement de Lehman Brothers", banque américaine dont la banqueroute, en septembre 2008, avait déclenché une crise financière mondiale.

Ce qui inquiète les Européens, c'est l'effet domino. Le Portugal, l'Italie, l'Irlande, l'Espagne, dont les finances sont très dégradées, se retrouveraient la proie des spéculateurs, incapables de financer leurs économies à des taux acceptables. Les observateurs les plus pessimistes, comme l'Américain Nouriel Roubini, voient dans les difficultés de la Grèce les prémices d'un éclatement de la zone euro, condamnée à se séparer de ses membres les plus faibles, ceux de la "périphérie".
Soulager la Grèce du poids de sa dette abyssale – près de 350 milliards d'euros – sans qu'elle soit considérée en défaut de paiement : tel est l'enjeu des discussions quotidiennes entre les grands argentiers de la zone euro et le cabinet de Georges Papandréou. Entre le maintien d'un statu quo intenable et ce défaut de paiement, des pistes existent.
Sortir de l'euro. A une autre époque, la Grèce aurait pu dévaluer la drachme pour diminuer la valeur de sa dette et redonner de la compétitivité à l'économie nationale. Mais la drachme n'existe plus et une telle solution impliquerait une sortie de l'euro : trop coûteux pour Athènes, inenvisageable pour les Européens.
Soutenir financièrement la Grèce. C'est pour l'heure la ligne que suivent les partenaires d'Athènes : en 2010, l'Union européenne et le FMI ont débloqué 110 milliards d'euros pour permettre au gouvernement grec de continuer à fonctionner sans avoir besoin de se tourner vers des marchés financiers devenus inaccessibles. 53 milliards d'euros ont été versés à ce jour et de nouveaux fonds devraient être dégagés les 23 et 24 juin lors du Conseil européen à Luxembourg. Le chiffre de 60 milliards d'euros est évoqué.
Ces prêts ont deux objectifs : permettre à la Grèce de fonctionner au quotidien ; montrer aux investisseurs que la zone euro est solide et solidaire, et par là garder leur confiance pour que les autres pays ne soient pas victimes d'une éventuelle défiance. C'est cet aspect qui fait de la Grèce, selon les mots de l'économiste William de Vijlder, une sorte de "cobaye".
Privatiser. Déjà engagé, le plan de privatisations ne peut être qu'un complément à des plans plus ambitieux. Mais son ampleur devrait permettre de dégager des sommes non négligeables : allant de l'énergie aux transports en passant par les banques et les télécoms, ce vaste plan est censé rapporter 50 milliards d'euros d'ici à 2015. Jérôme Crill, économiste à l'OFCE et professeur à ESCP-Europe, met toutefois en garde contre des privatisations si massives qu'elles se solderaient par une prise de contrôle étrangère sur le pays : "La Grèce est déjà un pays sous quasi tutelle, ce serait dangereux qu'elle perde en plus le contrôle de ses grandes entreprises et s'expose à des délocalisations."

La piste chinoise. Fin 2010, une délégation emmenée par le premier ministre chinois, Wen Jiabao, était à Athènes. Pékin s'était alors engagé à soutenir la prochaine émission d'obligations grecques, sans qu'il soit possible de savoir si cette promesse a été tenue. Rien d'étonnant à ce soudain intérêt chinois pour la Grèce, explique Nicolas Dromel, chercheur au CNRS, associé à l'Ecole d'économie de Paris, qui rappelle que les fonds souverains chinois ont déjà acheté des parts des dettes portugaise et espagnole : "Cela rentre dans une stratégie chinoise de devenir les prêteurs du monde. Les Chinois ont de grandes capacités d'épargne et sont patients, ils n'ont pas besoin de récupérer leur mise rapidement. Ils peuvent se permettre d'être moins frileux que les autres pays."
Rééchelonner la dette. Accorder plus de temps à l'emprunteur pour rembourser ses dettes, soit une restructuration "douce" : une solution défendue notamment par Berlin – qui souhaiterait accorder un répit de sept ans à Athènes – ou par le chef de file des ministres des finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker. Un tel rallongement des échéances de remboursement doit recueillir le soutien des créanciers publics comme privés. Ces derniers semblent prêts à des concessions : plusieurs banques françaises et allemandes ont indiqué récemment soutenir une telle initiative si elle était appuyée par une large base d'investisseurs. Cette hypothèse paraît donc la plus crédible à court terme.
Mais aussi "douce" soit-elle, cette solution constitue déjà un aveu de faiblesse propre à provoquer l'effet domino tant redouté. La Banque centrale européenne s'y oppose, estimant qu'elle sèmerait le doute chez les investisseurs quant à la crédibilité de la zone euro. La BCE insiste par ailleurs sur le caractère "purement volontaire" de la participation du secteur privé à ce plan, faute de quoi les marchés risqueraient de s'affoler.
Pour Jérôme Crill, l'enjeu d'un tel plan est "presque d'ordre sémantique" : "Objectivement, tout plan qui implique une restructuration revient pour les Européens à s'avouer vaincus, à reconnaître que la zone euro, si riche soit-elle, n'a pas les moyens de se défendre : l'objectif serait alors uniquement de minimiser la catastrophe, de la faire passer pour autre chose qu'un défaut de paiement." L'agence de notation Standard & Poor's a d'ores et déjà prévenu qu'elle n'était pas dupe en indiquant qu'elle considérerait un rééchelonnement "de facto comme un défaut" et baisserait encore sa note sur la Grèce. Elle vient déjà de la dégrader à CCC, faisant du pays le plus mal noté au monde.

Négocier une décote de la dette. C'est la version "dure" de la restructuration, qui consiste à négocier un "haircut" avec les créanciers, une réduction pure et simple des montants qui leur sont dus. Les créanciers, conscients qu'il vaut mieux récupérer une partie de la mise plutôt que de tout perdre, doivent toutefois donner leur accord. L'hypothèse est pour l'instant taboue : le risque de contagion serait immense et toute l'Europe pâtirait de cet aveu de faiblesse. Les décideurs européens estiment aussi que cette solution mettrait en danger les banques de tout le continent et particulièrement les banques hellènes, grandes créancières de la Grèce.
Nombreux sont ceux qui croient pourtant cette solution inéluctable, tant la dette grecque est importante (de l'ordre de 140 % du PIB). Certains l'appellent même de leurs vœux, comme Nicolas Dromel. Pour lui, il s'agit d'un "mal nécessaire" pour en finir avec le surendettement : "Continuer à aligner les prêts et les aides ne suffira pas, puisque Athènes n'arrive pas à accroître ses revenus et à diminuer suffisamment ses dépenses pour retrouver une situation équilibrée. Autant une restructuration dure n'était pas envisageable l'année dernière, en sortie de crise financière, autant elle l'est cette année." Une telle solution, qui verrait la Grèce disqualifiée pour plusieurs années sur les marchés, serait aussi un signal fort envoyé aux autres pays en difficulté et les pousserait à une gestion plus rigoureuse. Ils comprendraient, explique Nicolas Dromel, qu'"on ne peut pas sauver tout le monde tout le temps".
Un consensus : réformer. Si ces solutions de court terme ne s'excluent pas nécessairement entre elles, les observateurs s'accordent pour dire qu'elles doivent toutes s'accompagner d'un programme de réformes extrêmement sévère, le seul qui permettrait au pays de retrouver une stabilité à long terme. Les aides accordées depuis 2010 par l'UE et le FMI s'accompagnent d'ailleurs de dures contreparties – des "sacrifices" pour Jérôme Crill : hausse des taxes, baisse du salaire des fonctionnaires, baisse des pensions, fin du treizième mois... Des mesures censées rapporter des milliards d'euros, mais à un horizon assez lointain.
Pour Jérôme Crill, il serait bien plus intéressant de lutter contre l'évasion et la fraude fiscales, estimées fin 2010 à "environ 30 % du produit intérieur brut", selon la brigade financière grecque. Surtout, surmonter ce problème serait "plus efficace en terme de revenus et plus facile à accepter par la population qu'une mesure comme la suppression du treizième mois", assure l'économiste de l'OFCE.

Le Premier ministre grec prêt à se sacrifier pour l'austérité

Selon Skynews, le chef du gouvernement grec, George Papandreou, serait prêt à démissionner au profit d'un gouvernement d'union nationale pour sauver le plan d'austérité. 

Selon Sky News, le chef du gouvernement grec, George Papandreou, serait prêt à démissionner au profit d'un gouvernement d'union nationale pour sauver le plan d'austérité.
"Si je suis le problème, je ne vais pas rester bloqué sur mon fauteuil. Je peux débattre de tout, y compris d'un gouvernement d'union nationale", a déclaré le Premier ministre au chef de l'opposition, Antonis Samaras, selon la chaîne de télévision Net TV.
Le gouvernement grec va "assumer ses responsabilités" pour sortir le pays de la crise, a déclaré mercredi le Premier ministre grec, engagé dans un intense marchandage avec son opposition de droite pour qu'elle épaule une politique d'austérité contestée dans la rue. "Nous assumons nos responsabilités envers le peuple et le pays, nous allons continuer d'avancer et prendre les mesures nécessaires pour sortir le pays de la crise", a déclaré George Papandreou, alors que des milliers de gens ont protesté dans la journée à Athènes et Salonique contre les nouvelles mesures d'austérité soumises au Parlement pour tenter d'éviter que la Grèce fasse défaut sur sa dette.
"Il faut un effort national car nous sommes à un moment historique crucial et nous devons prendre des décisions cruciales" a-t-il ajouté. "Je crois au bénéfice de l'entente nationale, je suis toujours en contact avec les autres chefs de partis, à partir de là, chacun assume ses responsabilités" a-t-il dit.

Le Premier ministre s'est ensuite entretenu au téléphone avec son rival de droite, Antonis Samaras, et selon la télé publique Net, les deux hommes ont entamé un intense marchandage autour d'une ouverture du gouvernement au delà des rangs socialistes.
Selon Net, aucun accord n'avait toutefois été trouvé en fin d'après-midi, alors que les services du Premier ministre ont indiqué qu'il fera ultérieurement une intervention télévisée. Selon des fuites du camp conservateur relayées par les médias, M. Samaras aurait conditionné tout soutien à un remplacement de M. Papandréou à la tête du gouvernement, et à une renégociation du plan de redressement dicté au pays par ses créanciers, zone euro et Fonds monétaire international.
De source gouvernementale, un scénario d'élections anticipées, agité récemment par les médias grecs, a en tout cas été "totalement" exclu.
Mercredi, devait commencer dans la soirée au Parlement l'examen du projet de loi budgétaire comprenant un nouveau volet d'austérité d'ici à 2015, prévoyant des économies nouvelles de 28,4 milliards d'euros d'ici à 2015 et des privatisations massives. Ce nouveau plan de rigueur est destiné à obtenir une nouvelle aide financière auprès des créanciers du pays, une nouvelle fois au bord de la faillite.

Grèce: des manifestations dégénèrent

Déployés en nombre dans le centre d'Athènes, les policiers grecs ont tiré des gaz lacrymogènes aujourd'hui pour repousser des manifestants qui tentaient de bloquer le Parlement, où le gouvernement devait lancer un débat sur les nouvelles mesures d'austérité prévues en contrepartie des prêts internationaux qui ont évité à la Grèce de faire faillite l'an dernier. Des manifestants ont de leur côté lancé des engins incendiaires sur le bâtiment abritant dans le centre d'Athènes le ministère de la Justice.

Nouvelles coupes budgétaires

Les heurts se sont produits au moment où le premier ministre Georges Papandréou, en butte à une révolte ouverte au sein de son camp socialiste et au refus de l'opposition conservatrice de soutenir les nouvelles réductions, s'entretenait avec le président Karolos Papoulias de la grave crise de la dette qui frappe le pays. L'agence Standard & Poor's jours a de nouveau dégradé la note de la dette souveraine de la Grèce lundi soir.

Effort national

"Un effort national est requis. Parce que nous sommes à un moment historiquement crucial et à un moment de décisions cruciales", a déclaré M. Papandréou au chef d'Etat, ajoutant demeurer en contact avec les dirigeants de l'opposition pour obtenir leur soutien en faveur des nouvelles réductions. "Mais d'un autre côté, chacun doit assumer ses responsabilités", a jugé le Premier ministre. "En tout cas, nous irons de l'avant" et prendrons les "décisions nécessaires" pour sortir le pays de la crise. Ses propos, rapportés par ses services, ont apaisé les craintes d'une possible annonce d'élections anticipées.

Dans le cadre d'une grève générale de 24 heures, une grande partie du centre de la capitale grecque était fermée à la circulation et aux passants. Le dispositif de sécurité était destiné à permettre aux députés d'accéder en voiture au Parlement. Quelque 5.000 policiers, dont des centaines d'agents anti-émeute, étaient mobilisés. Des bus étaient stationnés et des barrières érigées pour empêcher les protestataires d'encercler le bâtiment. La situation s'est tendue près d'une entrée du Parlement quand des manifestants ont essayé de renverser les barrières et jeté des bouteilles en plastique en direction des policiers anti-émeute, qui ont riposté.

Trois banques françaises dans le collimateur de Moody's en raison de leur exposition à la Grèce

Moody's envisage d'abaisser la note des banques françaises BNP Paribas, Société générale et Crédit agricole du fait de leur exposition à la Grèce, dont la même agence d'évaluation financière a baissé la note début juin, selon une série de communiqués publiés mercredi 15 juin.

L'évaluation des trois établissements français aura pour objet principal leur exposition à la dette de l'Etat grec et à celle du secteur privé. N'écartant plus un défaut de paiement d'Athènes, Moody's mesurera notamment "l'incohérence potentielle qui pourrait exister entre un défaut ou une restructuration [de la dette grecque] et les notes actuelles" des établissements français.

Moody's précise que l'examen ne devrait pas entraîner d'abaissement de notation de plus d'un cran dans le cas de BNP Paribas et du Crédit agricole. La note à long terme du Crédit agricole est actuellement de Aa1, la deuxième plus élevée dans la hiérarchie de Moody's, tandis que celle de BNP Paribas est de Aa2, un cran en dessous.
Par contre, pour la Société générale, la dégradation pourrait atteindre deux crans, dans la mesure où l'examen inclura également une réévaluation du soutien dit "systémique", c'est-à-dire l'aide que pourraient fournir les pouvoirs publics en cas de crise grave. Actuellement, l'apport de ce soutien potentiel à la note de la Société générale est plus élevé que pour les autres banques françaises, souligne l'agence.
EXPOSITIONS DIFFÉRENTES
Moody's rappelle que l'exposition à la Grèce n'est pas de même nature pour les trois banques. Dans le cas du Crédit agricole, elle tient avant tout à sa filiale Emporiki et concerne donc pour l'essentiel des créances privées. L'agence considère que l'effet "secondaire" d'un défaut de l'Etat grec pourrait être "significatif" pour la banque, du fait de cette exposition à l'économie locale.
Pour BNP Paribas et la Société générale, en revanche, c'est avant tout le portefeuille de titres d'Etat qui est concerné. Il atteignait, fin mars, 2,5 milliards d'euros pour la Société générale et 5 milliards d'euros pour BNP Paribas. Il n'était que de 600 millions d'euros pour le Crédit agricole.
Par ailleurs, la Société générale possède également une filiale en Grèce, Geniki, mais avec un portefeuille de prêts au secteur privé nettement plus restreint que celui d'Emporiki, à 3,4 milliards d'euros contre 21,1 milliards d'euros, rappelle Moody's.
L'agence précise que, lors de son évaluation, elle prendra également en compte le profil financier "solide" des établissements français, l'effet de taille et la diversité de leurs sources de revenus.
Moody's a abaissé de trois crans la note de la Grèce début juin, de B1 à Caa1, et a indiqué qu'elle envisageait de l'abaisser de nouveau, citant une "augmentation du risque que la Grèce ne puisse stabiliser son endettement sans une restructuration de sa dette".
PARIS MINIMISE
Sur France Info, Laurent Wauquiez, ministre des affaires européennes français, a cherché à minimiser les risques liés à l'intention de Moody's d'abaisser la note des trois établissements bancaires du fait de leur exposition à la Grèce. "Les banques françaises ont des expositions qui sont en Grèce, liées à l'économie grecque, elles sont parfaitement publiques, donc il n'y a absolument rien qui est caché et par ailleurs le secteur bancaire français est moins exposé par exemple que le secteur bancaire allemand", a-t-il affirmé. Selon des chiffres publiés le 6 juin par la Banque des règlements internationaux (BRI), les banques allemandes détenaient fin 2010 un total de 22,6 milliards de dollars (15,3 milliards d'euros) de dette publique grecque, contre 15 milliards de dollars (10,5 milliards d'euros) pour les banques françaises. "Je crois que sur tous ces sujets, il faut du calme, de la sérénité", a dit M. Wauquiez.
DIFFICILES NÉGOCIATIONS AUTOUR DU PLAN D'AIDE
La zone euro peine à boucler un nouveau plan d'aide financière indispensable à la Grèce en raison de divergences sur l'effort à demander aux banques créancières du pays, menacé de banqueroute à en croire les agences de notation.
Les ministres des finances de la zone euro se sont de nouveau réunis mardi, mais les négociations achoppent sur la question de la participation des créanciers privés. Ils doivent  se retrouver dimanche à Luxembourg, un jour plus tôt qu'initialement prévu, et poursuivront leurs discussions le lendemain.
Pour la Grèce et la zone euro, le temps presse. L'enjeu des discussions est de trouver d'ici à la fin du mois un moyen d'éviter la faillite à la Grèce, toujours incapable d'emprunter elle-même sur les marchés pour financer son déficit, sans que les modalités de cette aide n'équivalent à un défaut de paiement pour Athènes.
L'Allemagne exige qu'une nouvelle aide s'accompagne d'une "participation du secteur privé", à savoir les banques, assureurs et autres fonds détenteurs de dette grecque. Berlin a réussi à imposer l'idée à ses partenaires européens, mais la manière d'y parvenir continue de les diviser.

Grèce : Les "indignés" dans la rue

Les administrations et les transports maritimes et urbains étaient sérieusement perturbés mercredi en Grèce, jour de grève générale à l'appel des principales centrales du pays, tandis que des manifestations massives se préparaient à Athènes et dans d'autres villes.

Des centaines de manifestants appartenant au mouvement de protestation populaire des « indignés », affluaient tôt mercredi matin sur la place centrale de Syntagma devant le parlement, submergée par des drapeaux grecs ou espagnols ainsi que des banderoles, dont plusieurs indiquaient « No pasaran » (« ils ne passeront pas », en espagnol), « Résistez ». Campant sur la place Syntagma depuis trois semaines, les indignés grecs ont prévu de former une chaîne humaine et d'encercler le parlement, où doit commencer mercredi l'examen du projet de loi budgétaire comprenant un nouveau volet d'austérité d'ici à 2015, dicté par les créanciers du pays, Union européenne et Fonds monétaire international.

Le Parlement en état de siège

Mercredi matin, la police a placé une barre de fer en travers de la rue, devant l'entrée du parlement, des dizaines de fourgons policiers sont stationnés devant l'entrée du bâtiment afin de permettre l'accès aux députés et d'empêcher la foule de s'en approcher. Plusieurs artères autour du parlement étaient fermées à la circulation et aux piétons. Les rassemblements à l'appel des syndicats devraient commencer en fin de matinée. La tension sociale ne cesse de monter en Grèce ces derniers jours, des manifestants s'en sont récemment pris à des députés et des membres du gouvernement socialiste dénonçant « la nouvelle rigueur », qui devrait être imposée au pays selon le projet budgétaire à moyen terme 2012-2015 destiné à tenter d'obtenir une nouvelle aide financière de l'Europe et du FMI. La Grèce a déjà subi en 2010, une première vague d'austérité - qui a alimenté la récession - en échange d'un premier prêt de 110 milliards d'euros débloqué en mai l'an dernier par la zone euro et le FMI pour que la Grèce, incapable de se refinancer elle-même sur les marchés financiers, puisse éviter la faillite, et que la cohésion de la zone euro soit maintenue.

« Tout pour tout le monde »

Selon le gouvernement, le vote par le Parlement de ce projet de loi est la condition pour le versement de la cinquième tranche de ce premier prêt, dont 53 milliards au total ont été versés à ce jour par UE et FMI.
Au moment où le pays ne pourra pas accéder au marché en 2012 comme prévu initialement, la zone euro s'est de nouveau penchée mardi sur la Grèce pour discuter d'un nouveau plan d'aide financière. Mais les discussions peinent à aboutir en raison de divergences sur l'effort à demander aux banques créancières du pays, menacé de banqueroute selon les agences de notation. Dans la rue mercredi, les slogans et banderoles pariaient sur un vaste soulèvement populaire, certains collectant des signatures pour un référendum sur le plan d'austérité. « Para todos todo » (« tout pour tout le monde ») était inscrit en espagnol sur une banderole devant le Parlement. Sur d'autres, on lisait « Le parlement doit devenir leur prison », « Non à la gouvernance mondiale », « Voleurs, prenez vos bagages et quittez le pays »« C'est à nous de parler maintenant ». En sifflant et en applaudissant, certains portant des drapeaux grecs, les manifestants appelaient les forces anti-émeutes « à jeter leurs boucliers et à rejoindre la foule ».

Pourquoi la Grèce va entrainer l’euro dans sa chute

Standard & Poor's vient une fois encore de s’en prendre à l’économie grecque, qui affiche désormais la note la plus basse du monde. Si l’on tient compte de l’histoire de la Grèce, connue pour son dysfonctionnement politique et économique, les seize autres pays de la zone euro sont eux aussi en danger, estime l'Irish Times. 

Encore un peu, et la Grèce ne sera plus qu’un Etat en déshérence. Sa société manque de cohésion, elle est profondément divisée. Son économie est en état de choc. Et à en juger par l’histoire du pays, nous sommes à l’aube de très graves ennuis. Il y a plus d’un an, quand la troïka des institutions qui supervisent aujourd’hui le renflouement de l’Irlande a débarqué à Athènes, d’aucuns espéraient que le pays le plus mal gouverné de l’Europe développée pourrait être ramené dans le droit chemin.
La Grèce venait de se doter d’un nouveau gouvernement, dont les plus hauts responsables avaient l’air de vouloir vraiment mettre en place des réformes radicales. Nombre de Grecs, surtout les jeunes et les cadres, conscients du degré de dysfonctionnement de leur pays, étaient en faveur d’une rupture. Beaucoup disaient que cette crise était synonyme de chance.

La Grèce en défaut de paiement une année sur deux depuis 1820

Ce discours-là a vécu. Aujourd’hui, la crise n’est plus synonyme que de menaces et de risques. Ce qui, sous bien des aspects, n’a rien de surprenant. Le dysfonctionnement chronique de l’Etat hellène est établi depuis longtemps. Depuis l’indépendance, il y a presque deux cents ans, la Grèce a connu la guerre civile, des soulèvements, des déplacements massifs de population, des dictatures et le terrorisme.
Rien ne reflète mieux l’échec de l’Etat que la question qui a propulsé le pays sous les feux de l’actualité internationale depuis dix-huit mois : le chaos budgétaire. D’après une étude menée par les historiens de l’économie Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, l’Etat grec s’est trouvé en défaut de paiement près d’une année sur deux depuis sa fondation dans les années 1820. Se débattant sous le fardeau d’une dette publique qui est la deuxième du monde, il semble sur le point de renouer avec cette tradition.
L’incapacité de l’Etat grec à préserver sa solvabilité s’explique en partie par l’histoire. Ayant passé des siècles en tant que province dominée par l’empire ottoman, la Grèce a été coupée des changements progressifs qu’ont vécus la politique et la société en Europe occidentale. Une des conséquences en a été une société civile faible et une tradition limitée dans le domaine de l’indépendance des institutions. En Grèce, les détenteurs du pouvoir politique en usent avec un degré d’absolutisme inhabituel dans le reste de l’Europe démocratique.
Le fait que la Grèce ait joué le rôle de catalyseur dans la crise de la dette souveraine en Europe en est l’exemple le plus pertinent. Dans les pays où l’exercice du pouvoir se heurte à des limites, les statisticiens travaillent indépendamment sur leurs chiffres. En Grèce, au cours des dix dernières années, le gouvernement a obligé l’institut national des statistiques à communiquer des chiffres monstrueusement trafiqués, plaçant à sa tête des hommes de son choix pour veiller à ce qu’il en aille ainsi.
C’est à l’issue d’un changement de gouvernement que l’on a pris toute la mesure de la fraude, à la fin de 2009. Pendant les premiers mois de 2010, le marché obligataire a peu à peu compris que l’Etat grec était ruiné. Et depuis, le monde subit les conséquences de la crise de la dette souveraine de la zone euro.
Les dimensions de l’économie noire grecque sont le reflet non seulement de la faiblesse de l’Etat, incapable d’imposer la loi équitablement, mais aussi du manque de solidarité de sa société. Une étude réalisée par l’économiste allemand Friedrich Schneider montre qu’en 2010, l’économie parallèle de la Grèce représentait un quart de l’économie officielle. La Grèce, sur ce plan, arrivait en tête du classement des 21 pays développés pris en compte dans cette étude.
La corruption généralisée de la vie publique est un autre facteur expliquant la faillite de l’Etat grec. D’après l’ONG Transparency International, la Grèce était l’Etat le plus corrompu des pays européens développés en 2009 et son indice de perception de la corruption la situait au 57e rang mondial (l’Irlande était 16e).
Une fois entrée dans les mœurs, la corruption est une habitude très difficile à combattre. Elle a notamment pour effet de polariser la société. Ce n’est pourtant pas comme si la société grecque n’en avait pas souffert. Soumis à une dictature militaire jusqu’en 1974, les Grecs ont subi toutes les formes d’injustices associées à ce type de régime, des arrestations arbitraires à la torture en passant par les exécutions sommaires.

0,5 du PIB annuel grec consacré à la recherche

Tout cela après une guerre civile qui coûta la vie à près de 50 000 personnes au cours de la deuxième moitié des années 40. La Grèce reste la société la plus militarisée d’Europe et affiche toujours les dépenses de défense les plus importantes du continent. Les violences de rue sont monnaie courante et le pays abrite toujours une nébuleuse de cellules terroristes, même si celles-ci sont moins actives depuis quelques années. Si la situation économique continue de se dégrader, certains milieux pourraient se radicaliser et en désespoir de cause se tourner vers la violence extrémiste.
Il existe un risque de détérioration important. Les contraintes sociales et la corruption généralisée ne sont pas en elles-mêmes des facteurs de faiblesse économique – il suffit de regarder l’exemple de l’Inde et de la Chine – mais elles n’arrangent rien. Malheureusement pour la Grèce, même si ces deux problèmes disparaissaient du jour au lendemain, il est peu probable que cela suffise à enrayer son déclin économique.
La Grèce exporte tellement peu qu’elle constitue l’économie la plus fermée des 27 pays membres de l’UE. Un petit pays de tout juste 10 millions d’habitants ne peut pas s’enrichir sans exportation.
Aucun pays ne peut s’enrichir sans innovation. L’un des meilleurs indicateurs de la capacité d’un pays à innover se trouve dans le montant des dépenses de recherche et développement. En Grèce, l’Etat et les entreprises consacrent 0,5 % du PIB annuel à la recherche, soit moins d’un tiers de la moyenne européenne. Parmi les 15 membres historiques de l’UE, la Grèce a toujours affiché le budget de recherche le plus faible.
La situation de la Grèce ne pousse guère à l’optimisme. L’économie, le système politique et la société sont en panne. Ce n’est pas seulement une mauvaise nouvelle pour les Grecs mais aussi pour leurs 16 partenaires de la zone euro. Si la Grèce s’effondre, elle pourrait bien entraîner la monnaie unique dans sa chute.


Vu d'Athènes

Le rééchelonnement ou la menace d'un suicide

Le débat fait rage sur la place de la Constitution où, depuis deux semaines, les "indignés" d’Athènes se rassemblent par milliers le soir pour manifester leur colère face à la situation économique et sociale du pays. Parmi eux, Yannis Varoufakis, professeur d'économie à l'Université d'Athènes, a envoyé une lettre au Premier ministre Georges Papandréou, rapporte dans To Vima  Pantelis Kapsis, l'un des éditorialistes les plus influents du pays. Le professeur invite Papandréou à descendre sur la place pour "annoncer aux manifestants que l’heure est venue de redresser la tête et de voir les choses en face : nous ne recevrons plus un sou de l’Europe si nous n’appliquons pas les mesures qu’elle impose."
Mais pour Kapsis, quand bien même le Premier ministre parviendrait ainsi à convaincre ses concitoyens du bien-fondé de l'austérité et des privatisations massives réclamées, "de toutes les façons, nous feront défaut – car il nous sera impossible de faire un nouveau prêt et de rembourser notre dette". "Le professeur Varoufakis n’est pas fou", poursuit l'éditorialiste. "Il sait aussi que l’Europe ne veut pas de la faillite grecque, d’où la nécessité de la réouverture du débat sur les eurobonds [titres européens de la dette]. Mais on sait que certains veulent écarter la Grèce de l’euro. Le rééchelonnement n’est qu’une pommade. C’est comme menacer de nous suicider…reste à savoir si cela va arriver .


Le Soleil devrait connaître une longue période inhabituelle d'hibernation

Le Soleil devrait connaître une longue période inhabituelle de très faible activité, selon trois recherches dévoilées mardi aux Etats-Unis, ce qui pourrait affecter le climat terrestre.
Des astronomes américains ont observé une diminution des taches solaires et un ralentissement de l'activité près des pôles, des signes que le Soleil s'achemine vers une période prolongée de calme plat.
Alors que le cycle actuel du Soleil, le 24e débuté en 2008, commence à accélérer son activité vers un maximum qui se mesure en nombre de taches, des recherches sur l'activité intérieure de l'astre, de sa surface visible et de sa couronne laissent penser que le prochain cycle pourrait être très calme voire inexistant, selon des scientifiques du "National Solar Observatory" (NSO) et de l'"Air Force Research Laboratory".
"Si nous ne nous sommes pas trompés, le cycle actuel pourrait être le dernier d'activité solaire maximum que nous verrons avant plusieurs décennies", souligne Frank Hill, directeur adjoint du NSO, en commentant les résultats de ces recherches. Il est le principal auteur de l'une d'elles.
Qualifiant ce phénomène de "très inhabituel et d'inattendu", l'astronome a estimé que cela "affecterait un grand nombre de choses, de l'exploration spatiale au climat terrestre".
Ainsi, dans le passé, une faible activité magnétique solaire prolongée a coïncidé avec des glaciations sur notre planète. Pendant ces périodes, l'atmosophère terrestre se refroidit et se contracte et les tempêtes magnétiques près des pôles (aurores boréales), des phénomènes qui peuvent perturber les systèmes de communication terrestres, se raréfient.
"Le fait que trois observations totalement différentes du Soleil pointent dans la même direction est une solide indication que le cycle des taches solaires pourrait s'acheminer vers une hibernation", ajoute Frank Hill.

Une hibernation qui ne compensera pas le réchauffement lié aux émissions de CO2

Le nombre de taches solaires s'accroît et retombe tous les onze ans environ (durée d'un cycle), ce qui correspond à la moitié de la période à la fin de laquelle les pôles magnétiques s'inversent.
La première question est celle de savoir si ce ralentissement de l'activité solaire présage d'un second "Minimum de Maunder", une période de 70 ans de 1645 à 1715 sans aucune tache solaire et durant laquelle l'Europe a connu un petit âge glaciaire.
Matt Penn et William Livingston de l'Université Cornell (New York) ont constaté une tendance à long terme d'affaiblissement des taches solaires et prédit que les éruptions dans le champ magnétique du Soleil lors du prochain cycle seront si faibles que très peu de taches se formeront, voire aucune.
Ces taches résultent d'éruption de flux magnétiques provenant de l'intérieur du Soleil et qui empêchent des gaz moins chauds en surface d'y retourner.
Pour qu'une tache se forme, le champ magnétique solaire doit avoir une force minimum de 1.500 gauss (unité de mesure électromagnétique). Or, selon ces chercheurs, la force moyenne du champ magnétique solaire a diminué de 50 gauss par an depuis treize ans et va tomber au-dessous de ce minimum.
Mais selon Georg Feulner du Potsdam Institute en Allemagne, une forte réduction de l'activité solaire ne compensera pas le réchauffement lié aux émissions de CO2 résultant des activités humaines.
Il a calculé dans une récente étude qu'une période similaire au "Minimum de Maunder" ferait baisser les températures de 0,3 degré Celsius, or la hausse attendue d'ici la fin du siècle par le groupe intergouvernemental d'experts de l'ONU sur le climat (Giec) est de 3,7 à 4,5 degrés.

La lente sortie du berlusconisme


Des désertions dans son propre camp. Des défaites cuisantes comme celle subie à Milan il y a deux semaines. Un désaveu cinglant et personnel, infligé par 57 % des électeurs lors du référendum de ce week-end... La parabole politique de Silvio Berlusconi a, depuis un an, amplement amorcé sa phase descendante. Reste à écrire sa sortie de scène. Le morceau le plus difficile de la pièce tragi-comique dont il tient le premier rôle.

La réponse des Italiens aux questions référendaires qui leur étaient posées dimanche marque probablement un tournant. Non seulement l'invitation faite par le Cavaliere à déserter les urnes n'a pas été suivie, mais les résultats parlent clair. 95 % et plus des votants ont dit non au nucléaire, contrairement aux désirs du gouvernement. Non à l'ouverture au privé de la gestion des ressources hydriques, contrairement aux projets de privatisation caressés par l'exécutif.

Enfin, et c'est politiquement le plus significatif, vingt-six millions d'Italiens ont demandé l'abrogation d'une des lois faites sur mesure par les avocats-parlementaires de Berlusconi pour renforcer son immunité face aux innombrables procédures judiciaires en cours. L'électorat de gauche ne suffit pas à expliquer ce chiffre. C'est bien un désaveu de ses propres électeurs que Berlusconi doit encaisser. Les scores sans appel enregistrés en Vénétie ou en Lombardie en témoignent.

Plébiscite renversé, ce référendum traduit une envie de participation de la société italienne que l'on disait un peu trop vite lobotomisée par les paillettes du berlusconisme. Le rejet du nucléaire n'est pas nouveau dans la Péninsule, mais il est redit avec une vigueur qui pourrait, après les choix de l'Allemagne, contribuer à relancer le débat en Europe.

En outre, dans un pays fortement individualiste, la demande de service public que dénote le vote sur l'eau est, elle aussi, indicative d'un besoin de changement profond. Enfin, la mobilisation des promoteurs de ce référendum et surtout des jeunes, sur Internet, marque une évolution notable dans la communication politique. Le savant boycottage de cette initiative par les responsables de la télévision publique (et aussi évidemment des chaînes dont Berlusconi est le propriétaire) a été sans effet. La télécommande du pouvoir était sans pile. Le « grand communiquant » dépassé.

Tous ces éléments donnent à réfléchir aux représentants de la Ligue du Nord, soutien vital pour Berlusconi. Ce parti protestataire a fait de son ancrage sur le territoire (du Nord en l'occurrence) sa raison d'être et de durer. Or sa base est en colère. Dans une économie déprimée, les exportateurs lombards ou vénitiens sont las de l'image de l'Italie colportée par le bunga-bunga. Beaucoup d'analystes considèrent la rupture avec la Ligue, tôt ou tard, inévitable. On sera peut-être fixé rapidement, puisqu'un vote de confiance délicat est prévu la semaine prochaine.

Reste la difficulté de faire des prévisions avec Berlusconi. Sa longévité ne tient plus uniquement à l'absence d'alternative crédible à gauche, ou au retour sur investissement que sa conception du fisc garantit à ses électeurs. Elle tient pour beaucoup aux dimensions hors norme de son pouvoir économique, médiatique, politique. Il a tellement occupé l'espace public depuis vingt ans, que sa sortie en est devenue complexe. Comme une armoire encombrante. Très encombrante même. Surtout pour ses alliés. Il vient de perdre plusieurs batailles, mais le bouquet final n'est pas encore écrit.

Toute solution évitant un défaut de la Grèce est acceptable pour Christian Noyer

Toute solution au problème de la dette publique de la Grèce qui permettrait d'éviter une situation de défaut serait acceptable pour la Banque centrale européenne (BCE), a déclaré Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France — membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne —, lors de la conférence de presse de présentation du rapport annuel de l'institution.

"Il faut absolument éviter tout ce qui aboutirait à une déclaration de défaut, parce que ce serait un risque extraordinairement grave pour le financement de l'économie grecque. Par répercussion, cela pourrait l'être pour le financement d'un certain nombre de régions de la zone euro", a dit Christian Noyer, qui a récemment qualifié de "scénario de l'horreur" l'hypothèse d'une restructuration de la dette grecque. Il a ajouté que la décision revenait, au final, aux gouvernements de la zone euro.
DES TAUX EN LÉGÈRE HAUSSE
Christian Noyer s'est dit "tout à fait convaincu" qu'une solution serait trouvée à la crise grecque. Il a souligné que l'opposition de la BCE à une restructuration de la dette grecque n'était pas motivée par un éventuel risque pour les banques européennes, ni par une quelconque volonté de protéger les comptes de la BCE. Dans ses seules opérations d'achats de titres, l'institution de Francfort a acquis pour environ 45 milliards d'euros de titres de dette grecque.
Il a précisé qu'en cas de défaut, la BCE ne pourrait plus accepter les titres de dette grecque comme un collatéral aux prêts qu'elle consent aux banques dans le cadre des opérations de refinancement. Il a néanmoins laissé ouverte la possibilité pour les banques grecques d'accéder à ces opérations selon d'autres modalités.
PROBLÈMES DE FINANCEMENT À LONG TERME
La Grèce a emprunté mardi 1,625 milliard d'euros à six mois, à un taux de 4,96 % en légère hausse par rapport à celui qu'elle avait obtenu lors de la dernière émission similaire d'obligations il y a un mois, a annoncé l'Agence de la dette publique. L'émission a été sursouscrite plus de deux fois avec une demande totale de 3,225 milliards d'euros pour une offre de départ de 1,250 milliard d'euros, a indiqué l'agence.
Lors de la précédente émission d'obligations sur six mois le 10 mai, la Grèce avait levé 1,625 milliard d'euros en obligations, à un taux de 4,88 %. La demande totale avait été de 4,474 milliards d'euros pour une offre de départ de 1,250 milliard d'euros. En raison de sa dette énorme (plus de 150 % du PIB), la Grèce ne parvient pas à se financer à long terme sur les marchés en raison des taux prohibitifs de ses obligations. Des emprunts à court terme sont toutefois effectués deux fois par mois.

Grèce : le déficit budgétaire continue d'exploser en 2011

Alors que les ministres des finances de l'Eurogroupe tenaient mardi une réunion pour évoquer le plan d'aide à la Grèce, le ministère des finances grec a annoncé que le déficit budgétaire du pays a dérapé sur les cinq premiers mois de 2011, s'établissant à 10,275 milliards d'euros alors que l'objectif était de 9,072 milliards. En un an, le déficit public grec s'est donc creusé de 12,9 %, malgré le plan de soutien de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI).
Ce résultat, sur la base d'estimations "provisoires", découle surtout d'un manque à gagner de 1,936 milliard sur le total des recettes par rapport aux objectifs fixés par le budget. Les dépenses budgétaires, elles, sont en hausse de 6,4 % par rapport aux cinq premiers mois de 2010, à 27,592 milliards, soit 1,015 milliard de plus que prévu.
LA HAUSSE DES DÉPENSES SE POURSUIT
Le ministère a imputé dans un communiqué cette évolution au recul plus grave que prévu de la croissance au dernier trimestre 2010, à un tassement des recettes des impôts, et à une hausse des retours sur avances "du fait du règlement de différends d'années passées".
La hausse des dépenses, en dépit d'un an de rigoureuse austérité, est, elle, due au déblocage d'une ligne de crédit de 375 millions d'euros pour acquitter une part des lourdes dettes des hôpitaux, et au poids du service de la dette, avec des dépenses en hausse de 8,3 % sur un an, à 5,844 milliards.
Le gouvernement socialiste grec a prévu des mesures d'économies supplémentaires de 6,4 milliards en 2011, pour pallier ce dérapage. Le programme, qui suscite la fronde jusque dans les rangs de la majorité, doit être soumis au vote du Parlement fin juin.
LE PAYS LE MOINS BIEN NOTÉ DU MONDE
La situation de la Grèce continue d'inquiéter l'Europe, alors que les agences de notation parient sur une banqueroute du pays. Mardi 14 juin, les pays de la zone euro se sont réunis pour tenter d'avancer dans la mise au point d'un nouveau plan d'aide à la Grèce. L'enjeu principal est de réduire les divergences entre les pays sur la manière d'y faire participer les banques, alors que les agences de notation parient sur une banqueroute du pays.
Soulager la Grèce du poids de son énorme dette – près de 350 milliards d'euros – sans qu'elle soit considérée en défaut de paiement : tel est l'enjeu des discussions entre les ministres des Finances de l'Union monétaire à Bruxelles. Elles devront en principe être bouclées lundi 20 juin lors d'une nouvelle rencontre.
Après les 110 milliards d'euros de prêts sur trois ans promis l'an dernier à Athènes par les Européens et le Fonds monétaire international, qui s'avèrent insuffisants, "on parle de 80 milliards d'intervention nouvelle" du FMI et des Européens, a indiqué le ministre belge des Finances, Didier Reynders. Selon lui, l'engagement des créanciers privés pourrait représenter de son côté "autour de 25 milliards d'euros", soit 105 milliards d'euros au total. Une participation des créanciers privés à laquelle tient beaucoup Berlin, et qui semble avoir convaincu tous les protagonistes.
L'agence Standard and Poor's a prévenu lundi que, quelle que soit l'option retenue, elle considérerait cela "de facto comme un défaut" et baisserait encore sa note sur la Grèce. Elle vient déjà de la dégrader à "CCC", faisant du pays le plus mal noté du monde.

Peu de dividendes politiques à attendre

La représentation nationale va se pencher sur la « prime aux dividendes ». Lancée voilà deux mois, cette mesure était destinée à jouer, sur le plan du pouvoir d'achat, un rôle similaire à l'abrogation du bouclier sur le plan fiscal : à savoir casser l'image d'une politique trop ostensiblement tournée en faveur des riches, voire des hyper riches. Mais, de même que l'abrogation du bouclier fiscal - brouillée par la réduction simultanée de l'ISF - a pu être surtout perçue comme une nouvelle astuce sans réelle réorientation budgétaire, cette nouvelle mesure risque un flop encore plus assuré. Cette « prime contre dividendes » réussit même l'exploit d'être rejetée autant par les syndicats de salariés - qui dénoncent une manière de ne surtout pas revaloriser les salaires - que par le patronat - qui y voit une nouvelle contrainte et une immixtion intolérable dans la gestion des entreprises. Surtout, « la prime de 1 000 ¤ obligatoire pour tous les salariés d'une entreprise délivrant des dividendes à ses actionnaires », vantée au départ, n'est plus qu'un lointain souvenir. Le principal intérêt de cet examen à l'Assemblée devrait donc être de savoir à quoi cette mesure va enfin vraiment ressembler. Dans le même temps, la valse des rétributions des banquiers, traders et grands patrons se poursuit, renvoyant l'image d'une totale indécence à la grande majorité de la population. Dans ce contexte, cette nouvelle initiative ne devrait pas non plus apporter beaucoup de dividendes, politiques, au futur candidat Nicolas Sarkozy.