TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 25 novembre 2012

La guerre des droites continue

La guerre des droites continue 


Les luttes fratricides sont les plus acharnées, comme les guerres civiles sont les plus cruelles. Dans les conflits classiques, les belligérants se battent au nom de ce qui les sépare. Dans les combats intestins, ils s'affrontent au nom de ce qui les unit. Ils se trucident pour le même drapeau, se déchirent pour la même cause. Cette guerre-là est sans pitié, car il s'agit pour ces chefs d'être reconnus par tout le groupe (la nation ou le parti) comme l'incarnation de la volonté commune. L'autre est pire qu'un adversaire : c'est un traître et un usurpateur.
François Fillon et Jean-François Copé sont passés pendant les quelques heures d'une nuit blanche du statut de concurrents à celui d'ennemis irréductibles. Les commentateurs se partagent entre ceux qui croient que ce duel débouchera sur la scission de l'UMP et ceux qui n'y croient pas.
Que l'UMP se scinde ou pas, la droite est déjà éclatée. Le Front national s'est enraciné à son extrême. S'il a séduit d'anciens électeurs de gauche, il a surtout convaincu des électeurs de droite déçus par les gouvernements successifs. À l'autre bout, Jean-Louis Borloo veut ressusciter la composante centriste de l'ancienne UDF.
L'UMP a d'ores et déjà échoué dans sa volonté de réunir toutes les droites. Il faut dire qu'elle luttait, dans sa tentative, contre l'histoire de France.
Il reste la question de la survie de l'UMP comme machine de guerre électorale. C'est dans ce but qu'elle avait été construite par Jacques Chirac et Alain Juppé, puis conquise par Nicolas Sarkozy. Elle a porté ce dernier au pouvoir en 2007, mais a échoué en 2012. C'est cet arsenal que François Fillon et Jean-François Copé ont voulu récupérer en se portant à sa tête. Tous deux visent 2017 et la succession de François Hollande.
Un même but et des scrupules variables séparent les deux hommes. Jean-François Copé veut conquérir le parti, puis l'opinion, par la droite, en faisant revenir au bercail des électeurs égarés chez Marine Le Pen. Il compte sur son énergie et son culot. François Fillon veut s'attacher le parti, puis l'opinion, par le centre, et par la raison, en faisant preuve de réalisme et de mesure. Il compte sur sa capacité à convaincre, mais aussi sur sa détermination dans la durée.
Sur la route royale de la présidentielle de 2017 se trouve l'étape des municipales de 2014. Les candidats UMP respecteront-ils le double interdit, « ni PS, ni FN », ou franchiront-ils le pas de l'alliance avec ceux du Front national ? Dans le second cas, le schisme de l'UMP serait bien plus probable qu'aujour-d'hui.

À droite, est-ce bientôt la fin du parti unique ?

« L'illusion du parti unique, qui tentait de rassembler la droite décomplexée, la droite modérée et le centre-droit ne tient plus. Il y a un problème de cohérence idéologique. » DansLe Monde cette semaine, Jean-Louis Borloo s'est montré cinglant. Espérant sûrement, au passage, bénéficier de quelques défections... Alain Juppé s'est montré tout aussi catégorique : « Ce qui est en cause aujourd'hui, ce n'est pas la présidence de l'UMP, c'est l'existence de l'UMP. » Vouloir construire, en 2002, un parti unique, qui réunirait sous un même toit des sensibilités différentes, était-ce utopique ? «On peut s'interroger sur l'existence d'un tel parti , affirme le conférencier Francis Duhem, agrégé d'histoire, ancien professeur en khâgne à Lille.

Avec l'UMP, ils ont voulu dépasser le RPR en partant d'un noyau dur gaulliste et en ajoutant un certain nombre de sensibilités pour en faire un grand parti de droite. » Qui semble atteindre ses limites aujourd'hui : «C'était prévisible quand on a deux personnes à ce point antithétiques : tout les oppose ! » Selon la célèbre classification de René Rémond des droites en France (lire ci-dessous ), Jean-François Copé pourrait illustrer la droite bonapartiste, autoritaire, quand François Fillon est davantage dans la lignée libérale, orléaniste. Des tendances qui ont toujours cohabité au sein des partis de droite, qui se revendiquaient du gaullisme. La phrase de Malraux prend là tout son sens : «Le gaullisme, c'est le métro à 18 h », la société dans toute sa diversité, jusqu'à la gauche.
L'UMP en étau
Mais le gaullisme semble avoir vécu (lire par ailleurs ) : «Il a eu ses grandes heures sous De Gaulle, puis certains, dont Chirac, ont tenté d'entretenir la tradition , souligne Francis Duhem.Mais quand les politiques ne connaissent plus le gaullisme que par ouï-dire, la référence ne peut plus être ce qu'elle a été jusque dans les années 80. » Les dernières figures tutellaires de la droite, Chirac et Sarkozy, sont parvenues, peu ou prou, à assurer un consensus autour de leur personne.
Mais depuis que la succession est ouverte à l'UMP, la bataille fait rage. D'autant que le principal parti d'opposition se retrouve aujourd'hui pris en étau entre le Front national et l'UDI de Borloo. Vers quel côté basculer ? Les deux courants à l'oeuvre aujourd'hui sont-ils de nouveau conciliables ? Avec une image simple mais révélatrice, Francis Duhem livre la tendance qui semble se dégager depuis ces derniers jours : «Quand on casse un vase, on a beau recoller les morceaux, on voit toujours qu'il a été cassé. »

Des courants contraires

 
Dimanche, les militants étaient aussi invités à voter pour les « courants » au sein du parti. C'est la première fois que l'UMP officialise l'existence de mouvements en son sein.
Est arrivé en tête (27,8 %), la Droite forte, emmenée par les sarko-copéistes Guillaume Peltier, Geoffroy Didier et Camille Bedin. Juste devant la Droite sociale du filloniste Laurent Wauquiez (21,7 %) qui avait fait campagne pour les classes moyennes et contre l'assistanat ; puis France moderne et humaniste, emmené par Raffarin, Chatel et Leonéti (18,1 %) ; les Gaullistes (12,3 %) ; la Droite populaire de Thierry Mariani (10,8 %), très à droite sur les questions d'immigration et de la sécurité, mais concurrencée par la Droite forte. Après coup, on ne s'étonne pas que La Boîte à idées des « anti-divisions », Juppé et Balladur, n'ait fait que 9,2 % des voix, en dessous des 10 %, le seuil pour être reconnu officiellement... 

Les précédents duels à droite


Chaban-Delmas - Chirac. Deux jours seulement après la mort de Pompidou, en 1974, Jacques Chaban-Delmas, maire de Bordeaux, annonce sa candidature. L'ancien Premier ministre gaulliste voit se dresser contre lui le ministre des Finances, Valéry Giscard d'Estaing. Dans cette primaire, Jacques Chirac fait un choix risqué en faveur de VGE. Il lance « l'appel des 43 », opération de défection de parlementaires gaullistes visant à imposer les pompidoliens comme partenaires privilégiés du futur président Giscard d'Estaing. Chirac est nommé Premier ministre.
Chirac - Giscard d'Estaing. La période 1974-76, entre VGE président et Chirac Premier ministre, se déroule plutôt mal. De nombreuses anecdotes circulent sur leurs rapports glacés. Chirac claque la porte, affirmant ne pas disposer des moyens nécessaires «pour assurer efficacement ses fonctions ». Plus tard, VGE en veut à Jacques Chirac de l'avoir «trahi» à la présidentielle de 1981 : VGE raconte comment il a appelé la permanence de Chirac, en posant un mouchoir sur le combiné. On lui a répondu qu'il ne fallait pas voter Giscard, mais Mitterrand.
Chirac - Balladur. 1993 : la droite gagne les législatives. Matignon est promis à Jacques Chirac, président du RPR. Mais il garde un mauvais souvenir de sa cohabitation avec Mitterrand (1986-88) et a en vue la présidentielle de 1995. Il laisse la place à Édouard Balladur, «un ami de 30 ans ». Mais, en 1995, Balladur, conforté par les sondages, se porte candidat : celui-ci rallie la quasi-majorité de l'UDF et de ses ministres RPR. Chirac s'assure le contrôle de la machine RPR. Sarkozy appelle Chirac à se retirer mais celui-ci renverse la situation en sa faveur.
De Villepin - Sarkozy. Ennemi juré de Nicolas Sarkozy, qu'il surnomme «le nain », Dominique de Villepin, Premier ministre, rêve de lui barrer la route de l'Elysée en 2007. Mais la crise du Contrat première embauche et l'affaire Clearstream l'ont affaibli. On prête à Sarkozy d'avoir «promis de pendre à un croc de boucher » son rival. La victoire de celui-ci en 2007 ne met pas un terme à leur affrontement. Après sa relaxe au procès Clearstream, De Villepin reprend son combat. En 2012, il n'est politiquement pas en mesure de se présenter mais se prononce contre Sarkozy.

L'UDI de Borloo et le Front national vainqueurs

 
Dimanche, l'UMP devait élire son président, un nouveau leader. Elle se retrouve avec deux perdants. Mais la guerre des chefs à l'UMP n'est pas perdue pour tout le monde.
Jeudi matin, sur France Info, Jean-Louis Borloo assure que sa toute jeune Union des démocrates et indépendants (UDI) a enregistré « plus de 1 200 adhésions  » dans la nuit de mercredi à jeudi, par Internet. Et de répéter à l'envi : « La véritable force d'alternance, la véritable opposition, sereine, tranquille, tolérante et ouverte, c'est l'UDI  ». En début de semaine, ce parti a d'ailleurs accueilli une figure de l'UMP, Pierre Méhaignerie, ancien ministre centriste de la Justice, celui-ci promettant que d'autres allaient suivre dans les semaines à venir. Info ou intox, Jean-François Copé ne se dit pas inquiet « d'une possible hémorragie  ». « Ce sont des opérations ponctuelles  », a commenté Jean-Pierre Raffarin. N'empêche, Copé a quand même cru bon de prévenir qu'il ne « laisserait pas refaire d'UDF  » avec l'UDI de Borloo : « Je n'accepterai pas que l'UMP soit explosée au motif que Jean-Louis Borloo vient débaucher individuellement tel ou tel.  » Au Front national, on se frotte également les mains de ces bisbilles. Le score de Copé, c'est d'abord la preuve d'un déplacement du curseur des militants de droite... vers la droite. Et, comme ce 50-50 n'assure pas, quelle que soit l'issue, les coudées franches à Jean-François Copé, comment imaginer que les électeurs ne choisissent pas finalement l'original : Marine Le Pen. D'ailleurs, c'est Copé qui avait la préférence de Marine Le Pen. Pour lever « l'imposture  » : « Comment peut-on aller sur les thèmes du Front national et en même temps indiquer que le FN, c'est le diable ?  » Seule inquiétude du FN, que cette guerre fratricide ne ramène Nicolas Sarkozy dans l'échiquier et que celui-ci, pour le coup, ne rallie les électeurs égarés à sa cause.

France : la fuite du capital et du travail continue

Ça y est : la fine stratégie de Hollande commence à montrer des signes clairs de réussite ! Il était temps : la France était à deux doigts de retrouver vigueur et croissance.

L'actuel locataire de l’Élysée avait annoncé la couleur il y a quelques années, dans cette décontraction qui caractérise les andouilles inconséquentes lorsqu'elles sortent une énorme bêtise : il n'aime pas les riches. Et lors de sa campagne présidentielle, il avait nettement insisté sur la nécessité de faire cracher ces (salauds de) riches aux milliers de bassinets de l’État (qui sont, maintenant, la principale production d'une administration en manque de plus en plus cruel de fonds). Dès son accession au pouvoir et la mise en place d'un gouvernement de ninja de l'économie comme Montebourg ou Moscovici, les dés étaient jetés : la France allait vivre une révolution fiscale, en commençant avec une tempête de taxes aussi ridicules que nombreuses (sodas, bière, Nutella et j'en passe, notamment une taxe archéologique et un projet trop futé de taxe sur les jeux de hasard).
En termes fiscaux, la loi de finance pour 2013 aura réussi à consterner bien au-delà des frontières du Royaume du Bisounoursland, et les comparaisons avec les autres pays du système fiscal français donnent une assez bonne idée de la folie monstrueuse qui s'est emparée de Bercy.
Comme de juste, la réaction de la population ne s'est pas faite attendre.

D'un côté, on aura goûté aux applaudissements irréfléchis de l'éternel marigot de gauchistes bien-pensants, d'aigris et de jaloux qui forment la frange la plus bruyante de la société française, tous très heureux de voir qu'enfin, les politiciens appuyaient sur le champignon de la pression fiscale, faisant de la France l'antichambre de l'enfer fiscal dont ils rêvent pour les autres (il va de soi que cet enfer, lorsqu'il commencera à rôtir ces bruyants imbéciles, sera enfin dénoncé, mais nous n'y sommes pas encore, et il sera alors trop tard).
De l'autre côté, à l'exception notable de quelques pigeons par-ci, par-là, la population s'est tenue tranquille. Il y a bien quelques sporadiques mouvements de protestation des amateurs de bière, ou de Nutella, mais alors que le projet de mariage homosexuel n'a eu aucun mal à fédérer contre lui plusieurs centaines de milliers de Français dans la rue, la véritable mise en coupe réglée du pays par un ogre fiscal devenu incontrôlable n'a déclenché que quelques réactions épidermiques.
Enfin, les marchés ont finalement salué la performance de la France en la dégradant une première fois en Janvier (merci S&P), puis en Novembre (merci Moody's). Moscovici a évidemment beau jeu de mettre, comme il est de coutume, ce magnifique résultat au débit de Sarkozy, mais l'assortiment de la note de Moody's avec une perspective négative permet d'écarter ce mauvais raisonnement en montrant de façon limpide que les décisions empilées jusqu'à présent par la brochette d'incompétents actuels ne valent pas mieux que celles de la précédente équipe de bras cassés en charge du Titanic franchouillard.
Pendant ce temps, tout doucement, sans faire trop de vagues, les riches, qu'on conspue et qu'on pourchasse, s'en vont. Et rapidement, les cerveaux, qui attendent d'être payés pour leurs capacités intellectuelles, les suivent. Ils sont bientôt suivis des populations pas encore riches qui ont vite compris qu'en restant, la tonte était assurée et la probabilité de devenir riche, justement, s'en trouvait fortement amoindrie. Au fur et à mesure que les riches s'en vont, que les cerveaux partent, que fuient ceux qui veulent travailler et n'ont pas peur de prendre le risque d'aller voir à l'étranger s'ils sont mieux reçus, les groupes virulents d'aigris et de jaloux se retrouvent dans la délicate position de devoir compter sur eux-mêmes. Et seulement sur eux-mêmes.
Pour le moment, il n'est pas encore question de moiteur des mains et de petites sueurs froides dans le dos, non. On sent juste pointer un petit agacement de ceux qui voudraient bien ponctionner ceux qui partent et ne reviendront pas. On camoufle les faits évidents par des diminutifs (comme marginal, à l'instar de cette pignouferie de presse parue dans Libération presque touchante dans son déni enfantin de réalité). On fait appel au patriotisme, dans des lettres ébouriffantes d'inventivité de la part de Consulats en mal de pépètes. On fomente, en toute discrétion, des exit-taxes bien douloureuses et des questionnaires plus ou moins intrusifs dans le but de dénicher ces salauds de déserteurs. L'idée est toujours la même : tous savent que ceux qui partent, ce ne sont pas les boulets que la République a fait croître et chéri pendant tant d'années qui eux, restent (zut et zut).
Et lorsqu'on regarde quelques statistiques, on comprend que si ce n'est pas encore la panique du côté des ponctionnaires, ça commence à y ressembler du côté des ponctionnés. Et à ce sujet, je vous encourage à prendre connaissance de l'intéressant article de Ghislain Moncomble qui s'est livré à un petit calcul tout simple, en prenant des hypothèses très raisonnables. Le résultat, en termes financiers, est particulièrement préoccupant puisqu'il aboutit à la conclusion que l'expatriation, en temps normal, revient à placer hors des griffes fiscales plusieurs dizaines de millions d'euros qui iront irriguer d'autres économies plus clémentes. Mais l'évolution récente montre bien une accélération de la fuite.
Ce constat est étayé par différents éléments concrets bien palpables. Ainsi, les Français qui décident de partir au Canada s'y bousculent. Le Programme Vacances Travail offre tous les ans des visas aux Français, dont le nombre est soumis à quota. Chaque année, le nombre de jours pour atteindre ce quota diminue. En 2012, les quotas pour l'année 2013 ont ainsi été éclusés en ... 2 jours.
Nombre de jours avant clôture du PVT canada pour les postulants français

Évidemment, on pourra mettre ça sur le compte d'un attrait de la Belle Province et tout le tralala. Mais le prix de l'immobilier (bien plus abordable qu'en France), les perspectives d'emplois (un chouilla meilleures, dirons-nous), la stabilité économique et fiscale du pays, la proximité américaine, etc... tous ces éléments doivent jouer un tantinet en faveur de l'expatriation lorsqu'on comprend que l'avenir en France, pour la plupart des jeunes, se résume dans bien des cas à une relation suivie avec l'ami Paul Employ, et pas seulement sur facebook.
Et si l'on regarde la tendance générale dans différents pays, on constate que les départs se font de plus en plus nombreux. On parle souvent de Londres comme de la 6ème ville de France par le nombre de Français qui y sont installés. Force est de constater que le rayonnement français s'étend bien au-delà de Londres :
expatriations françaises, base 100 en 2006

Comme par hasard, les pays où les Français s'installent sont, fort souvent, bien plus propices au travail et à l'enrichissement que leur propre pays, la Suisse tenant d'ailleurs le haut du pavé - Coïncidence ? Je ne pense pas, et ce n'est pas Pierre Chappaz qui me contredira.
À lire ces statistiques et si l'on veut bien tirer les conclusions où mènent ces exfiltrations françaises, on comprend que l'avenir de la France, pour sa population, se trouve ... hors de France. Les calculs sont assez simples et laissent peu de place au doute : sur l'ensemble du quinquennat de Hollande, la fuite des Français provoquée par les mesures idiotes des socialistes coûtera au pays, au rythme actuel, des centaines de millions d'euros, et des dizaines de milliers d'emplois qui ne seront pas créés ou seront détruits. Le capital et le travail (qui y est attaché) s'en vont d'un pays qui a tout fait pour. Et finalement, lorsqu'on lit, dans la bouche de nos ministres, que tout ne va pas si mal, et, pour certains, que "tout va bien", c'est sous-entendu "oui, tout va bien, bien droit, dans le mur".



Grèce: des opportunités pour les collectionneurs d'art

On le sait depuis longtemps: le malheur des uns peut faire le bonheur des autres. En Grèce l'art pâtit fortement de la crise; les amateurs voient les musées alléger leurs horaires d'ouvertures, les artistes ne trouvent pas de galeries, et les collectionneurs se font de plus en plus rares. Ces derniers n'ont pas disparu mais il est de bon ton de ne pas s'afficher trop dans un pays où l'on tire à vue sur les signes extérieurs de richesse...
La situation économique pousse de nombreux particuliers comme des entreprises à se séparer de leurs œuvres, voire de leurs collections entières. Le marché est d'ailleurs presque saturé par le nombre de pièces d'artistes de renom dont les propriétaires sont pressés de se défaire.
Nous voilà donc devant équation cynique très simple qui fait de la somme de l'urgence et de la concurrence une opportunité.
Difficile cependant pour le collectionneur français de se repérer parmi les nombreux artistes grecs. On connaît la fondation Zervos à Vézelay, la galerie Xippas, l'art cinétique de Takis, et un peu l'histoire des très nombreux artistes de L'Ecole Grecque de Paris ou du fameux galeriste Iolas.

A Londres, Bonhams, l'historique maison de ventes fondée ne 1793 propose sa "Greek Sale" annuelle (mardi 27 novembre) avec le niveau d'exigence qu'on lui connaît, un choix d'œuvres très haut de gamme et de valeurs confirmées que de bonnes affaires.
A Paris aura lieu ce lundi 26 novembre (Drouot - 14h) la première vente d'art grec du XXe siècle. C'est la maison de vente Piasa qui a pris cette belle initiative, flairant l'opportunité du marché grec mais aussi de ses collectionneurs en France, encore peu sollicités dans ce domaine. La ligne de Piasa pour cette vente a été l'accessibilité grâce à des prix des enchères souvent très bas. Cela offre indéniablement de belles opportunités, mais comporte un risque certain pour les cotes des artistes qui n'auront pas vendu malgré des prix cassés.
Le catalogue des 180 lots réalisé par Dimitri Joannides recèle de nombreux grands noms de l'art Grec (Spyropoulos, Ghikas, Tsarouchis, Byzantios, Fassianos,...). La sélection des œuvres est plus variable du fait que certaines ont déjà été présentées en vente récemment ou que certains artistes sont peu connus, même en fin de carrière, mais les prix abordables vont permettre aux collectionneurs d'acquérir des œuvres d'artistes connus dont les prix sont d'habitude dissuasifs.
Il y a de réelles affaires ce lundi parmi les ventes des artistes dont le prix de départ est largement sous leurs cotes récentes tels que Tetsis, Kottis, Prassinos Tsingos, Kessanlis et Akrithakis (qui est de plus avec Moralis un des artistes grecs dont la valeur monte). Un grand format de Yannis Gaïtis (Les grandes Espérances) paraît aussi très sous-évalué.
Ensuite, si les enchères ne grimpent pas, il y a de très belles pièces d'artistes qui sont des valeurs sures comme la Corbeille de Fruit de Pavlos, Chimie de Xenakis ou le Sans titre (1955) de Tsingos.
Pour les néophytes, le catalogue de la vente sur le site de Piasa présente les artistes un à un. C'est une belle immersion dans l'art grec sur un siècle qui poussera certainement certains à se laisser tenter de participer à la vente dirigée par Maître James Fattori, à Drouot ou même en ligne.

Le cœur de l’Europe

Le cœur de l’Europe 


L’Union européenne est la reine du psychodrame. Les acteurs changent, le suspense demeure avec son lot de mesquineries, de marchandages et de petites phrases. On pourrait en sourire, si l’heure n’était pas aussi grave.
Seuls les Grecs, qui n’ont pas souvent l’occasion d’être fiers, le seront en voyant qu’une fois de plus on parle de Marathon. Un nom synonyme de victoire à une époque lointaine, quand Athènes rayonnait. Le marathon budgétaire de Bruxelles est d’un autre ordre. Les Européens s’y déchirent régulièrement. Cette année, la lutte est encore plus acharnée. Elle oppose les « cigales » du Nord aux « fourmis » du Sud, avec, en prime, les Britanniques qui confondent négociation et chantage.
David Cameron s’est lancé dans une imitation de Margareth Thatcher, qui avait jadis « soufflé » ses partenaires en martelant : « Je veux qu’on me rende mes sous. » La cupide Albion n’en démord pas : elle donne trop à une Union qu’elle trompe allègrement à la moindre occasion. François Hollande, qui n’a pas le vocabulaire de Jacques Chirac, n’a pas demandé aux Anglais s’ils voulaient ses attributs sur un plateau, mais le président français n’a pas caché son agacement.
Les crispations du sommet de Bruxelles s’expliquent aisément. L’Europe n’est plus ce club de privilégiés qui roulaient sur l’or. La rigueur frappe partout et face à la crise, les égoïsmes nationaux ont pris le dessus. Le budget présenté aux chefs d’États ressemble, toutes proportions gardées, à celui de bien des ménages : on racle les tiroirs pour trouver le moindre euro. Tous les domaines d’intervention risquent d’être revus à la baisse, de l’agriculture à la politique sociale.
Les coupes attendues dans les aides aux plus démunis laissent augurer de bien des drames. Le nombre des pauvres en Europe a explosé. Toutes les associations tirent la sonnette d’alarme. La faim, que l’on croyait éradiquée en Europe, n’est plus un effroyable souvenir. Alors que les Restos du Cœur ouvrent leurs portes lundi, l’Union européenne aurait bien besoin, elle, de restaurer son cœur.

Tourner la page du sarkozysme

Tourner la page du sarkozysme


La crise qui déchire l'UMP ne survient pas par hasard. Certes, elle est déclenchée par les scores équivalents qu'ont obtenus ses candidats à la présidence, François Fillon et Jean-François Copé. Certes, elle est le fruit d'ambitions individuelles féroces, mais la rupture s'explique par une division idéologique profonde au sein du parti conservateur. Elle trouve même ses racines dans la schizophrénie d'une grande partie des dirigeants de la droite, qui ne parviennent pas à conjuguer leur éthique et leurs ambitions personnelles. Ainsi, Jean-François Copé, qui inventa le drame des enfants se faisant voler leur pain au chocolat pour ne pas avoir observé le jeûne du ramadan, passe pour l'héritier radical de Nicolas Sarkozy. Il incarne moins une résurgence néogaulliste du RPR de Jacques Chirac qu'un retour des jeunes loups de l'ancien Parti républicain, libéraux et droitiers. Mais M. Copé a fait équipe avec celui qui osa en premier émettre des critiques publiques contre la droitisation de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 : Jean-Pierre Raffarin. Les libéraux centristes, comme l'ancien premier ministre Raffarin ou l'ex-ministre de l'éducation Luc Châtel, ont rejoint M. Copé, pour reconquérir le pouvoir. Ils savaient que leur champion devrait ménager une large place à un pôle centriste pour rassembler toute la droite. Ce faisant, ils n'ont pas mené l'indispensable clarification idéologique.
L'équipe de François Fillon apparaît plus traditionnelle, plus provinciale, plus consensuelle. L'unique premier ministre de Nicolas Sarkozy se présente comme un orthodoxe en économie, un modéré sur les sujets de société. Mais celui qui se disait dès 2007 "à la tête d'un Etat en faillite" n'a jamais eu le courage de claquer la porte de Matignon en raison du laxisme budgétaire de Nicolas Sarkozy, ou pour protester contre la dérive sécuritaire, évidente depuis l'été 2010 avec le discours de Grenoble sur les Roms et la déchéance de la nationalité des assassins de policiers. François Fillon est bloqué au centre par l'UDI de Jean-Louis Borloo.
"Nous sommes en train de devenir l'écurie présidentielle du Front national ou de Jean-Louis Borloo. Au choix", a résumé l'ancien ministre de l'agriculture Bruno Le Maire, qui n'a pas choisi entre M. Fillon et M. Copé. Le péril sera encore plus grand pour la droite si François Hollande continue de s'affranchir de son aile gauche et instille une dose de proportionnelle aux législatives, rendant possible une alliance au centre.
Nicolas Sarkozy n'est pas le grand gagnant de cette guerre fratricide. Il en est la cause. C'est lui qui a franchi, lors de sa campagne présidentielle pour 2012, les bornes de la droite fréquentable. Nicolas Sarkozy, faux retraité de la politique, est présenté comme un recours.
C'est oublier l'équation qui fit son succès en 2007. Il était parvenu à réconcilier le centre et la droite populaire. Mais il a échoué, se montrant incapable de réaliser la rupture promise, tandis que son tempérament, qui a crispé toute la société française, l'a disqualifié. Nicolas Sarkozy n'a guère plus de chances de revenir, durablement et avec succès, dans la course que n'en avait son adversaire de 2007, Ségolène Royal.
Si elle veut se reconstruire, l'UMP doit commencer par un inventaire sérieux des années Sarkozy et une redéfinition de valeurs communes.