TOUT EST DIT

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lundi 30 avril 2012

"Le débat est annulé !"
"Super ! Pas de pain, et pas de jeux non plus !"

«La violence du débat est liée au poids du FN dans les urnes»

Nicolas Sarkozy traité de «menteur», Valérie Trierweiler comparé à un chien, jeux de mots douteux… A moins d'une semaine du second tour de la présidentielle, Christian Delporte, spécialiste de la communication politique, décrypte une surenchère verbale, qui lui rappelle la campagne de 1988.
Les attaques virulentes se sont multipliées ces derniers jours entre le camp de Nicolas Sarkozy et celui de François Hollande. Un tel niveau de violence avait-il déjà été atteint?
Christian DELPORTE - La campagne à laquelle nous assistons actuellement me rappelle celle de la présidentielle de 1988. Elle avait été très dure, notamment dans l'entre-deux tours et durant le débat qui avait opposé le président sortant François Mitterrand et son premier ministre de cohabitation, Jacques Chirac. Déjà à l'époque, la violence du débat était liée au poids du Front national dans la vie politique. Comme Nicolas Sarkozy aujourd'hui, Jacques Chirac ne pouvait espérer l'emporter au deuxième tour sans les voix frontistes et son adversaire socialiste en avait profité. Je ne me souviens en revanche pas d'«affaires», comme celle évoquée ces derniers jours sur un financement présumée par Mouammar Kadhafi de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy. Autre différence: les médias ne traitaient pas en boucle comme aujourd'hui les mêmes sujets, dont la violence de la campagne fait partie.
Les termes employés par les différents camps n'ont-ils pas atteint un nouveau degré?
La violence de la parole politique s'est en effet exacerbée, mais elle ne date pas de la campagne électorale. Elle est sans doute liée à la présidence même de Nicolas Sarkozy - au cours de laquelle on a assisté à une parole libérée, voire peu contrôlée - et donc à la désacralisation de la parole politique. Elle tient aussi au fait de la crise économique que nous traversons, qui est de nature à entretenir cette atmosphère de violence. Le climat de cette campagne est très clivant. L'entourage des deux candidats a tendance à surenchérir, surtout du côté du président-sortant, qui est dans la position du challenger et veut donc rattraper son retard.
Quel est le but de cette surenchère verbale?
Chacun veut à la fois mobiliser son électorat et établir une frontière avec l'autre camp. Si les convaincus de chaque camp continueront de soutenir leur candidat, une telle stratégie risque en revanche d'effrayer un peu les hésitants et les modérés, autrement dit les centristes, qui pourraient jouer un rôle important dans le scrutin de dimanche. Ni François Hollande, ni Nicolas Sarkozy n'a donc à gagner de cette stratégie.

Que le débat commence !


François Hollande est-il le “chouchou de Bruxelles”, comme l’assure le quotidien de gauche Libération, ou un “homme plutôt dangereux” pour l’Europe, comme le craint l’hebdomadaire libéral The Economist ? Une chose est sûre : en promettant d’exiger un pacte pour la croissance s’il est élu le 6 mai, le candidat socialiste à la présidentielle française a ouvert un débat qui répond aux aspirations de nombreux Européens, et a libéré la parole de certains dirigeants jusqu’à présent tenus en respect par Angela Merkel.
Le 25 avril, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a repris l’expression “pacte de croissance” et a reçu le soutien de la chancelière allemande. Mais que les deux grands partisans de la réduction de la dette et de la discipline budgétaire adoptent les mots du Français ne signifie pas qu’ils se convertissent à son programme. Cela veut plutôt dire que deux camps se mettent en ordre de bataille pour les mois qui viennent.
D’un côté, François Hollande préconise des projets d’infrastructures financés par des obligations européennes baptisées “project bonds”, un rôle accru de la Banque européenne d’investissement, une taxe sur les transactions financières et l’utilisation de fonds structurels européens non dépensés. De l’autre, Mario Draghi rappelle que les politiques budgétaires doivent être "soumises à surveillance mutuelle et corrigées si nécessaire”, et que les “réformes structurelles permettant la croissance pour faciliter l'entreprenariat, l'établissement de nouvelles entreprises et la création d'emploi” sont nécessaires, même si “elles font mal”.
Offre contre demande, réforme libérale contre relance keynésienne. Le débat n’est pas nouveau en économie, mais il avait quasiment disparu dans l’UE. Qui l’emportera ? S’il devient président, Hollande arriverait avec la fraîcheur et la légitimité de l’élu qui manquent à ses collègues. Il n’est cependant pas sûr qu’il soit en mesure de créer un vrai rapport de forces en sa faveur.
Rappelons-nous qu’il y a deux mois seulement, douze dirigeants européens ont déjà appelé à des mesures pour stimuler l’économie. Mais les grandes lignes esquissées dans ce texte – réformes du marché du travail, ouverture du secteur des services, etc... –  se rapprochent davantage de ce qu’expriment Draghi et Merkel que de ce que souhaite le Français. A cet égard, les approches faites par la chancelière à l’égard de Mario Monti ressemblent fort à des manœuvres pour isoler Hollande, qui a besoin d’un autre poids lourd de l’économie européenne. Même si ce dernier peut espérer une victoire des travaillistes lors des prochaines élections néerlandaises.
Il semble qu’une vraie alternative gauche-droite se dessine au sein du Conseil européen, et donc un vrai débat sur l’orientation socio-économique de l’Union. Après deux ans de crise, une franche discussion, disons même un peu de démocratie, ne peut pas faire de mal.

Ha…l'alerte : gyros, doner, kebab, shawarma au porc !


La plupart des Grecs d'Athènes ou de Thessalonique vous le diront : on ne trouve pratiquement plus un seul restaurateur proposant des gyros à préparer son plat lui-même dans toute la Grèce… Évidemment, il en est de même dans toute l'Europe, voire en Israël, mais au Royaume-Uni (voire ailleurs), on trouve même des kebabs au… porc ! Halal… erte !
Quelle que soit la dénomination (gyros, kebab ou döner, shawarma, &c.), les viandes grillées à la verticale sur des broches contiennent de moins en moins de mouton.
D'ailleurs, en France, chez l'un des fournisseurs de viande à kebabs surgelée, France-Kebab, il est bien précisé que « les viandes les plus communément utilisées sont le veau, la dinde et le poulet ».
Et rien d'autre, pas du tout de porc ?  En tout cas, nulle mention de viande de mouton…
Au Royaume-Uni, c'est pire.
Des fonctionnaires chargés de vérifier la bonne conformité aux Trading Standards, soit les équivalents de nos inspecteurs de la Concurrence et des prix, ont testé vingt kebabs, sans trouver de viande d'agneau en proportions dominante.
Mieux : des plats désignés curry d'agneau (lamb curries) étaient, à près de 75 %, totalement exempts de viande de mouton, quelque soit l'âge de la bête.
Pour les kebabs, « tous contenaient un mélange d'agneau et d'autre chose, soit de porc, de bœuf ou de poulet, » rapporte Chris Hanlon, du Daily Mail. Oui, de porc, de cochon, d'halouf et autres cochonneries comme des colorants artificiels, peut-être à base de gélatine de porc, allez savoir…
L'agneau, c'est cher…
L'agneau est supposée donner une viande grasse, mais il est cher, bien davantage que le poulet.
Mais avec quelques adjuvants de diverses provenances, tout peut s'arranger pour en imiter le goût.
70 % des kebabs testés étaient rehaussés de colorants artificiels divers et d'agents de saveur. Certains dépassaient la dose de 13 à 18 la limite autorisée.
Charitablement, le journaliste du Mail l'attribue à de possibles erreurs dans la préparation des marinades… Sur place ou à la source, chez le grossiste ?
Ce n'est pas précisé.
L'enquête à porté sur des villes moyennes (dont Stratford upon Avon, patrie du Barde, Nuneaton et Rugby…) et le poulet, au moins deux fois moins cher que l'agneau, prédominait.
Que l'on sache, aucun mahométan ou israélite ayant consommé un kebab au porc dans le Warwickshire, même en se fournissant régulièrement chez le même restaurateur, n'en a subi de fâcheuses conséquences. En revanche, toutes et tous, que la présence de porc leur importe ou non, peuvent avoir développé des allergies ou, pour les enfants, de l'hyperactivité, du fait de la présence massive de colorants.
Bah, les affaires sont les affaires, et comment donc des contrôleurs religieux, censés n'avoir jamais goûté au porc, pourraient-ils en détecter la présence dans la masse empilée des tranches de viandes diverses ?
Et en France ? Au lieu de polémiquer sur la conformité casher ou halal, il serait peut-être plus urgent de savoir ce qu'on nous fait au juste ingurgiter, non ? Mais là, de forts intérêts sont en jeu.
Confits d'apports douteux
Chaque semaine, dans sa rubrique « Confit de canard », le Canard enchaîné révèle l'incroyable chimie de la chaîne alimentaire (cette semaine, ce sont encore une fois les études financées par des grandes marques et menées par des experts stipendiés par les mêmes, qui reviennent sur le tapis).
Le kirhino gyros (kiryno gyros), ou gyros au porc, est généralement bien signalé sur les produits grecs ou encore bulgares. Mais ailleurs… Pour les souvlakis (petites brochettes ou sandwichs grecs), le porc est souvent remplacé par du poulet, moins cher encore.
Les Allemands, grands consommateurs de kebabs, ingurgitent environ trois millions de kebabs à emporter par an (soit 300 tonnes de viandes diverses). Le prix de revient à l'unité est inférérieur à un euro pour le restaurateur. En France, c'est plutôt vendu quatre euros pour emporter, plus cher servi ou à consommer sur place, dans une assiette. Avec la pizza surgelée, c'est l'une des préparations les plus rentables… surtout si le poulet d'élevage intensif prédomine.
Et c'est tellement meilleur avec un peu de saindoux mélangé ! Halal… bonne vôtre !
 


La presse de gauche pourrait pâtir de l'élection de François Hollande

Si Nicolas Sarkozy est battu au soir du 6 mai, la presse pourrait bien se trouver orpheline. Le président sortant a été une aubaine pour elle, tout particulièrement pour les journaux d'opposition.
En 2011, le quotidien Libération, qui a multiplié les "unes" militantes, a sans doute profité d'un effet Sarkozy. Sa diffusion a augmenté de 5,35% (OJD, diffusion France payée) et ses ventes au numéro de 2,12%. De janvier à mars 2012, dans un marché de la presse quotidienne nationale très déprimé (-7,6 % en ventes au numéro), Libé a limité les dégâts avec une baisse de 5%.
Pendant la même période, Le Figaro, qui affiche un soutien sans faille au président sortant, chute seulement de 3,7 %. Tout se passe comme si la période électorale donnait une prime aux quotidiens les plus engagés politiquement.
Une règle souvent évoquée dans la presse veut que rien ne vaut une cure d'opposition pour doper les ventes. Inversement, un soutien trop marqué au pouvoir en place ferait perdre des lecteurs. L'élection de François Hollande et l'arrivée de la gauche au pouvoir pourraient donc plonger dans l'embarras de nombreux journaux ou sites d'information de gauche, qui passeraient, du jour au lendemain, de l'opposition à la majorité.
"C'est toujours inconfortable d'être un journal proche du pouvoir, témoigne Maurice Szafran, directeur de Marianne. Encore plus pour plus les journaux de gauche. Les journaux de droite assument plus facilement leur proximité avec le gouvernement. "
De nombreux journalistes ont encore en mémoire la déconfiture du Matin de Paris, après l'élection de François Mitterrand en 1981. Fondé par Claude Perdriel en 1977, le journal affichait très nettement sa proximité avec le Parti socialiste. Sa bienveillance à l'égard du pouvoir, y compris après le tournant de la rigueur en 1983, conduisit à une érosion de ses ventes qui fut fatale. De 120 000 exemplaires en 1980, il tomba à 80 000 en 1985 et déposa le bilan en mai 1987.

L'EFFET DES "AFFAIRES"
A la même époque, Le Monde vit sa diffusion baisser, dans une moindre mesure, ses lecteurs lui reprochant son soutien trop affirmé à François Mitterrand. Sa diffusion est passée de 430 000 exemplaires en 1981 à 335 000 en 1985. "Nos lecteurs de gauche nous ont quittés pour Libération, ceux de droite pour les journaux économiques comme Les Echos", se souvient Thomas Ferenczi, ancien journaliste au Monde. Les ventes sont remontées par la suite, sous l'effet des "affaires" comme celle du Rainbow Warrior, révélées par le quotidien du soir à partir de 1985.
A contrario, Le Figaro, journal d'opposition, a connu une hausse de ses ventes et gagné près de 100 000 acheteurs entre 1980 et 1990. Il est vrai qu'au cours de ces années, le journal de Robert Hersant a été dopé par la création de ses suppléments du week-end, Le Figaro magazine (1978), Madame Figaro (1980), TV Magazine (1987). Mais ceux-ci ne suffisent pas à expliquer un tel succès. Le quotidien conservateur a clairement bénéficié de son opposition au pouvoir socialiste.
Les rédacteurs en chef s'interrogent déjà sur la manière dont ils devront "couvrir" l'actualité politique en cas de victoire du candidat socialiste le 6 mai. "C'est une vraie question, déclare Pierre Haski, directeur du site Rue89. Ce sera évidemment plus difficile. Ce qui nous sauve, c'est que nous n'avons pas chez nous de journalistes politiques issus du sérail. Par conséquent, notre traitement est plus décalé."

Le Libération des années 1980 offre l'exemple de ce que pourrait être un journal de gauche manifestant un soutien critique au pouvoir en place, tout en développant ses ventes. Le quotidien dirigé à l'époque par Serge July a connu un âge d'or, culminant autour de 180 000 exemplaires en 1988, en plein mitterrandisme...

"Le décollage de Libé a eu lieu sous Mitterrand, parce que le journal correspondait à un mouvement de fond de la société française, se souvient Laurent Joffrin, ancien directeur de Libération, aujourd'hui au Nouvel Observateur. Il a conservé un ton acide qui a su faire la différence."
"Nous étions à la fois proches et critiques, insolents, pas totalement alignés, se souvient Marc Sémo, journaliste à Libé. Nous avons été le journal d'un certain mitterrandisme, sans être le journal du PS."
Aujourd'hui, le directeur de Libération, Nicolas Demorand, affirme qu'il ne se pose pas la question d'éventuelles répercussions d'une victoire de la gauche sur la diffusion de son journal. "Pour assurer de bonnes ventes à Libération, je dois faire un journal de qualité, ce qui n'a rien à voir avec la politique, mais tout à voir avec le journalisme", insiste-t-il.
L'EFFET "ÎLOT REFUGE"
Sur la période récente, Le Figaro semble faire mentir la règle selon laquelle une trop grande proximité avec le pouvoir en place fait baisser les ventes. Sous la direction d'Etienne Mougeotte, le quotidien conservateur a multiplié les manchettes favorables à Nicolas Sarkozy et celles critiques sur le PS. Le directeur des rédactions assume ce choix et ne cesse d'affirmer que ce positionnement n'a pas fait perdre de lecteurs au titre, bien au contraire.
Un examen des courbes sur la période 2007-2011 montre que la diffusion du Figaro a bien diminué, mais moins que celle de ses confrères : la baisse est de 6,82% pour le quotidien de droite, de 10,66% pour Le Monde et de 16,82% pour Libération (OJD, diffusion individuelle France payée).
Ces chiffres montrent deux choses. D'une part, la principale tendance est structurelle, et c'est celle du déclin du papier qui affecte tous les titres. D'autre part, selon un professionnel du secteur, "Le Figaro a bénéficié d'un effet "îlot refuge", dans la mesure où il est le seul quotidien qui se revendique "de droite" dans une presse française largement de gauche ou du centre".
L'EFFET SARKOZY
De son côté, la presse magazine a réalisé quelques-unes de ses plus belles ventes avec le président sortant. L'Express a vendu 200 000 exemplaires en kiosques avec l'interview de Carla Bruni en février 2008. Mais c'est surtout Marianne qui a profité de l'effet Sarkozy, avec 300 000 exemplaires en kiosques en avril 2007, juste avant l'élection, avec une couverture sur "le vrai Sarkozy", ou encore 220 000 exemplaires sur "le voyou de la République" en août 2010.
Renaud Dély, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, prévient par avance que son hebdomadaire "ne doit pas devenir le journal de François Hollande". "Nous devons être des vigies critiques, en aucun cas des supporters aveugles, insiste-t-il. Le Nouvel Obs est engagé, mais sur des idées, des propositions, pas sur un homme." Le magazine a tiré les leçons du passé. Lui aussi a connu une descente aux enfers entre 1981 et 1984, au point de frôler la faillite. Il faut dire qu'il affichait clairement sa proximité au pouvoir socialiste, en choisissant pour slogan "Bien placé pour savoir"...
Pour le directeur du Point, Franz-Olivier Giesbert, "la clé de tout, c'est l'indépendance. On ne doit pas être supposé proche du pouvoir. Cela fait partie du contrat de confiance passé avec le lecteur." "Sarkozy fait vendre non pas parce qu'il est de droite, mais parce que c'est un personnage de roman", tranche Laurent Joffrin. De ce point de vue, l'élection d'un "président normal", ainsi que se présente François Hollande, serait une mauvaise nouvelle pour les ventes. Elle marquerait la fin d'une certaine "peopolisation" du politique. "Si Hollande est élu, nous serons plus sur le fond que sur la forme, commente Christophe Barbier, directeur de L'Express. Nous confronterons les promesses du candidat aux réalités de sa politique."

L’ignorance de l’économie, le pire de nos maîtres


L’économie, cette « religiosité austère » selon Pascal Bruckner(1) cache bien des turpitudes dont la pire n’est pas de se tromper mais de nous tromper. Je veux dire qu’elle tend à faire croire qu’elle est bourrée de vertus alors qu’elle n’est que la catin de maquereaux spéculateurs qui ne sont même pas correctement encadrés par des règles qui en limiteraient les effets prédateurs. Les petits bourgeois investissent en ne rêvant que du grand soir, non celui de la révolution, mais du coup boursier qui les rendra riches tout en jouant la façade de père la vertu les jours de gains et les offusqués du jeu lorsque les périls s’amassent. Comme le souligne James K. Galbraith ; « Si les marchés imposaient vraiment une discipline, les personnes qui travaillent durs ne seraient pas pauvres et les spéculateurs en général ne seraient pas riches »(2). En 2005, l’épargne mondiale était estimée par le FMI à 11 000 Milliards de dollars. Si cette épargne s’était investie dans des projets de développement durable plutôt qu’à servir d’instrument de spéculation notre destin serait sans doute différent de ce qu’il est actuellement. Entre la sécurité de la croissance à long terme, continue, pour tous, et les promesses d’une richesse rapide pour quelques uns, nos actionnaires ont choisit la spéculation, belle putain de l’économie dont les charmes sont souvent frelatées et porteuses de pandémies socio-économiques.
Les économistes ne servent qu’à expliquer ce qui s’est passé. Oracles qui n’y voient goûte. Psychologues à leurs heures, ils rassurent les politiques qui suivent – parfois – leurs conseils. Ce qui faisait dire à Clinton, non sans humour, qu’il disposait certes des meilleurs économistes mondiaux mais qu’aucun ne lui conseillait la même chose. Son problème étant de savoir à qui faire confiance. Je n’y vois que de triviales concessions des économistes aux lois du plus fort, aux pouvoirs en place. Qui les paient les plus souvent. Il suffit pour s’en convaincre de relire l’histoire de l’économie en regard des évolutions des mœurs de chaque époque. Sinon comment expliquer que des militaires, des industriels, des commerçants, des syndicats, des gouvernements ce soit mis d’accord pour normaliser leurs échanges économiques, techniques, d’informations, de documents, sans que jamais, au Dieu grand jamais, on les aient vu se mettre d’accord pour limiter les effets, les dérives de la spéculation confondue désormais – tragique méprise – avec la libéralisation de l’économie. Les économistes sont trop souvent épargnés par la presse et les politiques. Savants des choses de l’économie, enseignants des mécanismes qui fondent la récession ou la croissance, vigies des dérives des systèmes économiques, les avez vous vu faire autre chose que nous dire tel les grands prêtres d’autrefois, courbez vous devant l’inéluctable, supportez votre peine, vos souffrances, c’est l’économie qui passe accompagnée de la grande faucheuse quelle fréquente, assurément, de plus en plus. La défaite du communisme n’était pas la victoire du capitalisme comme on aura pu le lire ici ou là. Premier vaincu plutôt. Reste à se faire le capitalisme dans ce qu’il a de plus hideux et excessif. Car lui aussi, comme le communisme des origines était d’abord l’expression d’un rêve ? Pour les uns l’égalité devant la propriété et les possessions, pour les autres l’égalité dans les chances de s’enrichir. On sait à quoi s’en tenir aujourd’hui. Les pauvres restent pauvres dans tous les régimes. Les sociétés restent aux régimes de la «déresponsabilité anonyme » ce qui met en péril nos démocraties. Tout s’achète, oui, même un élu. Mais ce sont les peuples qui paient. Des peuples tenus à l ‘écart de la compréhension même sommaire de la chose économique. Elus, syndicats, pouvoirs publics, patrons, tous alliés objectifs pour garder dans l’ignorance de la chose économique chacun d’entre nous. Trop sérieuse pour être laissé à la portée des petites gens. Cela facilite l’embrigadement, le manque de sens critique, la manipulation journalistique, l’utilisation de grands mots vides de sens que l’on applaudit comme de bons zombies. La pédagogie est euthanasiée. Nous ne sommes plus nourris que de l’outrance des arguments, la manipulation des chiffres, les raccourcis conceptuels et la pauvreté d’arguments mille fois ressassés. Le ridicule ne tue pas. Dommage, on aurait un peu moins de zozos à l’antenne.
Les pays qui, comme la France, doivent faire face à une forte contestation de leurs populations envers l’enrichissement lié à la spéculation sur des actifs virtuels sont complètement démunis pour faire venir chez eux les capitaux considérés comme indispensables à leurs développements. En clair, les gains spéculatifs pour une minorité apparaissent plus conséquents que l’investissement traditionnel dans la création de richesses pour tous. Une dérive, un prétexte, qui permet aux activistes antilibéraux de faire leur malheur et le nôtre. La sous culture économique des «masses populaires et laborieuses » en fait des proies rêvées pour des contestations irresponsables de tous bords. On agite quelques mots fétiches dont pas le dixième ne comprend le sens, la foule crie et voilà une usine qui part à l’étranger, un marché qui s’ouvre ailleurs, un investisseur qui va placer son argent dans un lieu où il se sent attendu et apprécié. La volatilité des investissements est un facteur de l’économie moderne. Les réseaux ont facilité la circulation des services, des idées, des biens numériques et des transferts financiers : le capital reste plus mobile que le travail. Mais au fond, peut être n’en voulons nous pas !? Après tout, comme le raillait Coluche, « le salaire suffira ».
(1) Misère de la Prospérité (Grasset  2002) (page 27 du livre de Pascal Bruckner)
(2) Courrier International, supplément Octobre 2000

Quand les « Oints du Seigneur » utilisent l’Argument d’Autorité


Un certain nombre d’économistes Français, « mondialement connus à Paris », viennent de signer une pétition pour appeler à voter Francois Hollande, ce qui est bien leur droit. Ce qui est un peu plus gênant, c’est qu’ils commencent leur déclaration de principe en disant (je paraphrase) « Nous qui avons consacré nos vies à la recherche de l’efficacité la plus grande pour l’économie de notre pays sommes arrivés à la conclusion que le candidat le plus à même de diriger notre pays est le candidat socialiste, ce qu’ils ont encore une fois tout à fait le droit de dire en tant que citoyens”.
Une rapide recherche sur les noms de «économistes» signataires de cette pétition en utilisant Google ou Wikipedia, recherche rendue nécessaire parce que je n’en connaissais aucun alors que j’ai passé ma vie à lire les œuvres d’autres économistes pour mieux me former, a amené à des résultats fort intéressants, mais hélas, guère surprenants.
· A une exception, ils sont tous fonctionnaires de l’Etat français. La seule exception est que l’un d’entre eux est professeur à Harvard.
· Toujours à une seule exception prés (la même), ils ont tous participés à tous les comités Théodule organisés par le parti socialiste français et ont toujours été politiquement des supporters de ce même parti, voir des participants à des cabinets ministériels pendant la grande époque ou la gauche dominait la vie politique de notre pays. Certains sont passés de ces cabinets ministériels à des positions importantes dans des grandes banques, Françaises bien entendu, (qui d’autre en voudrait ?) ou leurs compétences sont enfin payés à leurs vraies valeurs
· D’ aucun d’entre eux (à ma connaissance, je n’ai rien trouvé dans Google ou Wikipedia infirmant ce point) n’a jamais pris le risque de créer une entreprise indépendante à laquelle le secteur privé n’aurait pas manqué d’avoir recours, compte tenu de leur remarquable professionnalisme. Comme le disent les Américains, aucun d’entre eux n’a jamais eu à payer des salaires à la fin du mois en se demandant d’où aller bien pouvoir venir le fric, ce qui leur a laissé sans nul doute l’esprit libre pour réfléchir aux problèmes de fond de la société Française.
· En fait, ils ont toujours été payés par les impôts que l’Etat Français prélevait, mais il n’y a jamais eu la moindre relation établie entre la qualité de leurs conseils et les rémunérations qu’ils touchent, ce qui est quand même bizarre pour des gens qui se disent à même de juger de l’efficacité d’une politique.
· Ils sont tous sortis des mêmes écoles, Normale Sup, Polytechnique, ENA et surprise, surprise, répétant les schémas de Bourdieu, beaucoup se retrouvent professeurs dans ces mêmes écoles. Et on s’étonne que la France soit mal gérée devant tant de diversité culturelle! car ils sont en effet presque tous professeurs, métier admirable s’il ne fut, mais à mon sens il y a une distinction essentielle à respecter ici : Il ya une grande différence entre un économiste et un professeur d’économie. Je m’explique. Quand j’étais jeune, je jouais au tennis convenablement et j’essayais de gagner ma vie en courant les tournois pour y toucher des prix. Si je perdais au premier tour, eh bien, je bouffais des beignets pendant une semaine en attendant le prochain tournoi. Souvent je rencontrais des « professeurs « de tennis qui gagnaient leur vie en donnant des cours et qui disaient que comme nous, ils étaient des «professionnels», ce qui nous faisait bien rire. Entre eux et nous il y avait la différence entre un chien et un loup. Comme me l’avait dit l’un de mes professeurs aux USA : « si vous ne pouvez pas gagner votre vie avec ce que vous avez appris à l’Université, enseignez-le »
Tous ces braves gens font bien entendu partie de ce que Thomas Sowell appelle avec beaucoup d’humour les « oints du Seigneur » (Voir mon article à ce sujet de Septembre) et ils utilisent avec allégresse l’argument d’autorité. Pour le bénéfice des lecteurs, je reviens donc sur ces deux notions essentielles à la bonne marche de toute démocratie et que curieusement «ils» ne mentionnent jamais.
Les Oints du Seigneur sont une race à part repérée par le grand économistes Américain, Sowell, noir du Sud profond,, libéral, patriote et ancien «marine» et qui savent mieux que le peuple ce qui est bon pour lui.
1. Les «oints du Seigneur » commencent par diagnostiquer un problème qui existe dans leur esprit, ou qui en général n’existe pas.
2. Ils proposent leur solution que l’Etat doit mettre en œuvre pour des raisons de justice sociale, concept fumeux s’il en fut.
3. Cette solution accroit comme par hasard le pouvoir de ceux qui les payent.
4. Quand la solution qu’ils ont apporté à un problème qui en général n‘existait pas crée d’autres problèmes beaucoup plus graves, ils expliquent que la situation aurait été bien pire s’ils n’étaient pas intervenus avant (?) , mais que grâce a Dieu, ils ont fait le nécessaire en amont. De plus, ils ont miraculeusement une solution aux nouveaux problèmes, et ainsi de suite
5. Nous en avons un exemple parfait avec l’Euro, dont ils tous été de chauds partisans et qui est en train de foutre en l’air l’Europe que nous aimions.
Argument d’Autorité . Nous devons la découverte de ce concept à Saint Thomas d’Aquin, le docteur angélique. Saint Thomas disait qu’utiliser l’argument d’autorité –J’ai raison parce que je suis le Chef ou (version moderne) parce que j’ai fait de meilleures études que vous - ne pouvait jamais être accepté dans une discussion. Chaque argument se mesure a sa validité interne et non pas en fonction de la place hiérarchique de celui qui l’avance. Le lecteur remarquera que la pétition de nos chers socialistes/fonctionnaires/professeurs n’utilise que l’argument d’autorité (nous sommes «économistes » et donc nous savons mieux que vous ! Tiens donc et pourquoi ? Bien entendu, ils n’expliquent en rien pourquoi le programme de Francois Hollande serait une telle chance pour la France. Bref, nous sommes en face de socialistes irréductibles, donc fonctionnaires, et qui essayent d’utiliser l’argument d’autorité pour faire triompher leurs idées politiques passant par un accroissement du rôle de l’Etat, lesquelles ont échoué partout et toujours là ou elles ont été appliquées.
Mais après tout, je me demande pourquoi je m’énerve : ces braves gens sont avant tout socialistes et comme chacun le sait, on ne peut être à la fois intelligent socialiste et de bonne foi. Il faut choisir deux possibilités sur trois. Ces « socialistes qui se croient intelligents » réclament donc fort normalement plus de pouvoir pour l’Etat, par lequel ils sont payés, c’est à dire pour eux.
Rien de vraiment surprenant la dedans ! Ce qui me gêne est qu’ils se targuent du beau nom d’économistes, c’est-à-dire de scientifiques alors qu’ils ne sont que des fonctionnaires à l’esprit étroit inféodés à ce qui est en fait une Eglise …

Vichy et les crétins

Les crétins ont encore frappé. Quand ils sont à court d’argument, les idéologues de la soi disant gauche française, bobos enrichis qui n’ont évidemment plus aucun rapport avec les idées de gauche, invoquent Pétain, Vichy, la collaboration pour stigmatiser la politique de maîtrise de l’immigration du gouvernement ou injurier un candidat (voir la « une » de l’Humanité d’hier). Or, ce genre de comparaison ne conduit à rien, on peut toujours la retourner dans l’autre sens . Qui a dit, par exemple : « Il n’y a pas de pays qui soit plus réfractaire que la France à la notion de race, elle qui est l’admirable résultante historique de mélanges constants et de métissages indéfinis » ?  Ces propos semblent tout droit sortis de la bouche de l’un de nos chantres bienheureux de l’antiracisme, responsable politique ou associatif ou autre  intellectuel bien pensant.  Eh bien non,  leur auteur n’est autre que Marcel Déat ( le droit de vivre, 25 avril 1936[1]), socialiste, venu de la SFIO,  fondateur du rassemblement national populaire, devenu en 1940 l’un des partisans les plus fanatiques du national socialisme en France, et ministre de Vichy à partir de 1942. La vérité, c’est que ce ne sont pas les belles idées généreuses, les bons sentiments éthérés, proclamés, qui augurent du comportement d’un homme dans des circonstances comme celles des années 1940. Moi je crois très fort que dans le camp du mal et des bourreaux, si de tels événements venaient à se reproduire sous une autre  forme bien sûr,  se retrouveraient en réalité  tous les salauds, les délateurs et lyncheurs médiatiques, les pitbulls hargneux, les cracheurs de haine qui ne peuvent ouvrir la bouche sans proférer d’insulte et d’amalgames débiles.

[1] Cité par Simon Epstein, un paradoxe français, Albin Michel

39 raisons de na pas voter Hollande

Sans aucune animosité, j'ai dressé les raisons évidentes pour lesquelles il ne faut absolument pas voter pour Hollande

  1. A 48 mois de sa propre retraite il n'a toujours pas fait ses preuves.
  2. 35 ans de vie politique avec zéro résultat.
  3. N'a jamais fait une loi ou un projet de loi.
  4. N'a jamais été ministre, secrétaire d'état, chef de cabinet.
  5. N'a jamais travaillé dans l'administration comme fonctionnaire.
  6. N'a jamais travaillé une heure dans le privé, même en stage.
  7. N'a jamais fait autre chose que militer pour le PS.
  8. N'a jamais assisté à un sommet international de gens au pouvoir.
  9. N'a jamais représenté la France.
  10. N'a pas dirigé une ville de plus de 17 000 habitants.
  11. N'a jamais négocié avec les syndicats.
  12. N'a jamais côtoyé de petits ou grands patrons.
  13. N'a aucun programme au bout de 35 ans de vie politique.
  14. Il veut la retraite à 60 ans.
  15. Il a couvert les 35 heures.
  16. Il a couvert le RMI.
  17. Il a couvert la CMU.
  18. Il a couvert l'AME (soins gratuits pour les sans papiers).
  19. Il a couvert la loi Quillot.
  20. Il a couvert la CSG.
  21. Il a couvert l'ISF.
  22. Il a couvert la 5ème semaine de congés.
  23. Il couvre honteusement 60 élus PS en examen ou condamnés.
  24. Il a couvert 30 années de fraudes électorales au PS.
  25. Il n'a pas dénoncé les abus sexuels de DSK.
  26. Il n'a pas protégé Tristane Banon.
  27. Il a fait perdre 3 présidentielles à son parti : 1995/2002/2007.
  28. Il se compose un personnage pour être crédible.
  29. Il a menti à 3 millions d'électeurs aux primaires pour être élu.
  30. Il est pour la régularisation des sans papiers.
  31. Il est à la tête du département le plus endetté de France.
  32. Dans son discours du Bourget, il oublie que la France traverse une crise.
  33. Dans sa vidéo, il oublie que Ségolène Royal a partagé 30 ans de vie conjugale et politique et lui a donné 4 enfants. Souffre-t-il de la maladie d’Alzheimer ? Troublantes amnésies…
  34. Il critique les gens riches alors qu’il perçoit lui-même de bons émoluments et place sa maison de Mougins dans une SCI.
  35. Il est critiqué par tous les éléphants du PS.
  36. Il est toujours évasif dans ses réponses.
  37. Il a voté contre la Loi sur la Burka.
  38. Il a voté contre les centres pénitenciers pour les jeunes, mais maintenant dit qu'il en faut plus...
  39. Il veut le mariage pour les homosexuels mais refuse de se marier avec la mère de ses enfants et sa nouvelle compagne.



J'arrête là et je suis stupéfait de voir qu'il est en tête dans les sondages et que les français sont prêts à voter pour lui. Plus que jamais, sans attaquer l'homme, il faut bien montrer qu'il est absolument incapable de diriger la France, ce grand et beau pays qui a souffert de tant de laisser aller, surtout du PS. S'il y a bien un homme qui ne doit pas être élu c'est François Hollande, il n'a ni l'étoffe, ni les compétences d'un président.



S'il passe, le réveil sera douloureux, surtout pour les abrutis qui auront cru à son discours.
Flamby, non merci !

Electionscope : le modèle qui trouve Nicolas Sarkozy gagnant à 50,2%...

Le site de prévisions et d'analyses économique et politiques, Electionscope, est l'un des rares observateurs à ne pas voir François Hollande vainqueur de la présidentielle. Les fondateurs du site utilisent un modèle dont les pronostics se sont toujours révélés exacts depuis la fin des années 1990... Ils l'ont refait tourner après le premier tour.

Selon un article publié sur Electionscope, les instituts de sondage auraient tendance à majorer ou minorer certains candidats (écarts de prévisions par rapport à la moyenne des autres instituts). Qu’en est-il du détail ?

Bruno Jérôme : On a remarqué des instituts qui penchaient véritablement pour certains candidats ou blocs politiques.
Par exemple, on note que Jean-Luc Mélenchon a été majoré par les instituts CSA et TNS Sofres. L’IFOP ou Opinionway avaient tendance à plutôt le minorer. L’observation est plus nette pour les deux principaux candidats. On a vu que BVA et TNS avaient une véritable tendance à majorer François Hollande et que Opinionway et Harris Interactive, voire l’IFOP, avaient au contraire tendance à minorer le candidat socialiste.
Il est extrêmement délicat d’être totalement affirmatif sur le fait que ces instituts roulent pour un candidat ou un autre. Il faudrait regarder à ce moment-là les relations qui existent entre les sondeurs et leurs clients, médias et politiques.
Mais notre constat empirique montre tout de même un biais systématique de 6 instituts sur 8. On a également observé que certains instituts avaient littéralement changé de comportement en cours de route. Pendant trois mois, CSA avait tendance à majorer Nicolas Sarkozy et, au dernier moment, ils se sont mis à le minorer. TNS Sofres a eu exactement le même comportement. Il y a donc un mimétisme entre certains instituts.
L’institut qui majore le plus est BVA. Sofres et Ipsos ont également tendance à sur-majorer ou minorer des candidats. Les bons élèves seraient plutôt Opinionway, Harris Interactive ou l’Ifop.

En quoi votre méthode diffère-t-elle de celle des instituts de sondage classiques ?

Il s’agit d’un modèle statistique qui est fait sur des séries de données très longues (sur la 5ème République). Nous ne mesurons pas des intentions de vote mais des facteurs qui pourraient statistiquement impacter le vote. Nous prenons principalement en compte le taux de chômage, la variable clé en France depuis 1974. Ensuite, nous évaluons la crédibilité et la popularité de l’exécutif. La popularité, retravaillée et réinterprétée, est un indicateur qui nous permet de déterminer le socle de crédibilité  de l’exécutif. Les tests empiriques qui ont été faits sur l'indicateur de popularité montrent que l’économie à court terme représente au minimum 50% de ce dernier.

Quels résultats obtenez-vous alors pour le second tour de l’élection présidentielle ?

Nous obtenons le chiffre de 50,2% pour Nicolas Sarkozy au second tour. Il est important de noter que le modèle place la droite en tête depuis octobre 2010, date à laquelle le chômage a commencé à s’améliorer avant de se dégrader à nouveau à la fin de l’année 2011.

Cette étude a été réalisée avant le premier tour. La donne n’a-t-elle pas changé depuis ?

Nous ne toucherons pas à nos prédictions. En réalité, nous modélisons également le second tour. Nous transformons les voix du premier tour en voix de second tour mais notre formule de transformation est purement politique. Elle prend en compte les grands rapports de force sous la 5ème République, la déperdition des voix entre les blocs dans cette période, les disparités régionales et l’influence et la déperdition du Front national et du Modem sur le bloc de droite. Historiquement, il y a toujours eu une déperdition des voix pour la droite d’un tour à l’autre. Dans ce cas précis, nous avons pris en compte la déperdition moyenne encourue dans les régions à cause du FN et du centre.
L’intérêt de notre démarche est également dans son découpage régional. L’influence du Modem, par exemple, n’est pas la même selon les régions. Dans certaines régions, on retrouve un Modem de gauche qui se rapporte à gauche. Dans d’autres, on remarque l’inverse. C’est la même chose pour le Front national, les gauches « lepinistes », lorsqu’elles sont en majorité dans certaines régions, se rapportent à gauche. Le sondage typique mesurera un effet global sur un panel global.
De plus, nous fixons la situation économique quatre mois avant le premier tour. Empiriquement, c’est la mesure la plus pertinente. Cela a aussi l’avantage d’éviter les bruits de campagne, les évolutions volatiles de dernière minute qui peuvent être manipulées et les effets de campagne qui s’annulent entre eux.
Enfin, notre outil est révisable. Quand on se trompe, il est assez aisé de savoir pourquoi, d’identifier des facteurs objectifs qui ont conduit à ce que l’on s’éloigne du résultat.

Cette méthode de prédiction n’oublie-t-elle pas de prendre en compte la personnalité du président de la République qui est, si l’on en croit les sondages, à l’origine de beaucoup de ralliements de droite ou centre droit vers la gauche, le Modem et le Front national ?

Tout d’abord, il est nécessaire de préciser que notre modèle comporte une marge d’erreur de + /- 1,7%. 50,2 % est une mesure moyenne optimale. On pourrait se retrouver avec un François Hollande au dessus de 50% ou un Nicolas Sarkozy à presque 52%...
Ensuite, vous avez raison, le delta qui manque est celui de l’image. Mais ce modèle n’est pas fait pour cela. Il y a une autre chose qui peut jouer sur l’écart entre notre méthode et celle des instituts de sondage classiques, c’est ce que l’on appelle l’autoréalisation des anticipations. Parfois, quand certains électeurs observent des sondages et ne se fondent que sur eux pour voter,  il peut arriver qu’ils soient tentés par la majorité. Or, jusqu’à présent, sous la 5ème République, cela n’a pas eu vraiment d’impact. Il était impossible de dire que les sondages modifiaient quoique ce soit.
Nous sommes ici en présence d’un fait exceptionnel. La gauche au premier tour est à 43,7% et elle se retrouverait à près de 55% au second tour. Ce qui, au vu de l’histoire de la 5ème République, est du jamais vu. Jusqu’à présent, il a fallu qu'elle atteigne 49% des voix au premier tour pour l’emporter. Notre modèle ne mesure pas cela. Il mesure seulement les reports moyens et la déperdition à droite que l’on a constatés jusqu’à présent. Or cette déperdition n’est pas de l’ordre d’une perte de 10 points.


Faudra-t-il que les électeurs fidèles à Nicolas Sarkozy demandent pardon à la gauche pour avoir choisi "le voyou de la République" ?

Un coup de gueule de Christian Millau, stupéfait face au déferlement de violence à l'encontre du candidat UMP dans la presse d'après le premier tour.

En découvrant la dernière Une de l’hebdomadaire Marianne, j’ai éprouvé comme une hallucination. Je me suis retrouvé soixante-dix ans plus tôt quand la presse collabo vomissait ses manchettes, trainant dans la boue et vouant à la mort les gaullistes, les "terroristes maquisards ", les juifs, les francs maçons et tous ceux coupables de ne pas lever le bras à la verticale devant les splendeurs de l’Europe Nouvelle.
Quand, la même semaine, L’Humanité passe la photo de Sarkozy à côté de celle de Pétain, quoi de plus naturel de la part de l’organe officiel des camarades qui pendant des décennies léchèrent le cul et les bottes du Génial Staline, nièrent l’existence du goulag et traitèrent le général de Gaulle de "fasciste "comparant même à Hitler l’homme du 18 juin ? Le vomi fut un des attributs les plus sûrs de son fonds de commerce. Qu’attendre d’autre de la part de ces grains de poussière étrangement échappés au grand coup de balai de l’Histoire ?
En revanche, comment un homme comme Jean-François Kahn dont je ne mets pas en doute honnêteté, peut-il prêter la main à l’opération du plus trivial des racolages lançé par le magazine dont il fut le créateur ? Après avoir lâché une première fois François Bayrou et à la seconde, s’être précipité dans les bras de François Hollande – son droit le plus strict- était il bien nécessaire de cautionner l’ignominie de cette couverture qui qualifie Nicolas Sarkozy de "Honte de la Vème République"?
Face aux 10,27 millions de hollandistes, les 9, 75 millions de Français qui ont voté en faveur du président sortant devront- ils avoir honte et demander pardon d'être demeurés fidèles au "Voyou de la République"?
Avant de se vautrer dans l’obscénité, Marianne ferait bien de faire le ménage sous les plis de sa robe virginale. J’ignore quelle a été la part de M.Joseph Macé-Scaron, le directeur adjoint de la rédaction dans ce pitoyable coup.
Puisque Marianne affiche pour devise la profession de foi d’Albert Camus "Le goût de la vérité n’empêche pas de prendre parti ", faisons lui le plaisir de prendre parti en rappelant une vérité moins brillante.
Depuis que Jérôme Dupuis a courageusement levé le lièvre dans L’Express, on n’ignore plus rien des habitudes de M. Macé-Scaron à pomper pour en emplir ses livres comme ses articles des passages entiers écrits par d’autres. Voilà qui devrait inciter à la modestie.
Je ne suis pas certain que François Hollande fasse ses choux gras de ce puant brouet. Pour son image, c’est plutôt gênant. D’autant qu’on n’est plus là dans le débat d’opinion mais, à mon avis, dans une opération "marchand de soupe ", purement mercantile, destinée à faire grimper les ventes et remplir les caisses.

Fantôme politique




Comme toujours, les démentis alambiqués suivent les articles à scandale. Dominique Strauss-Kahn n’aurait donné aucune interview au journal de gauche anglais The Guardian, à propos de l’affaire du Sofitel de New York. L’homme qui ne se sépare jamais de ses conseillers en communication surgit dans la campagne électorale à l’insu de son plein gré, en quelque sorte ! Et c’est également à l’insu de son plein gré que Julien Dray, hiérarque socialiste à moitié déchu, a invité DSK à son anniversaire en compagnie de Ségolène Royal, précédente candidate PS a la présidentielle, et des numéros 1 et 2 de l’équipe Hollande : Pierre Moscovici et Manuel Valls ! Les retrouvailles avortées de l’establishment du PS étaient fixées rue Saint-Denis, haut lieu de la prostitution parisienne. On peut parler d’acte manqué…
La débandade provoquée par l’arrivée de l’ancien patron du FMI à la sauterie de Julien Dray témoigne de la violence du choc. Elle montre à quel point son irruption dans la dernière ligne droite de la présidentielle est une mauvaise surprise pour l’équipe Hollande. Au PS, on n’en est plus à soupeser les éléments qui plaident ou non pour la thèse d’un complot au Sofitel de New York : d’une, il n’y a rien de neuf ou de concret en ce domaine ; de deux, DSK est placé en examen en France pour proxénétisme aggravé dans l’affaire du Carlton de Lille. Et dans le calendrier hexagonal, cette affaire est encore plus embarrassante à gauche que le Sofitel : le 15 mai 2011, le PS n’a perdu que ses illusions sur un homme pressenti pour porter ses couleurs. En octobre, à l’éclatement du scandale du Carlton, il aurait pu perdre un candidat dûment investi par le vote des primaires. Nafissatou Diallo a tiré la gauche française d’un très mauvais pas.
François Hollande a déclaré, hier, que « Dominique Strauss-Kahn n’est pas dans la campagne présidentielle » et qu’il « n’a pas à y revenir ». C’est à peine plus poli que la réaction de Nicolas Sarkozy, qui a conseillé à DSK d’avoir « la pudeur de se taire ».
Il faut dire que, sous le couvert de mots accusateurs envers la droite, le fantôme politique de DSK vient surtout chatouiller les pieds de ses « amis ». Que cela ne fait pas rire du tout, alors qu’ils sont en plein rêve de victoire, et qu’ils promettent le retour de la morale en France.

Hollande ivre à son meeting de Mérignac, près de Bordeaux 

D. BATHO, porte-parole de HOLLANDE occupe un logement social : Les Verts dénoncent 



Mettons que Hollande soit élu président... (ou le triomphe du relativisme culturel)

Denis Tillinac imagine une France dans laquelle le candidat PS est élu. Un cauchemar pour l'écrivain qui craint de voir "démonétiser le sens de l'honneur, de l'altitude, de l'aventure et de l'humour" au cours de cet éventuel quinquennat à venir.

Mettons que François Hollande soit élu président.
Aubry, Fabius, Montebourg, Joly, Duflot, Mélenchon et consorts le laisseront régner, mais pas  gouverner. La France sera à la merci d'un mixe d'idéologues obtus, de snobinards parisianistes et de notabilités régionales prudhommesques. Les pulsions inquisitoriales des militants et le clientélisme bananier des ducs, comtes et marquis  « décentralisés » produiront un univers grisaillant de planqués serviles et de tartufes coincés. La police du langage prohibera toute allusion au fuselage d'une minette (sexisme), toute présomption d'une supériorité esthétique de Vermeer sur le tag, de Mozart sur le rap (élitisme discriminant). Le propos de hiérarchiser tant soit peu les goûts et les couleurs, voire de présumer qu'une marge implique une norme, sera tenu au mieux pour  « réac », au pire pour  « facho » . Une flicomanie sournoise enténèbrera le pays de Rabelais, du Cid de Corneille, du Cyrano de Rostand, de la môme Piaf et de Gabin dialogué par Audiard. Une bigoterie fielleuse s'évertuera à démonétiser le sens de l'honneur, de l'altitude, de l'aventure et de l'humour.
La gauche ruinera la France avec la pharmacopée en usage auprès des incurables et des dépressifs : morphine des emplois bidons (« culture », « communication »), Prozac de l'« animation » depuis la crèche jusqu'à la maison de retraite. Caser son rejeton ad vitam dans un bureau quelconque d'une collectivité territoriale sera le must des ambitions parentales. L'animateur « socio-cul » à catogan et oreille baguée et le journaliste frotté de « sciences humaines » seront les anesthésistes au quotidien d'un peuple jadis gai, fécond et indocile. Leur catéchisme sirupeux, d'un pharisaïsme qu'un Peguy, un Bernanos ou un Mauriac auraient vomi, fragmentera le tissu social en « minorités » dont les revendications seront par principe « légitimes ».
En vertu du même principe, les aspirations de la majorité dite silencieuse, et pour cause, seront non avenues. L'invocation d'une filiation, d'un genre, d'un terroir ou d'une affinité élective sera suspecte et le recours à la mémoire historique, strictement encadré par le clergé des bulletins paroissiaux (Libé, L'Obs, Télérama, Médiapart, France Culture...).
Il sera périlleux d'afficher du respect pour l'intériorité, de l'appétence pour le panache, de la sympathie pour Saint-Louis sous son chêne, Jeanne-d'Arc à Orléans, Bayard à Marignan, Bonaparte au Pont d'Arcole. Et même pour De Gaulle, réputé factieux en son temps par les consciences de la gauche (Mitterrand, Mendès, les communistes, etc.). Le patriotisme sera taxé de « xénophobie » franchouillarde s'il s'abreuve à d'autres sources que le droit du sol, la  « laïcité » selon le père Combes et la défense des langues régionales.Tout enracinement affectif dans la mythologie et la poétique de la France sera coupable de péché mortel contre l'esprit cosmopolite; il faudra taire notre dû à la civilisation occidentale sous peine d'être expédiés dans l'enfer des esclavagistes, des colonialistes, des impérialistes, et caetera. Mieux vaudra pour mendier une subvention se targuer d'un pélérinage au mur des Fédérés qu'à la cathédrale de Chartres ou à Colombey-les-deux-églises. Bien entendu l'allusion la plus précautionneuse à l'impact éventuel des flux migratoires sera passible d'une mise en parallèle avec le racisme des nazis. Rien de moins. Autant dire que le sens des distinguos et des nuances sera décoté à la bourse des convenances. Tout se vaut, tout s'équivaut : de ce présupposé inepte, nul ne sera cencé s'affranchir.

Mettons que Hollande soit élu président.
L'arrosage aura une fin et les hochets du « sociétal » (mariage homo, euthanasie, etc.) n'abuseront pas indéfiniment des militants qui ont biberonné le lait sûri du ressentiment. Tôt ou tard, ils exigeront des bûchers et des potences pour assouvir leur frénésie de ratiboisage par le bas. Mais les vrais « riches » ayant décampé depuis belle lurette, vers qui, vers quoi orienter leur vindicte ? Vers le « réac » et le « facho », soit. Mais ces mots qu'on croirait exhumés d'un manuel de démonologie médiévale qualifient à peu près n'importe quel voisin de palier ou de bureau. On le débusquera. On le dénoncera. Chacun sera le réac d'un autre, le double mauvais de sa propre rancoeur. Ça promet des moeurs de vicelards qui s'épieront derrière leurs persiennes. Ça promet pire que la ruine : le deuil de toute jouvence, la réclusion dans un ennui nauséeux. Ça promet une manière de pétainisme rosâtre et verdâtre, frangé de rouge, un pétainisme bio et soft mais pas clean où l'on s'emm...comme des rats morts.
Mettons que Hollande soit élu président.
Il n'aura pas voulu ce désastre mais le vin de la haine étant tiré, il le boira jusqu'à la lie, pour survivre en son palais. Les insoumis s'en tireront mieux que lui car les nihilistes  de l'« ordre moral » socialiste n'oseront pas mettre à l'index notre patrimoine spirituel, intellectuel et esthétique bien qu'il soit très majoritairement « élitiste » et assez foncièrement « réac ». Ni fermer les bonnes auberges où les vins ont le goût du pays. Ni attenter à nos jardins secrets, où l'âme de la France continuera de rayonner. A leur insu puisque l'âme n'a pas droit de cité dans le réduit bétonné de leur imaginaire. Ils nous débineront, ils nous excommunieront mais nous sommes trop nombreux pour qu'ils nous embastillent. Dans l'exil intérieur où ils croiront nous enclore, l'ironie sera notre clé des champs ; nous filouterons du bonheur entre les mailles de leur « social ».
Mettons que j'ai cauchemardé et que Sarkozy soit réélu.
Tout n'ira pas au mieux dans le meilleur des mondes, il s'en faudra de beaucoup. Au moins sera conjurée pour un temps la menace d'une torpeur sans rêve dans la morne bienséance d'un cléricalisme de basse saison.


Comment François Mitterrand a discrètement placé la France sous la coupe des États-Unis

François Mitterrand avait bien caché son jeu. Au moment où une partie de la presse de droite, obnubilée par la participation de quatre ministres communistes au gouvernement, criait à la soviétisation de la France, ce qui s’opérait en réalité était le grand tournant atlantiste de la diplomatie française.

La politique d’indépendance nationale du général de Gaulle avait résisté mieux qu’on ne le dit généralement aux mandats de Pompidou et surtout de Giscard d’Estaing. Ce dernier, pourtant issu de la droite libérale pro-américaine, avait, au cours de son septennat, pris peu à peu des distances avec le grand allié, allant, au tournant des années quatre-vingt, jusqu’à lui retirer le soutien de la France dans la partie de bras de fer décisive qui devait déterminer si les Américains installeraient des fusées à tête nucléaire en Europe pour contrer celles que les Russes installaient de leur côté en visant l’Europe de l’Ouest.

Les élections de 1981 s’étaient ainsi déroulées à contre-emploi : si le PC était officiellement engagé au côté de François Mitterrand, l’ambassade soviétique soutenait discrètement Valéry Giscard d'Estaing, pendant que Jacques Chirac soutenait aussi discrètement François Mitterrand. Mais c’est François Mitterrand qui l’emporta.

Il donna assez vite de nombreux gages diplomatiques à son aile gauche qui pouvaient alimenter les craintes de bolchevisation alors prodiguées par la regrettée Annie Kriegel dans le Figaro : Claude Cheysson, diplomate tiers-mondiste aux Affaires Étrangères, Régis Debray à l’Élysée. Le discours de Mitterrand à Cancùn le 20 octobre 1981 était plein des échos de la révolte de toute la misère du monde contre les pays riches.

La réalité fut bien différente. François Mitterrand n’eut, durant sa présidence, aucun différend sérieux avec Ronald Reagan et Margaret Thatcher qui, au même moment, amorçaient le virage ultra-libéral du monde anglo-saxon.

Il prononça, et nous n’aurons garde de le lui reprocher, un discours décisif au Bundestag le 20 janvier 1983 : « les euromissiles sont à l’Est et les pacifistes à l’Ouest. » Ce discours où, seule en Europe occidentale, la France apportait clairement son appui aux États-Unis, au nez et à la barbe des ministres communistes, permit à Ronald Reagan d’installer les fusées Pershing et de gagner ainsi la bataille ultime de la guerre froide.

Le premier voyage du nouveau président hors d’Europe eut pour destination l’Arabie saoudite, il alla bien vite ensuite en Israël, ce qu’aucun président français n’avait jamais fait. Deux pays qui ne passaient pas, c’est le moins qu’on puisse dire, pour des alliés de l’Union soviétique !

Les archives ont révélé l’affaire Farewell par laquelle les services secrets français apportèrent alors un coup de main décisif aux Américains contre les Russes, assoyant la crédibilité du nouveau président comme allié sûr de Washington.

Nous avons déjà évoqué la concession capitale de François Mitterrand à Ronald Reagan en 1984 quand il accéda à la demande des Américains de soumettre la politique agricole commune à la mécanique du GATT, décision dont les conséquences devaient être désastreuses pour nos paysans.

Les Américains avaient-ils d’ailleurs des raisons de s’inquiéter ? François Mitterrand avait été sous la IVe République un ami constant de l’Amérique.

À la fin de la décennie quatre-vingt, la France de Mitterrand participa à la première guerre du Golfe contre l‘Irak, alors que, quinze ans plus tard, la France de Chirac devait s’abstenir pour la deuxième.

Lors de la décomposition du bloc soviétique, la France sembla réagir maladroitement à la réunification de l’Allemagne, paraissant vouloir la freiner, mais comment reprocher au président français de tenter de prendre quelques garanties contre d’éventuelles velléités de reconstitution de la grande Allemagne ?

Il s’en faut de beaucoup que la France ait été aussi judicieuse dans la gestion économique de la réunification. Pensant jouer au plus malin avec Helmut Kohl, François Mitterrand promut la création de la monnaie unique européenne : l’Allemagne réunifiée étant devenue trop forte à son gré, il pensa la "tenir" par là. Tel fut pris qui croyait prendre. C’est le contraire qui se passa : l’Allemagne imposa que l’euro (dont elle imposa le nom de préférence à l’écu qui sonnait trop français) soit géré comme le mark ; de fait, avec le traité de Maastricht, l’ensemble de l’Europe entrait dans la zone mark. Le régime monétaire optimal pour les Allemands n’étant pas le même que pour les Français, la croissance française s’en trouva, comme nous l’avons vu, durablement entravée et la France affaiblie.

Sachant l’histoire, Mitterrand dit une fois que, lui vivant, la France ne ferait pas la guerre à la Serbie. Madame Thatcher était sur la même longueur d’onde. Mais à ce moment-là, les États-Unis ne suivaient encore que de loin ce qui se passait dans les Balkans, il ne s’opposait donc pas vraiment à eux.

Il s’en faut de beaucoup que Jospin se soit maintenu sur cette ligne. Lorsque les États-Unis décidèrent de trancher le conflit des Balkans en prenant parti unilatéralement contre la Serbie, après une campagne de presse internationale faisant apparaitre celle-ci comme la seule coupable d’atrocités, Jospin - comme Chirac, puisque nous étions alors en période de cohabitation - s’aligna.

C’est le même couple qui engagea à la fin de 2001 l’armée française, à la suite des États-Unis, dans la guerre d’Afghanistan où, dix ans après, elle se trouve encore empêtrée.

Première guerre du Golfe, guerre des Balkans, Afghanistan : à trois reprises, un gouvernement socialiste s’alignait sans état d’âme sur les États-Unis.

L’ambassade des États-Unis intervient-elle sans discrétion dans nos banlieues pour y promouvoir (et ficher) les immigrés ou veut-elle modifier nos programmes d’histoire ? Le gouvernement Sarkozy ne dit rien et laisse faire, mais le conseil régional socialiste de Rhône-Alpes signe un accord de coopération avec la dite ambassade, comme si la France était le Guatemala.

Si l’on fait le bilan de ces trente ans, jamais un gouvernement socialiste n’a manqué à l’appel des États-Unis. Leur fidélité devait être aussi entière que ce que fut ultérieurement celle de Nicolas Sarkozy.

Rien dans tout cela qui ne rompe d’ailleurs avec la ligne traditionnelle des socialistes. Comme tous les membres de la Troisième force, les socialistes étaient sous la IVe République résolument atlantistes.

Les uns et les autres avaient voté contre la décision du général de Gaulle, en 1966 de retirer la France du dispositif intégré de l’OTAN.

Cette ligne constante d’intégration de la France au bloc occidental relativise les états d’âme que le PS sembla manifester en s’abstenant quand Nicolas Sarkozy paracheva en 2008 la réintégration de l’OTAN. Il devrait faire réfléchir les gaullistes qui, par opposition à la ligne atlantiste de Nicolas Sarkozy, seraient tentés de se rallier à Hollande.

Jacques Chirac, pour l’essentiel poursuivit, lui aussi, le rapprochement de la France avec l’OTAN mais il fut le seul à faire un écart qui pouvait rappeler la tradition gaulliste en refusant de manière spectaculaire de participer à la guerre contre l’Irak en 1983 ; cet écart suffit à déclencher un déchaînement sans précédent d’hostilité à notre égard outre-Atlantique.

Boules puantes 

Nous voilà donc entrés dans le vide du sujet. À quelques heures de la sacro-sainte confrontation télévisuelle qui aurait dû idéalement constituer le point ultime du débat démocratique, la campagne électorale vient de toucher le fond. Et de faire remonter à la surface, par un effet mécanique bien connu, une odeur de vase assez désagréable pour ne pas dire nauséabonde.
Jusqu’ici, cette élection était simplement molle du genou. Sans trop de relief. Sans beaucoup de passion non plus. Un ou deux dérapages verbaux comme il se doit, mais rien de bien méchant. Une absence de profondeur désolante, bien sûr, mais finalement pas plus que lors des dernières élections. Bref, l’histoire ronronnait à peu près en attendant que ça se termine et que la future équipe gouvernementale se mette au travail. Et puis, patatras! D’un coup, la campagne est devenue un concours de boules puantes.
On attendait les deux poids lourds de la politique française sur le terrain de l’insoluble (?) question de la dette, sur celui du pouvoir d’achat, de l’effondrement de la quatrième économie européenne (l’Espagne) et de ce que cela suppose, du chômage, que sais-je encore, ce ne sont pas les sujets de préoccupations qui manquent, et les voilà qui s’écharpent en place publique dans des querelles de cours d’école.
Se traitant de «staliniens» ou de «pétainistes» (en 2012 !). Se complaisant dans des références douteuses. S’accusant mutuellement d’orchestrer des campagnes de dénigrements dont la très opportune publication d’une lettre censée démontrer le financement de la campagne de Sarkozy en 2007 par le dictateur libyen constitue le dernier épisode en date. Il ne manquait plus que DSK et son odeur de soufre dans ce tableau? Pas de problème, le voilà qui resurgit avec un sens du timing et de la dramaturgie assez déroutant. Toute cette cacophonie est indigne de l’importance de l’échéance.
Il est temps que les deux camps retrouvent un peu de sérénité et de hauteur. Pour que le débat de mercredi ne vire pas au pugilat et soit à la hauteur des enjeux. C’est la dernière occasion qui sera donnée aux deux candidats.

Ennui 

Notre XXI e siècle à peine entamé est avide de nouveautés. Il nous faut du jamais vu, du postmoderne, du néo… Mais cette course éperdue au changement masque des coutumes qui défient le temps. Ainsi en cette campagne présidentielle, qui promettait d’être la première du XXI e siècle, et qui célèbre chaque jour davantage les traditions : les meetings, de Bercy à Toulouse, de Calais en Avignon, avec cornes de brume et jeunes en tee-shirt ; les grands défilés parisiens, avec drapeaux claquant au vent ; le débat télévisé, et son rituel d’ORTF ; jusqu’au porte-à-porte militant, qu’on croyait dépassé par le démarchage numérique… Et tout cela pour parler de quoi ? La France, notre nation, face au monde qui bouge. Le changement nécessaire, et la continuité qui rassure. Et peu importe si cela paraît à certains ennuyeux, puisqu’il ne s’agit pas d’un spectacle, mais de notre avenir.

Un 1er Mai sous haute tension 


C'est entendu, le 1er Mai a beau être la journée de solidarité internationale du monde du travail, il n'est pas le monopole des syndicats. Aux dernières élections présidentielles, il a d'ailleurs été un moment important de l'expression politique, pas seulement du Front national. En 2007, Ségolène Royal avait su utiliser cette date symbolique pour faire un grand meeting à Charléty, sans qu'il y ait à redire, sans débordement. D'où vient dès lors le malaise plus ou moins diffus que l'on ressent à la veille de la fête du Travail.
Trois raisons spécifiques nourrissent la perplexité, l'interrogation et parfois l'inquiétude. Première évidence : les politiques - la politique - tentent une OPA inédite sur le 1er mai 2012. Du haut de ses 17,9 % récoltés dans les urnes au premier tour de la présidentielle - alimentés pour bonne part par la désespérance ouvrière - Marine Le Pen entend évidemment pousser son avantage. Entretenir la flamme avant les législatives. Soucieux de combler le retard affiché dans les sondages et de n'avoir rien à regretter, Nicolas Sarkozy tente une ultime démonstration de force dans la dernière ligne droite avant le 6 mai. Quitte à mobiliser sur la stigmatisation de la CGT, sans nuances, et à utiliser, avant de le retirer, plusieurs jours durant, le concept discutable de « vrai travail ».
Les esprits sont à cran
Deuxième constat : les syndicats ont peu ou prou perdu le nord de l'indépendance syndicale et de l'apolitisme qui restent pourtant leur credo officiel. Certes la CGT, même depuis le désarrimage du PC, n'a jamais tout à fait caché ses préférences pour le cap à gauche toute. Bien sûr la CFDT s'est souvent enferrée dans une neutralité un peu artificielle et hypocrite. Force est de constater pourtant, qu'en 2012, les syndicats sont allés un peu plus loin dans leur engagement politique, CGT en tête. Ses dirigeants ont rompu bruyamment avec leur relative retenue habituelle, appelant à voter contre Nicolas Sarkozy sans autre forme de procès. Quitte à heurter une partie de l'opinion.
Troisième élément, ce n'est pas le plus rassurant, les esprits sont à cran. Les expressions dérapent jusqu'au plus haut niveau, la violence verbale des uns répond au dérapage sémantique des autres. L'agressivité de l'un alimente le ressentiment des autres. D'un côté le président candidat ne se cache plus derrière les précautions du début de quinquennat pour dire tout le mal qu'il pense des corps intermédiaires en général, et des syndicats en particulier. Quitte à les caricaturer et à accroître les tensions.
De l'autre côté, les syndicats estiment qu'ils ont une occasion unique, en ce 1er Mai, de solder un quinquennat qui, selon eux, aura singulièrement rétréci la démocratie sociale. Le mandat Sarkozy avait commencé dans les faux-semblants de la concertation. Il s'était poursuivi et focalisé dans l'affrontement sur la réforme des retraites en 2010. Il se termine sur un ultime bras de fer où chacun, en quelque sorte, met bas les masques. Au risque de réveiller quelques vieux démons de confrontation musclée ? C'est peu dire que les forces de police auront un rôle prépondérant dans la canalisation militante de ce 1er Mai un peu hors normes.

Présidentielle : Fillon et Juppé font entendre leur petite musique

Le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères ont soutenu Sarkozy, dimanche, en adressant des clins d'oeil aux centristes. 

Ils sont loyaux à Nicolas Sarkozy, mais marquent leur différence. Dimanche, François Fillon et Alain Juppé ont fait entendre leur petite musique en animant chacun un des six meetings décentralisés organisés par l'UMP. Quelques minutes plus tard, le président-candidat, en meeting à Toulouse, allait jouer les équilibristes en prononçant, en présence de l'ex-ministre socialiste, Claude Allègre, de Jean-Marie Bockel, chef de file de la Gauche moderne, et de la vice-présidente du Parti radical, Rama Yade, un discours sensiblement moins droitier que ceux de Longjumeau, de Tours ou de Raincy, la semaine dernière, mais toujours centré sur le thème de la "frontière". "Peu m'importe que vous soyez centristes, UMP ou de la Gauche moderne ! Pour moi, vous êtes des Français", a-t-il même lancé. À ceux qui en étaient venus à en douter, le candidat UMP a aussi précisé qu'il était résolument attaché au droit du sol, opposé à "l'immigration zéro" et qu'il "détestait le racisme et l'homophobie". "Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen ne font pas partie de la famille de la droite républicaine", avait-il d'ailleurs souligné en milieu de journée sur Canal+. Alors, de leur côté, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères - qui entendent bien jouer un rôle à droite après la présidentielle - se sont adressés clairement aux électeurs centristes.
Il est 15 heures à Woippy, dans la banlieue de Metz, quand François Fillon prend la parole dans une salle surchauffée de quelque 800 militants. À la tribune, devant le ministre de la Défense, Gérard Longuet, assis au premier rang, il se lance sur la maîtrise des finances publiques et la lutte contre les déficits, deux thèmes qui lui sont chers et auxquels sont sensibles les centristes. "Nicolas Sarkozy s'engage à un retour à l'équilibre de nos finances publiques en 2016. C'est une question de souveraineté nationale, car un pays surendetté est un pays menacé dans son existence", affirme-t-il. "La vérité, c'est que François Hollande ne réduira pas les dépenses. (...) La seule façon qui lui reste pour réduire le déficit, ce sera d'augmenter les impôts", poursuit le Premier ministre. Matraquant le candidat PS qui "surfe sur le vague", il met en cause son projet de vouloir "augmenter les impôts", détruire la politique familiale en touchant au quotient familial.

Longuet tend la main aux "corps intermédiaires"

Peu adepte de la "ligne Buisson", le Sarthois fait le service minimum sur les thèmes de la sécurité et de l'immigration. Il se contente d'assurer que la sécurité est "une priorité", critique le droit de vote aux étrangers aux élections locales - qui figure dans le projet de Hollande - et termine en défendant la loi sur l'interdiction du port de la burqa votée pendant le quinquennat. Gérard Longuet, qui est ici en Moselle dans son fief, est sur la même longueur d'onde. Au micro, il lance même un conseil au candidat UMP : "Ce n'est pas une critique, juste une réserve : Nicolas Sarkozy devrait plus s'appuyer sur l'ensemble des Français, plus compter sur les corps intermédiaires." Une remarque plutôt osée à l'adresse de celui qui ne cesse de rudoyer les corps intermédiaires - les syndicats, les journalistes, les élites - au gré de ses meetings et de ses déplacements de campagne !
Au même moment, le très populaire Alain Juppé joue aussi sa propre partition, depuis le Palais des congrès de Lyon. Prudent, il commence par prévenir toute surinterprétation de ses propos : "Puisque certains médias s'inquiètent, je me sens parfaitement à l'aise avec mes valeurs." Pas question d'attaquer ouvertement la ligne du candidat Sarkozy. Pourtant, s'il tient à montrer qu'il s'accommode facilement du discours du président-candidat sur l'immigration, lui aborde à peine le sujet. Tout juste regrette-t-il une différence d'appréciation supposée de la part des médias : "Quand François Hollande dit qu'il faut diminuer l'immigration légale, c'est de la vertu républicaine. Quand c'est Nicolas Sarkozy, c'est du vice pétainiste !" C'est surtout une leçon de gaullisme que le ministre des Affaires étrangères est venu donner, insistant sur ses deux valeurs-phares : l'humanisme et le patriotisme. Ainsi appelle-t-il à "reprendre un peu de hauteur dans le débat politique", et lâche même ce commentaire : "Entre Français, il faut se garder de toute stigmatisation, ou de mépris condescendant."

Pour Juppé, patriotisme et humanisme sont indissociables

"Le gaullisme, c'est une certaine idée de l'homme. C'est un patriotisme et un humanisme, qui font de la personne humaine, sans discrimination, le coeur de tout projet politique", explique le chiraquien, d'un ton très calme, devant plus de 1 000 militants. Et de définir, exactement comme le fera Nicolas Sarkozy quelques minutes plus tard, ce "patriotisme" par opposition au "nationalisme", qui est "une peur, un rejet". "Le patriotisme, c'est la France fidèle à son histoire, fidèle à ses valeurs, à sa culture, à son génie propre. C'est une France libre, attachée à son indépendance", ajoute-t-il. Avant d'expliquer que, pour avoir les moyens de cette indépendance, la France doit s'efforcer d'assainir ses finances publiques. L'occasion de tendre très explicitement la main aux électeurs de François Bayrou en faisant remarquer que la réponse de Nicolas Sarkozy à la lettre du candidat centriste fait "sept pages précises et détaillées", contre "deux pages seulement" pour le candidat socialiste, qu'il accuse de prôner le "matraquage fiscal" et une "conception passéiste de l'économie". Et Juppé de présenter le chef de l'État comme le candidat de la compétitivité, parce qu'il met le travail au coeur de son projet et oppose la "responsabilité individuelle" à "l'assistanat". Mais, là encore, il apporte sa petite touche personnelle, l'air de rien, en ayant une pensée pour les métiers les plus difficiles : "Soyons lucides, quand nous disons que le travail est libérateur, tout le monde ne le ressent pas ainsi. (...) Quand nous parlons de la valeur travail, nous ne devons pas seulement penser à la quantité, mais à la qualité du travail."
La semaine dernière, Alain Juppé s'était fait sévèrement tacler par Nicolas Sarkozy après avoir déclaré qu'il était prêt à "tout faire pour que l'UMP garde sa cohésion", en cas d'échec du candidat de l'UMP. "Parce que reconstituer le RPR et l'UDF, c'est dix ans d'échec pour ce qui serait alors l'opposition", avait-il déclaré. Alors, hasard ou pas, avant son traditionnel "Il n'y a pas photo, c'est Sarko qu'il nous faut !", il glisse, pour conclure son meeting lyonnais : "En politique, quand on est divisés, on perd à tous les coups !" À bon entendeur...