TOUT EST DIT

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jeudi 7 novembre 2013

La situation est-elle révolutionnaire ?

La situation est-elle révolutionnaire ?

C'était écrit. Si la politique n'est pas toujours une science exacte, les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets : le désarroi du régime, sur fond de démoralisation nationale et de fronde antifiscale, était tout à fait prévisible. Ne faisons pas les étonnés. Avis de tempête sur la France. Avec un vent de force 10 où l'hystérie le dispute à l'éructation. Le temps est désormais aux braillards, aux europhobes et aux haineux en tout genre, tandis que décline dangereusement l'étoile des partis traditionnels. La situation est-elle révolutionnaire ?
Même si les bonnets phrygiens poussent comme des champignons sur les cortèges bretons, il faut se méfier des prédictions dès lors qu'elles concernent... l'avenir. On s'épargnera donc le ridicule d'annoncer, comme les prophètes de bistrot ou les bravaches des tréteaux, le grand soir incessamment sous peu.
Le communisme et ses avatars ne sont plus que des remugles au fond des poubelles de l'Histoire. Rien à craindre de ce côté-là. Mais force est de constater que la situation actuelle présente des similitudes passablement troublantes avec les décennies qui ont précédé 1789. Dans un grand classique, L'Ancien Régime et la Révolution, Alexis de Tocqueville avait énuméré quelques-unes des raisons qui avaient mené à la prise de la Bastille et à la suite que l'on sait. 

Apparemment, ces raisons sont toujours là, deux siècles plus tard. 
Rien de nouveau sous le soleil, pardon, les nuages de France. Qu'est-ce qui a provoqué la Révolution de 1789 ? La fiscalité, la centralisation et la bureaucratie. Sans oublier les privilèges et la mollesse insigne de la monarchie qui "souleva le peuple en voulant le soulager". Or, selon Tocqueville, plus un pouvoir est faible, moins il doit reculer ; sinon, il précipite sa chute. 

 Pour expliquer la Révolution, on ne parlera pas de multiculturalisme, ce serait anachronique, mais de délitement général et d'éclatement de la société : "Plus semblables entre eux" que les autres peuples, note Tocqueville, les Français étaient, à la fin du XVIIIe siècle,"plus séparés qu'ils ne l'avaient jamais été en petits groupes étrangers et indifférents les uns aux autres". Dans L'identité malheureuse, où se retrouvent tant de Français comme dans un miroir, Alain Finkielkraut ne dit pas autre chose. 

Additionnez deux de nos concitoyens, ces temps-ci, ça fera toujours une division. La déroute des finances publiques a fini de préparer le terrain pour 1789. Nommé pour les rétablir, le contrôleur général des finances Jacques Turgot, baron de Laulne, avait tout dit, dans sa célèbre lettre du 24 août 1774 à Louis XVI. Son programme novateur tenait en trois principes qui mériteraient d'être repris tels quels aujourd'hui : "Point de banqueroute. Point d'augmentation d'impôts. Point d'emprunts." Comment Turgot entendait-il redresser le royaume ? "Il n'y a qu'un moyen,écrivait-il à Louis XVI. 

C'est de réduire la dépense au-dessous de la recette, et assez au-dessous pour pouvoir économiser (...) afin de rembourser les dettes anciennes." Après quoi, ajoutait-il, barriste avant l'heure, viendront "le calme à l'intérieur, la considération au-dehors, le bonheur de la nation". Attaqué notamment pour avoir voulu abolir les privilèges, il n'aura pas tenu deux ans et sa disgrâce fut le début de la fin pour la monarchie. Un destin qui rappelle que notre pays a toujours préféré les révolutions aux réformes, qu'il abhorre. À Turgot et à ses disciples la France a, hélas, toujours tendance à préférer les bateleurs et les bonimenteurs, comme ceux qui prétendent aujourd'hui que, plutôt que de réduire les dépenses publiques, il suffit de dévaluer, de sortir de l'euro ou d'augmenter les impôts pour résorber les déficits et renouer avec la croissance. Démangés par une sorte de prurit fiscal, maladie sénile de la gauche, nos gouvernants n'ont pas redressé les finances ni relancé l'économie. Ils ont seulement grippé le moteur et donné raison à Winston Churchill, qui disait :

 "Les socialistes sont comme Christophe Colomb. 
Ils partent sans savoir où ils vont. 
Quand ils arrivent, ils ne savent pas où ils sont. Tout ça avec l'argent des autres." 

Le pouvoir, as de la reculée, a fait la démonstration par l'absurde que la fiscalité mène à tout, à condition d'en sortir. La Révolution n'est pas aux portes de Paris. Mais la déliquescence économique, oui, et M. Hollande est désormais condamné à mener, de gré ou de force, la seule politique qui vaille. Celle que tous ses prédécesseurs ont cherché à éviter. Celle qui a remis debout l'Allemagne, la Suède, le Canada, aujourd'hui la Grande-Bretagne, demain l'Espagne. On veut parler de la baisse des dépenses publiques, qui, chez nous, battent des records (57 % par rapport au PIB) et nous précipitent dans la spirale du surendettement.
Qu'attend-on pour commencer dès maintenant le travail que les marchés financiers obligeront la France à réaliser tôt ou tard ? Comme dit un proverbe normand, "ce n'est pas parce que le boeuf avance à reculons qu'il ne finira pas par entrer dans la bétaillère."

Tournée générale

Tournée générale


Après qu'il eut quitté la présidence de la République française, le général de Gaulle, quand on lui demandait à quoi il occuperait désormais ses journées, répondait : "Je vais donner des conférences dans le monde entier, comme Eisenhower et Churchill. Ils m'ont toujours dit que c'était bien payé. Il y a une chose que je n'ai jamais eu le temps de faire quand j'étais président, contrairement à mes petits camarades du privé, c'est de l'argent. Maintenant que je suis délivré de mes obligations, c'est à cela que je vais consacrer mon temps et mes capacités : faire de l'argent. Du cash."
La première conférence eut lieu à Cuba, devant les cadres de l'administration fiscale de M. Castro. Le Lider maximo s'était offert à prix d'or - on parle de 50 000 pesos cubains, l'équivalent de 50 000 dollars américains, soit 246 500 francs, ou 24,65 millions d'anciens francs (1) - l'opinion de M. de Gaulle sur les impôts directs et indirects ainsi que les diverses taxes locales. Dès qu'il eut terminé son speech d'une demi-heure ("Communisme et fiscalité"), le Général monta dans le Boeing 320-B d'Air France, son siège en firstétant évidemment à la charge de l'État cubain, et se rendit en Iran où le chah et la chabanou assistèrent à la conférence qu'il donna pour les patrons de l'industrie pétrochimique perse : "Économie et énergie". Il toucha, pour une intervention de quarante-cinq minutes, soit un peu plus longue que celle de Cuba, 1 million de rials, l'équivalent de 690 000 francs ou 69 millions d'anciens francs. Les finances de l'Iran étaient, est-il besoin de le préciser, en meilleur état que celles de Cuba. Néanmoins, remarqua le Général dans une interview parue dans le JDD peu après son retour en France, les Cubains mirent moins de temps à le régler que les Iraniens, ce qui confirmait, ajouta-t-il avec cette aimable malice qui le caractérisait dès qu'on abordait les questions financières, que les pauvres sont moins avares que les riches, ce qui explique du reste pourquoi ils sont pauvres.
Quittant Téhéran, le Général se rendit successivement à Istanbul ("Islam et progrès technique", 100 000 livres turques, soit 549 000 francs, ou 54,90 millions d'anciens francs), à Tokyo ("Riz et combat contre le cholestérol", 10 millions de yens, soit 136 000 francs, ou 13,60 millions d'anciens francs), à Athènes ("Fascisme et récession", 1 million de drachmes, soit 170 000 francs, ou 17 millions d'anciens francs). Rentré en France, il se retira à Colombey-les-Deux-Églises, non sans avoir eu auparavant un entretien avec ses trois agents de change, qui lui conseillèrent deux investissements en apparence contradictoires : l'immobilier et l'or. C'est ainsi que le Général, avec son million 695 000 francs, ou 169,50 millions d'anciens francs, se porta acquéreur d'un immeuble 1930 au centre de Clichy-sous-Bois. Avec ce qui lui restait de liquidités, il fit l'achat de plusieurs lingots d'or qu'il entreposa dans son coffre blindé, au sous-sol de la Boisserie.
Les EAU (Émirats arabes unis) se composent de sept émirats : Abu Dhabi, Dubai, Chardja, Fudjayra, Adjman, Umm al-Qaywayn et Ras al-Khayma. La conférence que le Général se proposait de faire à Port-Rachid, le plus grand port du monde ("Entente à sept", Bahreïn et le Qatar venant de prendre leur indépendance), n'eut malheureusement pas lieu suite au décès du conférencier, ce qui fit perdre une petite fortune à ses héritiers.

1. Le cours des monnaies est celui de la fin des années 60 (NdA).

Pourquoi Hollande devrait craindre la coagulation.


C'est la nouvelle théorie à la mode, l'explication d'une séquence de reculades sur le fond mineures mais trop fréquentes pour passer inaperçues: le spectre d'une "coagulation" d'intérêts contradictoires mais convergents pour l'occasion. Si Hollande s'en méfie, est-il conscient de sa responsabilité ?


Dans un billet publié ce lundi sur le Point.fr, on développe l'idée. L'article n'est pas signé, c'est peut-être Emmanuel Berreta, nouveau patron de la rubrique politique de cet hebdo d'opposition.
Imaginez que vous débarquez de loin, d'un autre pays, peut-être même d'une autre planète. Lisez donc la presse, écoutez donc les conversations. La France vous semblera effectivement au bord d'une crise de nerfs générale sans que l'on comprenne bien comment elle en sortira.

Ce lundi 4 novembre était ainsi exemplaire de ces débuts de semaine du quinquennat depuis bientôt un an: un psychodrame tous azimuts. Rentrée des classes oblige, dans quelques lycées franciliens, des élèves protestaient encore pour le retour de Léonarda et de sa famille, et du jeune Arménien Khatchik, voire pour l'arrêt de toutes les expulsions de clandestins.  Ailleurs, à cause de l'assassinat de deux journalistes français au Mali, François Hollande convoque une réunion de crise à l'Elysée. 
Malgré un hommage qu'on imaginait quasi-national, on entend des voix ici ou là pour critiquer sans vergogne la responsabilité des autorités françaises, et/ou de ces journalistes tués.

Dans un éditorial fameux pour Marianne, Jean-François Kahn voulait sortir Hollande du jeu politique, "par le haut". C'est-à-dire le remettre en position d'arbitre, comme Nicolas Sarkozy, cramé par les 10 premiers mois de son mandat agité, avait tenté de le faire en son temps. Lundi soir, Yves Calvi en rajoutait une couche, sur France 2, en dédicaçant son émission Mots Croisés à ce fichu thème: "Hollande, la paralysie ?".

Des manifestants "pour l'emploi" et "contre la crise" ont scandé ce samedi en Bretagne, "Hollande démission". Lundi matin, alors que quelques réunions associant pouvoirs publics et représentants locaux débutaient, nos médias de toute nature et toute obédience titraient sur notre président "désarmé face au bourbier breton" . Dans le Point.fr, on pouvait donc lire que "la révolte des "bonnets rouges" préfigure le cauchemar de François Hollande : la "coagulation", soit l'union de tous les mécontentements."

On citait un conseiller anonyme: "On sent une tension de plus en plus forte de certaines franges de la population sur l'immigration, la laïcité, la pauvreté (...), cela devient éprouvant".Ou un ministre, également anonyme: "Je ressens un grand désarroi de la part de ceux qui nous ont élus. (...) Au point où on en est, je me demande vraiment comment on va s'en sortir".

Donc, coagulation... ou pas ?

L'heure est effectivement grave.

On réalise, en cette période de fausse rentrée, que les plans sociaux s'accumulent. La Bretagne s'indigne d'une éco-taxe qui n'a pas eu lieu. Mais en Bretagne, comme ailleurs, le vrai trouble est quasiment existentiel: les plans sociaux se multiplient: Alcatel Lucent, Sanofi, La Redoute, Tilly-Sabco, FagorBrandt, Marine Harvest, on en dénombre au moins 1.000 en 12 mois. Et, à Bercy, on promet pire encore: "Les mois de novembre et de décembre vont être terribles (...). De grosses restructurations vont encore être annoncées, avec un impact local important sur l'emploi." 

Le Pacte de Compétitivité venait de fêter sa première bougie. Louis Gallois, auteur du rapport éponyme mais peu suivi était presque satisfait: "Avant que la situation ne s’améliore, il faut qu’elle arrête de se détériorer. On en est au moins là aujourd’hui." Mais ceci est encore insuffisant. L'incantation neo-lib à la compétitivité de nos coûts du travail est une voie sans limite. Il y a toujours un pays moins cher sur la surface du globe. Louis Gallois lui-même espérait mieux et plus fort: "pour combler le retard sur l’Allemagne par exemple il aurait fallu 100 milliards de baisses de charges. Un choc 5 fois plus important. Mais si les patron n’investissent pas ou n’embauchent pas, c’est aussi parce que la conjoncture n’est pas bonne, que l’euro est trop élevé et enfin parce qu’ils doutent."

Hollande a toujours su, jusqu'à présent, dé-coaguler les oppositions. On l'a constaté sur la réforme des retraites (qui connait une péripétie provisoire au Sénat où le compte pénibilité a été refusé par la droite, et l'allongement de la durée de cotisations par la gauche), ou l'ANI.  En Bretagne, un large dispositif de concertation tous azimuts, comme pour transformer la Bretagne en "laboratoire des remèdes potentiels face à la crise", a été déployé: un plan régional, la suspension de l'éco-taxe pour en négocier les modalités, des rencontres avec tous les syndicats de salariés et patronaux, les organisations professionnelles, les élus et préfets départementaux. 

Mais cette stratégie du "déminage permanent" se retourne aujourd'hui contre son auteur. 

Primo, elle nuit à la lisibilité de l'action. Car Hollande n'incarne finalement plus aucun dessein. Le "redressement" est une cause incertaine tant les paramètres internationaux sont imprévisibles, et insuffisamment motivante. L'action hollandaise est insuffisamment visible. Prenez ce Pacte de Compétitivité tant loué dans les milieux patronaux, il faut le chercher pour le trouver ! Et à force de taper sur tout le monde, il s'est privé de quelques réformes fortes mais clivantes - une réforme fiscale - et, en conséquence, de quelques arguments politiquement forts - le redressement dans la justice.

Secundo, en période de crise (des finances publiques, du chômage, etc), le déminage consiste moins à satisfaire un peu tout le monde - on n'en a plus les moyens - qu'à prendre le risque de mécontenter un peu chacun. Nicolas Sarkozy criait fort pour masquer une immobilité hors norme. Hollande agit par petites touches au point d'agacer. En d'autres termes, il désolidarise progressivement son propre camp, initialement déjà étroit compte tenu de l'état du pays.

"Hollande fait le jeu du Front national"

 "Hollande fait le jeu du Front national"


Après les "pauvres", les classes moyennes abandonnent aujourd'hui le président. "Le chef de l'État rendrait populiste un humaniste", assure Philippe Tesson.

Chaque jour s'allonge la liste impressionnante des plans sociaux, suppressions de poste, fermetures de petite ou moyenne entreprise, et autres faillites, qui assombrissent depuis plus d'un an le paysage économique et social de la France. En même temps, François Hollande continue imperturbablement de relever les signes d'une reprise et de promettre pour la fin de l'année l'inversion de la courbe du chômage. Jamais distorsion ne fut plus spectaculaire entre le vécu et le discours, entre la réalité telle que la subit le peuple et l'illusion telle que l'entretient le pouvoir. Comment s'étonner que la défiance ait grandi entre celui-ci et celui-là, au point que le pays se trouve aujourd'hui menacé d'une crise politique grave ?
On ne se réjouit pas d'avoir très tôt annoncé ce désastre et d'en avoir imputé la responsabilité au gouvernement socialiste et au chef de l'État. À leur façon, ils ont d'ailleurs reconnu leurs erreurs initiales, en infléchissant leur politique d'une manière plus conforme à la réalité et à l'évidence. Ce fut l'hiver dernier, lorsque furent prises des mesures en faveur de la compétitivité, de l'investissement et de l'emploi. Mais on dit bien : à leur façon, c'est-à-dire tardive et timide. À preuve, l'inefficacité des résultats obtenus, s'il est vrai que, depuis le début de cette année, 736 nouveaux plans de sauvegarde de l'emploi ont été notifiés, soit 16 % de plus que l'an dernier, selon les chiffres du ministère du Travail.
Pendant ce temps, l'Allemagne poursuit sa course en avant et l'économie britannique amorce son redressement. Dès l'instant où le gouvernement français acceptait de venir à résipiscence, il eût fallu qu'il allât jusqu'au bout de la logique de ce revirement avec l'énergie nécessaire, qu'il reconnût franchement s'être trompé et enfin qu'il cessât de rassurer le pays par des promesses inconsidérées. Ces méthodes d'action et de communication restent incompréhensibles. Au mécontentement qui gronde il oppose dans un premier temps une attitude de fermeté démentie le lendemain. À la colère populaire il apporte une réponse technocratique et désincarnée.
François Hollande se fait du peuple une image archaïque binaire et manichéenne. Ce n'est pas faute d'être diplômé. Entre le savoir et la culture, il y a décidément un fossé, entre l'Ena et la vie un gouffre. Aux yeux du président de la République, il y a les bons et les mauvais, les pauvres et les riches. Les riches votent à droite, les pauvres à gauche, tel est l'ordre des choses. Les riches sont haïssables, les pauvres leurs esclaves. Il est de la race des apparatchiks pétrifiés dans leur idéologie, incapables d'admettre et de comprendre qu'on peut sortir de sa condition, et que l'énergie crée la richesse, l'énergie des hommes comme celle de l'industrie, et que pénaliser l'énergie crée la pauvreté. Du moins donne-t-il de lui-même cette image, ou bien se la donne-t-il par opportunisme politique, ce qui serait pire encore. Il rendrait populiste un humaniste, par exaspération. C'est en ce sens qu'il fait le jeu du FN. Par haine de la droite ou par calcul ?
C'est ainsi que les classes moyennes, qui pour partie l'avaient soutenu, l'abandonnent aujourd'hui, après les "pauvres" qui s'estiment trahis. Que lui reste-t-il ? Des nantis que rien ne pourra jamais appauvrir et qui s'offrent le luxe cynique de considérer la politique comme une frivolité. Et puis des hommes et des femmes de bonne foi qui rêvent la politique comme une utopie juste et généreuse. Et enfin les Verts qui ont tout à gagner de tant d'incompétence, d'aveuglement et de faiblesse. Ainsi, en dix-huit mois une majorité, une confiance et une espérance se sont-elles épuisées.

Hollande, général défait

Hollande, général défait

Recourir à la guerre pour avoir la paix, c’est, très pacifiquement, ce que va faire, aujourd’hui, le président de la République en lançant les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale. Enfin, François Hollande va trouver quelques heures de répit pour prendre de la hauteur. Il n’y a d’ailleurs pas mieux qu’un sujet aussi consensuel que le conflit de 14-18 pour un temps de réflexion, celui-là même qui implique un certain recul.
Comment reprendre l’offensive et retourner une situation qui, sur tous les fronts, paraît désespérée ? C’est le défi auquel est confronté le président de la République, à la tête d’un pays qui semble se préparer à une guerre de tranchées.
Au-delà du cri de colère des salariés bretons de l’agroalimentaire, fragile ciment d’une armée mexicaine de « bonnets rouges » promettant une révolution si l’État ne plie pas sous ses revendications, il est clair que les digues rompent de partout. En attendant les suivants, Fagor-Brandt, La Redoute, Alcatel-Lucent, Tilly-Sabco ou encore Alstom ne sont que les derniers cas d’une longue liste de plans de suppressions d’emplois. À ces cas médiatiques car massifs, s’ajoutent les artisans, professions libérales, petits commerces… Selon le cabinet d’études Altares cité par nos confrères du Monde , 12 790 entreprises ont déposé leur bilan au troisième trimestre, soit une hausse de 7,5 % en un an. Et près de 53 000 emplois se trouveraient menacés par des procédures collectives (+ 5 % en un an).
François Hollande est déjà le général défait de la bataille économique. La guerre, elle, n’est pas encore totalement perdue mais bien mal engagée, notamment parce que personne n’a jamais gagné de conflit sans un plan de bataille global, sachant s’adapter à la réalité du terrain. L’indécision est de ces stratégies qui, au mieux, figent les situations, mais ne les redresse pas.
Politiquement, François Hollande a aussi presque tout perdu. « Président de tous les Français » au soir du 6 mai 2012, il n’est plus que le chef d’un bataillon socialiste affaibli, divisé et sceptique sur sa capacité à mener la reconquête du pays.
Sa responsabilité n’en est aujourd’hui que plus grande : quelle initiative peut-il prendre pour éviter l’explosion d’une société française bouillonnante ? Parmi les options qui s’offrent à lui (remaniement, remise à plat de tout le système…), la pire serait de ne rien faire. Car à force d’attendre, il sera trop tard.

15.000 emplois industriels perdus depuis l'élection de François Hollande

Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, a reconnu, mercredi, que 15.000 emplois industriels avaient été supprimés depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir. Ses équipes ont tout de même travaillé sur les dossiers de plus de 1.000 entreprises regroupant 150.000 postes.


PSAGoodyearArcelorMittal... Le chiffre aurait sans doute pu être pire. Arnaud Montebourg a reconnu, mercredi 6 novembre, que 15.000 emplois industriels avaient été supprimés en 18 mois, depuis l'arrivée de François Hollande au pouvoir.
"Nous sommes (...) à 15.000 emplois perdus en 18 mois sur plus d'un millier d'entreprises en difficulté en France", a déclaré le ministre du Redressement productif devant la commission des Finances élargie de l'Assemblée nationale. "C'est beaucoup, mais (...) dans la plupart des cas, nous avons conservé les outils industriels, les savoir-faire", a-t-il ajouté.

Des entreprises représentant 150.000 emplois

Depuis mai 2012, les services de son ministère sont intervenus dans les dossiers de quelque 1.075 entreprises en difficulté ou ayant connu des difficultés, représentant plus de 150.000 emplois, a rapporté Arnaud Montebourg.
A chaque fois, ses équipes ont mis autour de la table les banquiers et les créanciers, les dirigeants, l'État, les salariés. "C'est un effort très difficile, mais à chaque fois, on arrive à trouver des attitudes responsables de part et d'autre", a déclaré le ministre.

Le risque d’un mariage blanc

Le risque d’un mariage blanc


Ça y est : ils se sont dit « oui ». Sous les applaudissements des membres de la famille centriste, Jean-Louis Borloo et François Bayrou ont uni leurs mouvements, l’UDI et le MoDem, pour créer « L’Alternative », hier soir à la Maison de la chimie à Paris. Un lieu particulièrement bien choisi tant cette union a nécessité un savant dosage – et une mise en scène millimétrée – afin que les deux principaux intéressés apparaissent sur un strict pied d’égalité. L’attelage Borloo-Bayrou est celui d’une Rosalie, côte à côte et pas l’un derrière l’autre.
Sur la forme, ce mariage risque cependant fort de s’achever par un divorce. Déjà, il repose sur un malentendu puisque Jean-Louis Borloo et François Bayrou ont longtemps dragué par ailleurs, le premier à l’UMP, le second auprès du PS, avant de reprendre leur liberté devant le peu de considération qu’avaient pour eux les deux partis visés. Leur alliance n’est donc que le fruit de mauvaises expériences passées, pas la concrétisation d’une envie fusionnelle.
Ensuite, cette union est un peu le mariage de la carpe et du lapin entre deux hommes à l’image brouillée dans l’opinion, notamment de par leur parcours chaotique, un coup à droite, un coup à gauche. À travers les humoristes, ils font rire les Français, ce qui leur assure une cote de popularité élevée. Mais peuvent-ils aller plus loin ? Pourtant, selon le dernier baromètre du Figaro Magazine , respectivement 29 % et 27 % des Français souhaitent voir Jean-Louis Borloo et François Bayrou jouer un rôle important au cours des mois et des années à venir. Ce qui prouve qu’il y a, en France, une place pour le centre. Reste à lui trouver un leader.
Alors, l’attelage Borloo-Bayrou peut-il durer jusqu’à la prochaine élection présidentielle ? Borloo avait hésité à se présenter en 2012 avant de rentrer dans les rangs sarkozystes tandis que Bayrou avait obtenu 9 % des voix. Vont-ils s’entre-déchirer avant ou peuvent-ils constituer un « ticket » à l’américaine qui, jusqu’à présent, n’a jamais marché en France ? C’est le pari qu’ils font.
La question des égos réglée, il reste au couple Borloo-Bayrou à démontrer, concrètement, qu’il est d’accord sur le fond, à savoir une base programmatique pour conduire les affaires du pays. Le plus dur, vraiment, reste à faire pour les deux hommes.

LETTRE AU PÈRE NOËL


Cher Père Noël,

 Je suis une jeune roumaine de bientôt 20 ans. 
  
 J'ai deux enfants, un troisième est en route. 
    
 Je vais t'expliquer pourquoi je peux croire encore aux contes de fées. 
  
 J'ai trouvé un pays merveilleux : la FRANCE. C'est absolument génial. 
  
 Ça fait plusieurs années que j'y habite alors que je n'en ai pas le droit. Je suis en situation irrégulière, mais la FRANCE m'a quand même donné une carte pour que le médecin et les médicaments soient gratuits. 
  
 C'est super car mes parents habitent en Roumanie. Les pauvres, ils sont malades. Mais grâce à ma carte, je peux acheter (enfin gratuitement) les médicaments et les envoyer à mes parents, car c'est la carte A.M.E qui paye, sans que je sache pourquoi ? Trop génial. 
  
 Attends, ce n'est pas tout. C'est vrai, je ne suis pas toujours gentille. Je vole un peu les gens ou je demande de l'argent pour une fausse association ou je fais la manche à la sortie des gares ou du métro. Ça, marche bien. 
  
 Les Français, ils n'ont pas beaucoup d'argent, mais ils donnent quand même (ceux qui ne veulent pas, on les traite de racistes et souvent après ils donnent). 
  
 Des fois je me fais arrêter. Au début j'avais peur d'aller en prison. Mais maintenant, je sais que je ne risque rien. C'est grâce aux Juges. Ils disent qu'ils sont indépendants. 
  
 Hier, c'était la 30ème fois que j'étais arrêtée. La police faisait semblant d'être méchante avec moi, mais c'était pour de faux. 

 Trop drôle la tête des policiers quand ils ont appris que j'avais plus de 20 fausses identités. Ils n'avaient jamais vu ça ! 

 D'ailleurs, à un moment, ils ont même pensé que la Justice allait me punir. Mais comme toujours, les Juges m'ont juste dit de ne pas recommencer. 

 Elle est bien la Justice en France (je crois les Juges ils aiment bien les Roumains) 
  
 Père Noël, voilà ma demande : 
  
  Figure toi que la Roumanie doit bientôt faire partie de l'espace Schengen. Suis impatiente, comme tous les roumains d'ailleurs. Car, après, je ne serai plus clandestine et la FRANCE me donnera les allocations familiales (mère isolée et trois enfants orphelins vu qu'ils n'ont pas de père officiellement). Je pourrai alors demander à bénéficier d'une prime pour l'achat d'une caravane et des bons CAF pour la meubler. 
  
 Mes parents viendront, les pauvres ils sont malades. Ils toucheront le RSA et auront droit à la CMU, et puis ils pourront demander à bénéficier du minimum vieillesse et exiger un logement dans un immeuble HLM.
  Mais il y avait le méchant SARKOZY. Lui c'est un raciste. Il ne voulait pas que la Roumanie soit dans l'espace Schengen. Mais nous les roumains on veut tous les avantages de la France. 
  
 Alors Père Noël, en 2012, tu as remplacé le méchant SARKOZY par un gentil Président comme HOLLANDE. 

  Tout le monde attendait ce nouveau Président HOLLANDE pour la FRANCE, les Européens Roumains, Monténégrins, Kosovars, Albanais, Géorgiens, Arméniens, mais aussi tous les pays du continent Africain. 
  
 Tu vois Père Noël, tu as remplacé le méchant SARKOZY par un gentil Président comme HOLLANDE , tu as fait le bonheur des plusieurs centaines de millions d'hommes et de femmes qui veulent aussi vivre dans ce pays merveilleux, La FRANCE. 
  
 Je t'embrasse Père Noël.

Un pays au bord de l'insurrection


Les socialistes au gouvernement ne parviennent plus à imposer leurs décisions. Un vent de fronde souffle sur le pays et le rend ingouvernable, dramatise le quotidien allemand.
La France est au bord de l'insurrection. Les socialistes au pouvoir à Paris ne parviennent plus à imposer leurs décisions. Qu'il s'agisse de l'introduction d'une écotaxe, de la taxation (rétroactive) des assurances-vie et de l'épargne logement ou d'une hausse de la fiscalité des entreprises, aussitôt une vague de contestation balaie le pays et au bout de quelques jours le gouvernement renonce à ses mesures.
Ainsi, au reproche d'incompétence s'ajoute maintenant une impression de faiblesse. A juste titre : le Parti socialiste est traversé par des batailles de courants. Jour après jour, les alliés écologistes prennent leurs distances vis-à-vis de la formation au pouvoir. Les ministres se disputent publiquement, il n'y a plus de discipline de gouvernement, aucune ligne politique n'est discernable. Le président François Hollande est plus impopulaire qu'aucun autre chef de l'Etat avant lui. Son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a perdu toute autorité. Hollande avait envisagé de changer de chef du gouvernement une fois passé les municipales de 2014. Mais il paraît douteux qu'il puisse attendre jusque-là.
Quant aux municipales [des 23 et 30 mars], elles devraient logiquement aboutir à un fiasco. Dans les communes, les socialistes, qui tiennent la mairie de la plupart des grandes villes, pourraient être sévèrement battus. A en croire les spécialistes des instituts de sondage, aux législatives européennes [du 25 mai], le Front national de Marine Le Pen risque de terminer en tête, devant l'UMP, le parti de droite dans l'opposition. Et les socialistes n'arriveraient qu'ensuite, selon les prévisions du moment.
Un programme utopiste
Hollande paie aujourd'hui le prix d'une victoire présidentielle remportée à l'aide d'un programme complètement utopiste, promettant que la France surmonterait la crise financière et économique sans exiger de sacrifices de ses citoyens et sans réformes en profondeur, notamment dans les services publics. Grâce à une croissance soutenue par l'Etat et financée par une hausse des impôts sur les riches.
La croissance tarde toujours à se montrer. Les impôts et les taxes, en revanche, ont brutalement augmenté, surtout pour les revenus moyens. Les économistes et les sociologues mettent déjà en garde contre la menace d'une grève fiscale. Les agriculteurs et les chauffeurs routiers qui manifestaient en Bretagne arboraient des bonnets phrygiens*. Ca sent la révolte.
Note :* En réalité, des bonnets rouges, symbole non de la Révolution française de 1789, mais de la Révolte du papier timbré de 1675, qui a vu se lever les Bretons contre une nouvelle taxe imposée par Colbert, au mépris de l'autonomie fiscale en vigueur en Bretagne depuis 1532.

Mieux vaut être Suisse ou Norvégien plutôt que Portugais ou Grec


En terme de bien-être, les Français sont dans la moyenne, selon le classement diffusé dans le rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) consacré au bien-être des ménages des pays membres de l’Organisation.

Mieux vaut être Suisse, Norvégien ou Islandais plutôt que Hongrois, Portugais ou Grec. Si l’on en croit les intéressés eux-même lorsqu’ils jugent leur satisfaction dans la vie, tel est le classement diffusé dans le rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) consacré au bien-être des ménages des pays membres de l’Organisation. Cette dernière met en garde sur le fait que la perception du bien-être varie selon les pays. « Il n’y a pas de clairs champions du bien-être parmi toutes les dimensions du bien-être », indique le document. Cette précision faite, les experts du château de la Muette n’en ont pas moins analysé les pays en fonction de 11 critères définissant, à leurs yeux, le bien-être d’une personne. Que ce soit son revenu et son patrimoine mais également son logement, l’état de sa santé, son équilibre entre vie privée et vie professionnelle, son niveau d’éducation et de compétences, ses liens sociaux, la qualité de son environnement, la gouvernance de son pays, sa sécurité personnelle…
Sans surprise, la crise, qui s’est accompagnée de pertes d’emplois et de revenus, a plutôt dégradé la perception de bien-être des personnes. Cette perception, indique l’OCDE, s’est fortement détériorée en Grèce entre 2007 et 2012 avec un recul de 20 % de la satisfaction de vie. L’Espagne et l’Italie avec des replis de 12 % et 10 % arrivent juste derrière. En revanche, les Allemands, les Israéliens, les Mexicains et les Russes ont vu leur satisfaction augmenter.

Défiance envers les gouvernements

La crise a aussi entamé la confiance de la population dans le gouvernement. Le recul du degré de confiance s’élève à 10 % en Europe. Pour l’ensemble des pays de l’OCDE, moins de la moitié de la population interrogée se déclare confiante envers ses autorités gouvernementales. Soit le taux le plus faible depuis 2006. « Ce rapport est une sonnette d’alarme pour nous tous. Il nous rappelle que l’objet central de toute politique économique et d’améliorer la vie des populations », a déclaré le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria.
Dans ce contexte de dégradation générale, l’Organisation relève que « le ménage français moyen avait été un peu moins affecté par la crise que celui des autres pays ». « La France obtient de bons résultats dans plusieurs des 11 dimensions » du bien-être (logement, revenu et patrimoine, liens sociaux, équilibre vie privée-professionnelle, qualité de l’environnement et santé). En revanche, elle fait moins bien que les autres pour ce qui concerne l’emploi et les salaires, le bien-être subjectif, l’engagement civique, la sécurité personnelle et l’éducation et les compétences. L’OCDE remarque en particulier que le revenu disponible des ménages français a augmenté en termes réels d’environ 2 % entre 2007 et 2011, alors qu’il a baissé d’autant dans la zone euro. Mais les inégalités se sont creusées.
Dans les aspects plus négatifs, l’engagement dans des activités d’entraide et de bénévolat ont plutôt reculé. Les Français se montrent en moyenne mécontents de leurs conditions de travail : « En 2010, 33 % des salariés français déclaraient travailler dans un mauvais environnement de travail, la part la plus élevée au sein des pays européens », indique le rapport. Résultat : au final, la France se situe juste à la moyenne des pays de l’OCDE en ce qui concerne la perception du bien-être par les ménages.

Croissance, déficits… Comment Hollande a perdu sa crédibilité

Bruxelles conteste l'amélioration promise par la France sur ses comptes publics. Le président avait fait de leur redressement la priorité de son début de mandat. 



Il en avait fait l'une des pierres angulaires de sa campagne. Parmi ses 60 engagements (PDF) dévoilés début 2012, François Hollande promettait de "redresser la France, redresser ses finances et son économie""Le redressement, ajoutait-il, est indispensable." Et le futur chef de l'Etat de marteler, quelques jours avant son élection, que "le sérieux budgétaire est le premier moyen pour rétablir l'équilibre des comptes publics". Près de deux ans plus tard, le voilà confronté à la dure réalité.
Bientôt la tête à l'envers 
Dans ses dernières prévisions (PDF), mardi 5 novembre, la Commission européenne émet une série de doutes sur le scénario prévu aujourd'hui par Paris en matière de croissance, de déficit public et d'emploi. Francetv info vous explique comment François Hollande a perdu sa crédibilité sur ces thématiques depuis son élection.

En surestimant la reprise lorsqu'il était candidat
Le principal problème remonte probablement à 2012. A l'époque, le candidat socialiste promet que son projet "se fonde sur des hypothèses de croissance à la fois prudentes et réalistes". François Hollande prédit alors qu'après une progression de 0,5% en 2012, la croissance retrouvera un rythme soutenu : 1,7% en 2013, 2% en 2014 et entre 2% et 2,5% les années suivantes. Une croissance qui doit tirer l'économie française vers le haut, et permettre de ramener le déficit public sous la barre des 3% du PIB, dès 2013. Remplir cet objectif est alors une question de"responsabilité" et de "crédibilité", selon les mots du ministre de l'Economie, Pierre Moscovici. En vain. Reporté une première fois à fin 2014, le retour sous les 3% a de nouveau été repoussé à fin 2015.
Ces derniers jours, de nombreux députés socialistes reconnaissent que "l'ampleur de la crise a peut-être été sous-estimée""On savait que ce serait difficile, mais peut-être pas autant", résume l'un d'eux. En réalité, selon les dernières prévisions de Bruxelles, la croissance ne devrait repartir que très lentement : 0,2% en 2013, 0,9% en 2014 et 1,7% en 2015. Le déficit public, lui, devrait encore s'élever à 3,7% du PIB fin 2015. 
En repoussant plusieurs grandes réformes
Sur le fond, à droite comme à gauche, on reproche à François Hollande de ne pas être allé assez loin dans les réformes de début de mandat. Dans les rangs de la majorité, beaucoup déplorent par exemple que le chef de l'Etat ait renoncé à engager la grande réforme fiscale promise durant la campagne. Un "choix politique" arbitré à l'été 2012, selon l'un de ses plus proches conseillers, par crainte de "créer une tétanie à un moment où les gens sont très sensibles à tout changement"
Résultat : l'exécutif a préféré opérer par petites touches, au risque de donner le sentiment d'un zigzag fiscal"Les Français n'en peuvent plus d'entendre l'annonce d'une nouvelle taxe tous les matins à la radio. C'est antinomique avec un retour de la croissance", fustigeait, il y a quelques jours, l'économiste Elie Cohen, soutien de François Hollande en 2012.
Sur un tout autre sujet, la réforme des retraites, François Hollande s'est aussi attiré les critiques de Bruxelles, en optant pour un projet a minima. "La France va dans la bonne direction, mais il y a encore beaucoup à faire", regrettait début septembre le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rhen.En ne s'attaquant pas assez à la dépense publique
Enfin, beaucoup d'observateurs estiment également que François Hollande s'est fourvoyé en refusant de baisser massivement la dépense publique. Certes, le gouvernement rappelle que 80% du budget 2014 reposera sur des baisses de dépenses, à hauteur de 15 milliards d'euros. Mais aux yeux de Bruxelles, ce ne sera pas suffisant : pour rentrer dans les clous, la France devra faire coûte que coûte davantage d'économies. 
"Il n'y a pas d'autres solutions que d'agir plus sur la dépense. On se demande dans quelle langue il faut le dire en France !", s'impatiente l'ancien ministre centriste du Budget Alain Lambert, dans un entretien à francetv info.
Bernard Cazeneuve, lui, prépare les esprits. En plein ras-le-bol fiscal, le gouvernement a promis aux Français qu'il n'augmenterait plus les impôts. En 2015, la France fera donc à nouveau des économies à hauteur de "15 milliards au moins. Et s'il est nécessaire de faire plus, nous le ferons", prévient le ministre du Budget. Mais la marge de manœuvre reste étriquée. Sur quels domaines faire des économies ? Et avec quels impacts sur le quotidien des Français ? Sur ces questions, l'exécutif reste peu prolixe.
D'autant que si François Hollande avait promis que le premier temps du quinquennat serait celui "des efforts", il avait ajouté que viendrait ensuite le temps de la"redistribution des efforts". Les perspectives actuelles laissent penser que ce deuxième temps devra être repoussé. Avec un risque principal pour François Hollande : voir sa cote de popularité s'enfoncer un peu plus.






Le renouvellement, ce n'est pas maintenant !

Charlotte Chaffanjon, journaliste au "Point", estime que la classe politique a bien du mal à se renouveler. La culture du chef est ancrée dans les mentalités.

France Inter : Vous estimez ce matin que la classe politique française a décidément bien du mal à se renouveler...
Charlotte Chaffanjon : Oui. Voyez la journée d'hier. On commence avec le grand come-back de François Bayrou. Le mariage entre sonMoDem et l'UDI de Jean-Louis Borloo, c'était un peu la renaissance de l'UDF. On s'attendait presque à voir Valéry Giscard d'Estaing officier la cérémonie. Et puis, le soir, Direct 8 a diffusé un documentaire sur Nicolas Sarkozy qui nous a plongés au coeur de la campagne de 2012.
Mais Nicolas Sarkozy n'est pas vraiment un revenant...
C'est vrai, il n'a jamais quitté la scène. Pas toujours pour des raisons positives. Je pense à l'affaire Bettencourt ou à l'affaire Tapie. Et puis, ses comptes de campagne mal ficelés ont coûté 11 millions d'euros à l'UMP ! Mais ce n'est pas ça qui stoppe une carrière politique en France. Au contraire : Sarkozy apparaît comme le sauveur d'une droite à la dérive. C'est magique ! Et le plus savoureux, c'est que c'est lui qui était le plus sage au soir de sa défaite. Nicolas Sarkozy avait parlé à Édouard Balladur et à Carla Bruni le 6 mai 2012. Des propos diffusés hier soir sur D8 : "Le recours, je n'y crois pas, ça n'existe pas. Et puis alors, ça vous fout la vie en l'air !" Un an et demi après, oubliées les belles paroles ! Il fera tout pour être candidat en 2017. Imaginez, c'est comme si, aux États-Unis, George Bush s'était présenté face à Barack Obama pour récupérer son siège, et avant comme si Bill Clinton avait tenté de battre George Bush... Tout simplement impensable.
Vous n'exagérez pas un peu ?
Les mentalités évoluent. Il y a fort à parier que Jérôme Cahuzac, ministre du Budget qui avait un compte en Suisse, aura beaucoup de mal à revenir sur le devant de la scène. Mais observons notre classe politique. L'un des rares hommes forts du gouvernement est Laurent Fabius, qui était Premier ministre il y a 29 ans ! Il en a vécu des épreuves, surtout l'affaire du sang contaminé. Et puis celle qui se prend pour le poil à gratter du pouvoir, c'est Ségolène Royal. La même qui promettait le soir de sa défaite en 2007 à ses partisans de les mener "vers d'autres victoires" ! Aussi, à six mois des municipales, dans les Hauts-de-Seine, le combat de Didier Schuller pour la mairie de Clichy-la-Garenne passionne la presse, comme les affres judiciaires de son ancien compère Patrick Balkany, lui en course pour la mairie de Levallois... Bref, si le changement c'est maintenant, le renouvellement ce n'est pas pour tout de suite.
Comment renouveler une classe politique qui n'en a pas envie ?
Par exemple, cet été, des députés du PS ont tenté de faire passer un amendement qui limitait à trois le nombre de mandats consécutifs dans le temps. C'est une idée. Beaucoup déplorent la professionnalisation de la vie politique. Sans métier, une défaite est plus embêtante. Mais on ne peut rien faire contre la culture du chef, presque le culte du chef, tellement ancrée dans nos mentalités. En France, il faut gagner, prendre le pouvoir, être le leader. Si possible en ayant avant été trahi, en ayant souffert, traversé le désert pour prouver son envie. Alors, seulement, on est prêt à guider le peuple. Vous connaissez cet adage : en politique on n'est jamais mort. Il est célèbre. Il est aussi assez vrai

« B.B. éprouvette »

« B.B. éprouvette »


Au stade où nous en sommes, il est permis de se demander de quoi va accoucher l'union entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou. Sans doute d'une sorte de « B.B. éprouvette » né de laborieuses manipulations politiciennes et dont nul ne saurait préjuger de la viabilité. À voir les mines enjouées des géniteurs, hier, à la Maison de la chimie (pour ne pas dire de l'alchimie), ils ne se font aucun souci sur l'avenir de l'Alternative, le nom de baptême déjà affiché. Évidemment, on ne tient pas à gâcher le plaisir des présidents de l'UDI et du MoDem, mais on voudrait être sûr que des querelles de ménage ne viendront pas entraver la croissance du « B.B ».
Et puis, surtout, la naissance de l'Alternative ne fait pas que des heureux dans la famille de l'UMP. Nombreux sont ceux qui reprochent à Jean-Louis Borloo une imprudente mésalliance avec le « traître » Bayrou. Après les sarcasmes un peu méprisants qui ont accueilli l'annonce de ce remariage de la carpe et du lapin, est venu le temps des remarques nettement plus vachardes. C'est que l'émergence d'une force centriste pourrait brouiller les cartes aux dépens de l'UMP, notamment lors des prochaines européennes.
Après tout, l'initiative de Borloo et Bayrou a ceci de salutaire qu'elle remet en cause les comportements hégémoniques de l'UMP et du PS, installés dans le confort de la bipolarité et fermés à toute ouverture. Notre vie politique, taraudée par la tentation des extrêmes, a besoin d'un recentrage autour de valeurs transversales. L'Alternative parviendra-t-elle à casser la logique de la mécanique réductrice de l'alternance gauche-droite ?
Ce sera d'autant plus difficile qu'il reste à savoir si le centre restera au centre ou penchera à droite. Il y a des alliances qui paraissent plus naturelles à Borloo qu'à Bayrou. Elles sont pourtant déterminantes dans notre système électoral lors de la présidentielle. À moins, bien sûr, que l'obstiné Béarnais ne dissimule sous de belles paroles sa secrète envie d'une quatrième candidature à l'Élysée. Auquel cas ce « B.B. éprouvette » n'aurait servi qu'à nourrir un plan B… comme Bayrou.

Sénat : non à la réforme des retraites


346 voix contre, 0 pour ! Fait tout à fait exceptionnel et première dans l’histoire parlementaire, les 346 sénateurs ontTOUS voté contre la version du texte entièrement réécrit pendant plus d’une semaine de débat. Même les élus socialistes se sont opposés au projet.
Mais, a justifié le président du groupe PS François Rebsamen, « le texte tel qu’il a été modifié par la droite du Sénat était devenu inacceptable ». Droite et gauche ont rejeté la réforme des retraites mardi au Sénat, pour des raisons opposées. Les sénateurs avaient notamment adopté un amendement centriste créant un système de retraite par points, allant à l’encontre du système par répartition défendu par le gouvernement et la gauche. Ils avaient aussi rejeté ses deux dispositions phares, l’allongement progressif de la durée de cotisations et la création d’un compte pénibilité.
La grande pagaille
Le gouvernement, qui dispose normalement d’une faible majorité de gauche au Sénat, n’en a pas sur les retraites, le Front de gauche étant vivement hostile à cette réforme pour des raisons opposées à celles de la droite et du centre.
« C’est quasiment une première dans l’histoire parlementaire de voir un texte qui fait l’unanimité contre lui », a lancé le centriste Hervé Morey. « Vous allez pouvoir, Mme la ministre, entrer dans le livre des records », a-t-il ironisé à l’adresse de Marisol Touraine.
« Hollande ne tient ni sa majorité, ni son gouvernement, il ne tient plus rien. Jusqu’à quand pourra-t-il durer ? », a tweeté le maire de Nice Christian Estrosi. « Quelle nouvelle image de désordre donnée par ce Gouvernement et d’agitation à gauche » a renchéri Eric Ciotti.
Pour le communiste Dominique Watrin (CRC, communiste, républicain et citoyen), « si c’est d’un échec qu’il faut parler, c’est d’abord celui du gouvernement qui s’est obstiné sans écouter les propositions qui lui étaient faites. Il était possible de faire autrement en musclant notre système de répartition, par exemple en taxant les transactions financières ».
D’emblée, le groupe CRC avait annoncé qu’il s’opposerait à la réforme, lui reprochant d‘être financée par les salariés avec l’allongement de la durée de cotisations.
« Le triangle des Bermudes du gouvernement »
« Ce qui résulte de notre débat, c’est un projet déchiqueté sans aucune cohérence », a constaté Jean Desessard (Ecologiste). Son groupe s‘était prononcé contre les deux principales mesures de financement voulues par le gouvernement : l’allongement de la durée de cotisations, et le report de six mois de la revalorisation annuelle des retraites.
Le groupe RDSE, à majorité PRG, qui « appelle de ses vœux une réforme systémique et le passage à un système par points », ne pouvait approuver ce texte « très loin d’une réforme cohérente », a expliqué Françoise Laborde.
Pour Jean-Noël Cardoux (UMP), « tous les problèmes de fond n’ont pas été abordés, au contraire » : « Nous avons pu corriger en partie ce que nous considérions comme pas profitable dans le texte, nous avons voté des éléments
positifs, mais malgré cela, nous ne sommes pas allés assez loin. »
« L’adoption de l’amendement centriste créant un système de répartition par points ouvre la porte à un régime universel et par points mais notre amendement voté, le projet de loi n’avait plus de sens parce que nous étions dans deux logiques différentes », a relevé Gérard Roche (UDI) : « On a souvent accusé le Sénat d‘être “le triangle des Bermudes” du gouvernement. En vérité, le problème ne vient pas du Sénat, il vient des textes qui lui sont proposés. »
L’Assemblée nationale, qui a constitutionnellement le dernier mot, devrait procéder à la lecture définitive de la réforme fin novembre-début décembre.